Une énigme indéchiffrable que va révéler la commissaire Valentina Médicis, la cadette du FBI italien : le délire artistique d’un visionnaire fou dans un thriller dont il est difficile de sortir


tun enfant parvient à se libérer d’un sombre ravissement. Un autre, à des kilomètres de là, il est arraché des mains de son père. Ils ont en commun une similitude extraordinaire, ils ressemblent à des jumeaux, mais il n’y a pas de parenté entre eux. Une histoire très noire, une piste qui, au début, mène aux criminels qui parcourent le dark web, cette zone du réseau où le mal prend des formes monstrueuses. Pour démêler l’écheveau Valentina Medici, la plus jeune enquêteuse du SCO, le Service central des opérations de police. Prise un peu à la légère, peut-être parce qu’elle est jeune, peut-être parce qu’elle est une femme, elle mènera l’enquête à quelque chose d’inimaginable, une frénésie artistique déclenchée par un tueur en série. Et il saura l’arrêter.

La condamnation des vivants par Marco De Franchi, Longanesi, p. 576, 18,60 euros

Un thriller classique, le classique tourner la page que vous collez au fauteuil. A contre-jour, dans les actions des personnages, on peut lire l’expérience de l’auteur, Marco De Franchi, 35 ans dans la police d’investigation et sept dans le Sco.

Commençons par là : qu’est-ce que Sco ?
Et le Service opérationnel central. Fondée en 1988, en plus du crime organisé, elle s’occupe de coordonner les activités d’enquête sur le territoire, surtout lorsque l’enquête dépasse les frontières de la province. J’ai presque toujours eu affaire au trafic de drogue, à des activités anti-drogue sous couverture, puis à partir de là, j’ai évolué vers des crimes de droit commun, y compris des homicides.

C’est notre FBI ?
Oui, à tel point que le FBI a été pris comme modèle. Bien sûr, il existe une législation qui sépare les compétences étatiques et fédérales. Nous n’avons pas cette division.

Les exigences de l’enquêteur?
Beaucoup de sensibilité et de patience. C’est pourquoi les femmes sont souvent les meilleures, elles ont un spectre d’analyse plus large que le nôtre.

Marco De Franchi était commissaire en chef de la police au SCO, le bureau d'enquête le plus proche du FBI.

Marco De Franchi était commissaire en chef de la police au SCO, le bureau d’enquête le plus proche du FBI. Photo: © Lorenzi Lanari

Les femmes c’est mieux, oui, mais alors les places sont occupées par des hommes…
Je ne pense pas que les femmes soient toujours meilleures en tant que telles. Cependant, dans le domaine des investigations, une sensibilité particulière est nécessaire. Un enquêteur masculin, pour arriver à la solution d’un cas, passe par 100 étapes, l’une après l’autre. Une femme fête ses 1000 ans, du moins les bonnes que j’ai rencontrées. Ils semblent s’étirer, mais à la fin vous découvrez qu’ils ont raison car ils ne laissent rien au hasard. C’est une approche différente qui peut aussi être reproduite par un homme, mais évidemment c’est plus instinctif pour les femmes. Ils sont plus pointilleux, parfois il faut prendre des raccourcis, mais parfois il faut faire 1000 pas.

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Dans le roman, quelques fouilles à la magistrature d’instruction arrivent…
Il y a de mauvais magistrats qui ont donné de mauvaises directives à de grands enquêteurs, policiers ou carabiniers, ruinant ainsi les enquêtes. Et il y en a aussi des bons qui ont donné d’excellentes procurations, j’en ai rencontré plusieurs. Ça dépend.

Le charme du tueur en série

Pourquoi avez-vous choisi un rôle féminin ?
Cela m’est venu naturellement. Dans cette histoire, il va dans les aspects bruts du mal, j’avais besoin d’un large éventail d’émotions et de sensibilités.

D’où est venue l’idée de la ressemblance entre les deux enfants kidnappés ?
Au début, je voulais induire le lecteur en erreur en lui faisant penser au crime d’un pédophile. En réalité, le délire meurtrier fait de nombreuses victimes.

Qu’est-ce que la peinture du Caravage a à voir là-dedans ? Concert des jeunes?
Je ne suis pas spécialiste mais mon père était professeur d’histoire de l’art, j’ai vu beaucoup d’oeuvres. S’il faut parler du clair-obscur de l’âme humaine, Caravage les regarde tous. La peinture m’a amené dans l’histoire que je voulais écrire.

N’en avons-nous pas marre des tueurs en série ?
Peut-être. Mais pour une histoire qui enquête sur le côté obscur de l’esprit, il n’y a rien à faire, la figure du psychopathe qui tue est la plus correcte. Vous essayez d’être aussi original que possible, mais le but est de trouver quelqu’un qui est assez mauvais pour faire des choses incroyables.

Question à l’écrivain et à l’enquêteur : les tueurs sérieux qui font tant de victimes pour une vision délirante semblent une particularité américaine. Y a-t-il une raison pour laquelle il n’y en a pas en Italie ?
C’est une fausse perception. Évidemment, le tueur en série que j’ai construit devait être excessif, étant un roman. Mais il y a quelques années, j’ai entendu parler de la présence possible en Italie d’au moins 30 tueurs en série opérationnels dont personne ne connaissait l’existence. Un tueur en série peut aussi être quelqu’un qui tue une seule personne puis part à la recherche d’une autre dans les mêmes conditions, celles qui peuvent satisfaire son projet. Les psychopathes homicides américains ont des éléments frappants mais si vous faites la proportion entre les populations américaine et européenne, l’Italie est en tête des statistiques. Selon les chiffres officiels, il y a au moins 7/8 de tueurs en série. Le monstre de Florence, par exemple, en termes de nombre de victimes et de type de crime ressemble et surpasse les criminels américains. À tel point que, selon une hypothèse d’enquête, il a été dit que ce pourrait être le célèbre Zodiac qui a déménagé en Toscane depuis l’Amérique.

Et la vulgate qu’ils sont des gens très intelligents ?
Des cas très rares. En Italie comme en Amérique, ils sont capturés pour avoir commis des bêtises.

Nous pouvons être rassurés…
Peut-être…

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