Un tiers des programmes de subventions agricoles peuvent nuire à la biodiversité


Douze programmes de subventions en faveur de l’agriculture néerlandaise pourraient avoir des conséquences néfastes sur la biodiversité. Cela ressort clairement d’un analyse récente de l’Agence néerlandaise des entreprises (RVO) commandé par le ministère de l’Agriculture, de la Nature et de la Qualité alimentaire (LNV).

Le RVO a examiné 34 programmes agricoles – depuis l’aide au revenu des agriculteurs jusqu’aux subventions pour les techniques innovantes d’étable et la conservation des prairies. L’effet de chacun a été évalué sur la nature et la biodiversité, la variété des plantes, des animaux et des champignons. Le service, une agence du LNV et des Affaires Économiques, utilise quatre catégories : éventuellement positif, protecteur, neutre et éventuellement nuisible. Douze programmes de subventions, représentant au total plus d’un milliard d’euros sur une base annuelle, entrent dans cette dernière catégorie.

Le gouvernement travaille en fait contre lui-même avec ces subventions. Le cabinet Rutte IV a prévu 24,3 milliards d’euros jusqu’en 2035 pour le « fonds azote », destiné à rendre l’agriculture plus durable et à promouvoir la biodiversité.

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Mise à l’échelle

La plupart des réglementations qui peuvent être néfastes encouragent l’intensification agricole. Ils favorisent la croissance de l’exploitation agricole. C’est mauvais pour la biodiversité, car le nombre d’animaux élevés et la production augmentent souvent. Par exemple, une grande partie des aides au revenu va encore aux agriculteurs – plus de 400 millions d’euros cette année – ce qui fait grimper les prix des terres et les loyers. Selon les chercheurs, cela conduit à une augmentation d’échelle.

Le soutien financier à l’innovation technique dans les écuries et les serres conduit également à une intensification et a donc un impact négatif sur la nature. Les agriculteurs qui reçoivent cette subvention doivent co-investir. Parce qu’il s’agit souvent de dizaines de milliers d’euros qu’ils doivent récupérer, cela pousse encore plus la production et l’intensification, selon les chercheurs.

Au total, 34 programmes agricoles ont été examinés, depuis l’aide au revenu aux agriculteurs jusqu’aux subventions aux techniques de logement innovantes et à la conservation des prairies.

Ils émettent également des réserves sur une réglementation visant à empêcher l’utilisation des prairies pour la culture du maïs. De grandes surfaces de maïs ne sont pas bonnes pour la biodiversité, affirment les chercheurs, mais la réglementation rend difficile le passage de l’herbe à une culture plus variée.

Axé sur la sécurité alimentaire

Les chercheurs notent que certains programmes, comme ceux d’aide au revenu, remontent à une époque où l’Europe se préoccupait de la sécurité alimentaire. Dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, l’accent a été mis sur la modernisation de l’agriculture et sur une production alimentaire élevée pour prévenir la faim. Moins d’attention a été accordée aux conséquences sur l’environnement et la biodiversité. Entre-temps, écrivent les chercheurs, il existe également d’autres priorités : le climat, la nature et la qualité de l’eau.

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Il est frappant de constater que le ministère de l’Agriculture vient tout juste d’examiner de manière approfondie ses subventions afin d’en déceler les effets secondaires. Les Pays-Bas sont confrontés à une crise de l’azote depuis 2019, après que le Conseil d’État a jugé que les gouvernements étaient trop généreux en autorisant les émissions d’azote. Le secteur agricole est responsable d’une grande partie de ces émissions. Les Pays-Bas ont également signé un traité des Nations Unies sur la biodiversité en 2011. L’un de ses objectifs est de mettre fin ou de rendre plus écologiques les programmes de subventions préjudiciables à la biodiversité.

Le ministre sortant Van der Wal (Nature et Azote, VVD) a transmis à la Chambre des représentants l’étude RVO et qualifie ses conclusions de « résultat sérieux ». Dans sa lettre, elle écrit que les 34 projets seront examinés plus en profondeur.

Dans le même temps, elle souligne que les recherches montrent également que l’impact négatif d’un certain nombre de programmes a déjà diminué ces dernières années, par exemple en réduisant les prestations si des animaux supplémentaires sont élevés. Les subventions nuisibles à la nature et à la biodiversité doivent être ajustées ou supprimées « avant 2030 », selon Van der Wal.



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