Une biographie romancée de sa famille qui vivait au Caire. Les protagonistes sont avant tout des femmes qui affrontent avec courage les séismes de leurs destins


Aldo Cazzullo (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

tun fois le Moyen-Orient, contrairement à ce que chantait Fossati, jouissait d’une grande fortune. Nous sommes allés en Égypte pour interviewer Moubarak ou pour parler de ses problèmes.

Maintenant je suis de retour en vacances. Avec un livre dans la valise. Un mémoire adressé au passé mais aussi une inspiration pour le futur. La maison sur le Nil (Neri Pozza) de Denis Pardodans son premier roman, est une biographie romancée de sa famille qui vivait au Caire où elle est elle-même née.

Le livre contient de nombreuses lectures transversales et de nombreuses fascinations. L’histoire d’une capitale et d’une société cosmopolite, avec ses rites, ses cafés, ses grands hôtels, ses maisons sur le Nil, et ses mythes : espions, courtisans, pianistes légendaires, francs-maçons indiens, incontournables des artistes et maîtres du monde. Un véritable modèle d’intégration dans lequel différentes cultures, nationalités et religions coexistaient dans une alchimie paisible et magique.

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Mais aussi l’histoire quotidienne d’une famille aux multiples racines, sépharade et ashkénaze, qui devra quitter la lumière du Caire pour se réfugier à Rome inséré dans le cadre de la grande histoire.

Le règne de Faruq, la Révolution des Officiers Libres, la crise de Suez, la montée en puissance de Gamal Abdel Nasser qui ferme à jamais les portes de l’Egypte aux étrangers. C’est la fin du colonialisme et l’embryon de ce que deviendra le Moyen-Orient.

« La maison sur le Nil » de Denise Pardo (Neri Pozza).

Dans le livre les protagonistes sont avant tout des femmes qui affrontent avec courage les séismes de leur destin. Fanny, la mère de Denise, belle et capable de prendre un risque qui peut s’avérer fatal. Kate, l’amie anglaise au centre d’une histoire d’amour tourmentée avec Mohammed Hafez, l’un des conseillers de Nasser.

Bobe, la grand-mère cultivée et viscérale qui parle à sa fille Fanny en yiddish, la langue des secrets pour ne se faire comprendre de personne.

Mireille Baranes, chrétienne-maronite libanaise très riche, amoureuse du pouvoir, le pouvoir d’influer sur la vie des autres, le seul accordé aux femmes à l’époque bien que l’Égypte ait connu l’un des mouvements féministes les plus importants du siècle dernier.

La maison sur le Nil c’est une belle histoire d’une époque perdue et peu racontée mais très séduisante d’une société kaléidoscopique à l’ombre des pyramides.

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