Un groupe métallurgique chinois obtient un répit auprès des banques sur le pari du nickel


Le groupe de métaux chinois Tsingshan a conclu un accord avec ses contreparties bancaires pour résoudre un pari sur le nickel qui a plongé le marché dans la tourmente, ouvrant la voie à la reprise des échanges mercredi à la Bourse des métaux de Londres.

Les banques, dont JPMorgan Chase et Standard Chartered, ont convenu de ne pas liquider la position de Tsingshan ni de faire d’autres appels de marge – des demandes de liquidités supplémentaires pour couvrir les pertes.

L’accord de statu quo donnera aux deux parties le temps de conclure un accord sur une nouvelle facilité de crédit garantie que le plus grand producteur mondial d’acier inoxydable pourra utiliser pour sa «marge de nickel et ses exigences de règlement».

Dans une rare déclaration publique, la société privée a déclaré qu’une « caractéristique intégrale » de l’accord était une « disposition pour que les positions de couverture existantes soient réduites par le groupe Tsingshan de manière juste et ordonnée à mesure que les conditions anormales du marché se résorbent ».

Plusieurs personnes au courant des discussions ont déclaré que les contreparties bancaires étaient prêtes à fournir une facilité de crédit garantie en raison de la solidité des activités de Tsingshan, qui bénéficieront des prix élevés des métaux. Parmi les autres contreparties bancaires au pari démesuré du groupe sur le nickel figurent les prêteurs chinois ICBC et China Construction Bank.

La Bourse des métaux de Londres a suspendu les transactions sur le nickel mardi dernier et annulé les transactions après que son contrat de référence a doublé pour atteindre un record supérieur à 100 000 dollars la tonne, mettant un terme au commerce mondial du métal.

Tsingshan a été au centre d’une flambée des prix du nickel après que son pari que les prix chuteraient est entré en collision avec un rallye du métal déclenché par la guerre en Ukraine, l’obligeant à acheter des contrats liés au métal en gros volumes.

La taille de la position n’a pas été divulguée, mais Tsingshan faisait face à des milliards de dollars de pertes potentielles lorsque les échanges ont été interrompus, ont déclaré des personnes connaissant la situation. La position était détenue à la fois en bourse et hors bourse sur le marché des dérivés de gré à gré (OTC).

Le LME prévoit de reprendre les échanges à 8 heures du matin mercredi et introduira des limites de prix quotidiennes pour tous ses métaux, y compris le nickel. Les membres seront également invités à divulguer toutes les positions OTC en nickel supérieures à 100 lots jusqu’à nouvel ordre.

« Le LME note en particulier qu’un gros client du marché a maintenant publié des détails concernant le soutien d’un consortium bancaire, ce qui pourrait suggérer que le potentiel de nouvelles conditions désordonnées pourrait être atténué », a indiqué la bourse dans un communiqué.

Le nickel est utilisé pour fabriquer de l’acier inoxydable, mais son marché qui connaît la croissance la plus rapide est celui des batteries qui alimentent les véhicules électriques.

De nombreux courtiers de petite et moyenne taille qui agissent comme intermédiaires pour les clients négociant des métaux surveillent de près la capacité de Tsingshan à répondre à ses appels de marge. Si la société ne peut pas répondre à ces demandes et est fermée sur ses positions, beaucoup seraient également confrontés à d’importants appels de marge de leurs banques et du LME qu’ils craignent de ne pas pouvoir satisfaire.

Tsingshan est contrôlé par le magnat des métaux Xiang Guangda. Sous sa direction, l’entreprise est passée du statut de petit producteur d’acier inoxydable dans la ville côtière de Wenzhou au milieu des années 2000 à celui de loin le plus grand producteur de l’industrie.

C’est également le plus grand producteur mondial de minerai de nickel de fonte brute – une alternative peu coûteuse au nickel raffiné – et souhaite établir une présence dans le nickel de qualité batterie.

Xiang a commencé à amasser sa position courte vers la fin de l’année dernière lorsque les prix ont commencé à remonter en raison de la demande des constructeurs automobiles.

Comme d’autres matières premières, le nickel a été bouleversé par la guerre en Ukraine, les prix augmentant par crainte que les approvisionnements en provenance de Russie – le plus grand producteur mondial de nickel de haute qualité – ne soient perturbés par les sanctions occidentales contre Moscou.

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