La semaine de travail de 48 heures peut-elle être une bonne idée ?
« Vous pouvez voir les choses de deux manières. Le principal problème que j’entends de la part des employeurs est qu’ils ne trouvent pas suffisamment de personnes pour pourvoir les postes vacants. La proposition de Van Quickenborne vise à répondre à ce besoin. Si vous parvenez à inciter les employés à travailler plus d’heures, vous n’aurez peut-être pas besoin de rédiger de nouveaux postes vacants.
« En plus, c’est une compensation pour le système des flexi-jobs : on ne peut les faire que chez un autre employeur. Lorsqu’il s’agit de rémunération pour ce travail, le brut est presque égal au net. Mais si vous faites des heures supplémentaires pour votre propre patron, ce n’est pas le cas. Cette proposition permet de gagner des heures supplémentaires auprès de son propre employeur et d’en tirer davantage, car les heures supplémentaires deviennent fiscalement intéressantes.»
Pourquoi les libéraux proposent-ils cette proposition maintenant?
«C’est un Van Quickenborne vintage. Il a trouvé de quoi se positionner à contre-courant du PS qui proposait auparavant de limiter la durée hebdomadaire du travail à 32 heures tout en maintenant les salaires mensuels. Van Quickenborne souhaite ainsi rencontrer les entrepreneurs qui constituent les supporters naturels d’Open Vld. Dans le même temps, il souhaite également créer quelque chose qui donnerait aux employés plus de liberté pour effectuer des heures supplémentaires s’ils le souhaitent. Car, soyons clairs, ces heures supplémentaires ne sont pas obligatoires. »
Les syndicats, y compris libéraux, rejettent cette proposition. Ont-ils un point?
«Je les comprends. Vous créez un système dans lequel les employés peuvent gagner de l’argent supplémentaire. Mais on peut également se demander si des semaines de travail aussi longues n’augmentent pas le risque d’épuisement professionnel à long terme. Nous savons grâce à des recherches que le fait de travailler à temps partiel ou à temps plein n’a en principe pas d’importance. Mais le risque d’épuisement professionnel augmente si vous travaillez plus qu’à temps plein pendant de longues périodes.
« Est-ce une mesure intelligente ? Je ne le pense pas, car cela comporte des dangers. Dans le même temps, les salariés belges ne travaillent pas trop peu d’heures. Ils effectuent souvent des heures supplémentaires parce qu’ils veulent, par exemple, avoir une chance d’obtenir une promotion. On constate que les salariés ayant un emploi à temps plein travaillent désormais en moyenne 40,5 heures au lieu de 38. »
La proposition ne peut-elle pas aider avec les nombreux postes vacants ?
« Cela ne résout pas le vrai problème. Dans notre pays, 1,3 million de personnes âgées de 25 à 64 ans ne travaillent ni ne recherchent d’emploi. En Europe, seuls quatre pays comptent plus de personnes hors du marché du travail : l’Italie, la Croatie, la Roumanie et la Grèce. Faire quelque chose à ce sujet est beaucoup plus difficile. Je compare la situation à un toit qui fuit de tous côtés. D’importants travaux sont nécessaires pour le restaurer. Mais que fait le gouvernement ? Mettez des seaux. Cette proposition est aussi un tel seau.
« Si vous parvenez à faire entrer des personnes inactives sur le marché du travail, vous gagnerez deux fois. Vous n’avez plus à leur payer de prestations et vous prélevez des impôts sur leurs salaires. Mais avec cette proposition, vous encouragez ceux qui travaillent déjà à en faire encore plus. Parce qu’elle serait proposée à des conditions avantageuses, cette mesure n’apporterait que peu d’avantages à la sécurité sociale. En fait, si davantage de personnes abandonnaient leurs études pour cause d’épuisement professionnel, cela pourrait même coûter de l’argent à la sécurité sociale.
« Il serait plus logique d’utiliser celui existant chalets et réduire les coûts de main-d’œuvre grâce à une réforme majeure. Le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) n’y est pas parvenu. Avec une telle réforme, il faut penser à une TVA plus élevée ou à un impôt sur les plus-values. Et bien entendu, les libéraux ne veulent pas en savoir plus.»