Un oiseau nommé d’après un propriétaire d’esclaves ou un pilleur de tombes ? Ce n’est plus possible, pensent-ils en Amérique

De nombreux noms d’oiseaux américains portent le nom de leur découvreur occidental. Il n’est pas rare que ces homonymes aient un passé colonial douteux, comme celui du Moineau de Bachman ou la L’aigle de Verreaux. Aux États-Unis, 263 noms d’oiseaux controversés sont en train d’être modifiés.

Sébastien Grosscurt

« Vous ne pouvez être véritablement et mondialement connu que si quelqu’un donne votre nom à un fuchsia », a chanté triomphalement le comédien néerlandais Herman Finkers lorsqu’il a reçu cet honneur. Le fuchsia Herman Finkers ne fait pas exception.

Il est courant que le découvreur d’une espèce – dans le cas du fuchsia, l’obtenteur – puisse également la nommer. Mais aux États-Unis, l’American Ornithological Society abolit désormais rétroactivement la pratique des titres honorifiques. Beaucoup de ces personnes ont un passé colonialiste ou raciste, conclut l’association des ornithologues amateurs. Au total, l’association a en ligne de mire 152 noms d’oiseaux nord-américains et 111 sud-américains.

Tomb Raider

En Belgique, les oiseaux portent généralement le nom de leur couleur (rouge-gorge), de leur habitat (paruline des carex) ou de leur son (pouillot). La situation est différente en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Là, les explorateurs occidentaux ont introduit les animaux et les plantes dans le monde scientifique, leur donnant souvent leur nom, celui de leur bailleur de fonds ou d’un ami.

Considérons, par exemple, le Moineau de Bachman. Le bruant des pins, comme on l’appelle en néerlandais, porte le nom de John Bachman, pasteur amoureux de la nature, mais aussi propriétaire d’esclaves et fervent opposant à l’abolition de l’esclavage.

L’ornithologue Jules Pierre Verreaux a plusieurs oiseaux à son actif, mais on se souvient surtout de son vol de tombe effrayant. En 1830, il vola le corps d’un guerrier tswana récemment enterré dans l’actuel Botswana pour le monter et l’étudier.

Plus coloré

Les faits historiques ne sont pas nouveaux, mais la résistance grandit contre les éponymes controversés, comme on appelle ces titres honorifiques. De plus, la population ornithologique elle-même est devenue plus colorée. Les ornithologues amateurs ne peuvent plus ignorer l’histoire coloniale et raciste des éponymes, selon les quatre fondateurs de Bird Names for Birds. Les noms d’oiseaux doivent désigner l’oiseau et non celui qui l’a découvert. En 2020, des ornithologues amateurs inquiets ont lancé une pétition pour dénoncer publiquement les « vestiges potentiellement désobligeants, oppressifs ou simplement non pertinents dans les noms d’espèces anglais ».

L’American Ornithological Society a alors décidé de créer un comité de dénomination des oiseaux. Mercredi dernier, ils ont adopté intégralement l’avis de cette commission : tous les éponymes disparaîtront. L’association veut rester à l’écart du débat normatif sur la gravité des actions d’un homonyme et décide donc de remplacer tous les éponymes par des noms qui « prêtent attention aux caractéristiques uniques et à la beauté des oiseaux eux-mêmes ».

Courlis esquimau

Un nouveau comité se chargera de ce processus dans les années à venir et examinera d’autres noms exclusifs. Le courlis esquimau (Courlis esquimau) changera très probablement de nom, car ce nom insulte les Inuits. Également du puffin à pieds de chair le changement de nom se poursuivra. Parce que toutes les peaux humaines ne ressemblent pas aux pattes rose saumon de ce puffin australien. Grâce à cela, l’association américaine espère que chaque ornithologue amateur pourra admirer les oiseaux sans entrave. « Les oiseaux ont plus que jamais besoin de notre aide. »

En néerlandais, seul le geai flamand a été renommé « geai », plus correct, car il n’avait rien de flamand dans le geai. Pour l’instant, la paruline des bois et le bécasseau de Temminck restent hors de danger.



ttn-fr-31