Un juge interdit les fouilles à nu dans le cadre d’un procès pour terrorisme : « Ensuite, il peut enfin s’agir du contenu »

« Un traitement dégradant, et donc en violation de la Convention européenne des droits de l’homme. Parce que ces recherches ont lieu quotidiennement et systématiquement et qu’on peut s’attendre à ce qu’elles se poursuivent tout au long du processus, qui dure des mois.

Avec cette motivation, le juge des référés bruxellois suit les plaidoiries de six suspects dans le procès d’assises entourant les attentats du 22 mars 2016. Tous les jours à 7 heures du matin, Salah Abdeslam, Mohamed Abrini, Oussama Krayem, Sofien Ayari, Bilal El Makhoukhi , Ali Al Haddad Asufi et Hervé Bayingana Muhirwa se sont réveillés et ont été extraits de leurs cellules à la prison de Haren. Ils devaient se déshabiller et s’agenouiller. Ils ont ensuite subi une fouille corporelle à nu par trois policiers cagoulés. Ce n’est qu’alors qu’on leur a bandé les yeux et qu’on les a conduits dans le véhicule de police.

Sécurité

Au cours des débats, l’avocat Bernard Renson a fait valoir au nom de l’Etat belge que ces mesures sont nécessaires pour garantir la sécurité du processus. Dans la décision, le tribunal suit la Cour européenne, qui a précédemment statué que les fouilles à nu sont possibles dans des circonstances spécifiques, mais uniquement avec une raison spécifique. Ni aléatoire ni systématique. Le bandeau reste autorisé, les fouilles à nu ne le sont pas. Pour chaque infraction, l’État belge risque une amende de 1 000 par détenu, avec un maximum de 50 000 euros.

L’État a désormais un mois pour faire appel, mais en attendant la décision est exécutoire et il semble donc que le procès puisse se poursuivre le 3 janvier en présence des neuf suspects dans le box des accusés. Pour protester contre les fouilles nues, Abdeslam, Abrini et Krayem sont restés absents.

‘Équilibré’

« Si mon client sera à nouveau présent, vous verrez », a déclaré Delphine Paci, avocate de Salah Abdeslam. « Nous sommes maintenant très satisfaits, notamment en raison de la motivation détaillée du juge. Ce que nous disputions n’était – contrairement à ce que nous avions pu lire ici et là – apparemment pas si farfelu après tout. Peu importe l’accusation : un traitement dégradant par les services de sécurité ne peut jamais être légitime dans un État de droit.

« Cela semble être une décision équilibrée », déclare Sanne De Clerck, avocate de l’organisation de victimes V-Europe. « Nous sommes particulièrement heureux que cette discussion soit maintenant réglée et espérons que tout le monde l’acceptera. Ensuite, à partir de maintenant, il peut enfin s’agir du contenu.

Le SPF Justice dit qu’il respectera la décision : « Nous ferons les démarches nécessaires. De plus, nous analyserons en profondeur la décision avec le SPF Intérieur et la police fédérale, tant d’un point de vue juridique en vue d’un éventuel recours, que d’un point de vue sécuritaire.



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