Une crise bouillonne également au niveau fédéral, avec les problèmes d’asile comme pomme de discorde


Le squat de la Paleizenstraat est peut-être vide, mais les problèmes d’asile en cours provoquent de vives tensions au sein du gouvernement De Croo. « C’est la guerre ouverte.

Jérôme Van Horenbeek et Stavros Kelepouris

Lot 10.676 : une imprimante noire. Prix ​​de départ : 5 euros. Lot 10.685 : une chaise vert menthe (avec quelques taches). Prix ​​de départ : 100 euros. Lot 10.699 : deux tables blanches. Prix ​​de départ : 80 euros. Lot 10.683 : trois canapés bleus et une table d’appoint. Prix ​​de départ : 300 euros.

Vendredi après-midi, la vente publique d’une partie du contenu de Fedasil, le service gouvernemental chargé de l’accueil des demandeurs d’asile, a débuté. Le produit de cette vente aux enchères en ligne sera distribué aux demandeurs d’asile avec une peine continue.

Cette vente est un point bas symbolique dans les semaines particulièrement difficiles que traverse la secrétaire d’État fédérale à l’Asile Nicole de Moor (cd&v).

Tout n’est pas de sa faute. L’évacuation chaotique du squat de la Paleizenstraat, par exemple, est largement imputable à Bruxelles. Mais il devient de plus en plus difficile d’échapper à l’image d’un secrétaire d’Etat qui n’a plus le dossier d’asile sous contrôle. Il semble que De Moor grandisse au-dessus de sa tête. Et il n’y a pratiquement aucun soutien de la part de ses collègues du gouvernement.

Tabous de gauche, tabous de droite

Vendredi matin, De Moor a présenté des mesures au sommet gouvernemental – pour la vingtième fois – pour limiter l’afflux de demandeurs d’asile et augmenter l’exode des demandeurs d’asile. « Nous n’y arriverons pas avec un seul abri », tel est son mantra depuis un certain temps maintenant. Jusqu’ici sans grand succès. Au sein du gouvernement, les tabous de la droite continuent de l’emporter sur ceux de la gauche, et inversement. Par exemple, PS et Ecolo ne veulent pas connaître la dissuasion (trop) dure.

Les tensions ne cessent de monter au sein du gouvernement fédéral. Certes, à gauche, les gens se sentent de plus en plus appelés à prendre leurs distances avec la politique d’asile. « Nous sommes apparemment les derniers défenseurs des droits de l’homme. Si nous l’arrêtons, nous laisserons le soin à des forces moins préoccupées par les droits de l’homme », a déclaré le coprésident de Groen, Jeremie Vaneeckhout, dans une interview du week-end avec ce journal.

Demandeurs d’asile dans la rue à Bruxelles.Image Tim Dirven

Fait révélateur de la montée des tensions : jeudi soir, le ministère de la Défense, dirigé par Ludivine Dedonder (PS), publiera des chiffres sur le nombre important de places d’accueil inoccupées dans les casernes belges. 365 au total. Ce qui soulève immédiatement la question : pourquoi n’ont-ils pas été utilisés lors de l’évacuation de la Paleizenstraat ?

Vendredi matin, De Moor envoie un communiqué de presse enflammé selon lequel le ministère de la Défense donne une représentation complètement fausse des faits. Ces lieux ne sont pas « gratuits ». « Je n’accepte pas la critique selon laquelle les refuges restent inutilisés », écrit-elle.

« C’était un règlement purement politique du PS », répond une source bien informée. « C’est une guerre ouverte entre les partis au pouvoir, et ça empire. Le PS avait encore un compte à régler avec le Premier ministre et De Moor parce qu’ils ont critiqué Bruxelles cette semaine.

Pression

La pression est également augmentée de l’extérieur. Par l’opposition – bien sûr. « Que le produit de la vente publique soit distribué aux demandeurs d’asile avec une peine continue est un dangereux précédent. Car si cette nouvelle circule en Europe, elle créera sans aucun doute un effet d’attraction encore plus important vers la Belgique », déclare le député Theo Francken (N-VA).

Des ONG telles que Refugee Work Flanders, Civic Platform, Médecins sans frontières et Médecins du monde soulignent qu’il existe des « solutions réalisables » à la crise de l’asile.

« Par exemple, l’hébergement d’urgence dans les hôtels, mais aussi l’activation d’un plan de répartition obligatoire des demandeurs d’asile dans les 581 communes de ce pays. À l’heure actuelle, il y a environ 3 000 personnes sur la liste d’attente pour une place d’accueil. Si chaque municipalité devait héberger cinq demandeurs d’asile, cette liste d’attente serait rapidement éliminée », indique-t-il.



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