Un Français cultive une huître en forme de cœur après avoir été ému par un beau cadeau d’amour : « Je n’ai pas besoin de gagner de l’argent avec ça, il faut que ce soit quelque chose de beau »


De toute façon, les huîtres sont souvent associées à l’amour. Mais en France, il existe une huître très particulière sur le marché : celle en forme de cœur. L’huître spéciale n’est vendue que le jour de la Saint-Valentin et en quantité limitée. C’est ainsi que le veut le créateur Christophe, sa création doit et sera «une histoire d’amour» rester.

« Cela devait être il y a une quinzaine d’années », raconte l’ostréiculteur Christophe Guinot. «J’ai rencontré une femme et je suis tombé amoureux d’elle. Nous étions tous les deux ostréiculteurs. Un jour, elle est venue me voir et m’a offert un cadeau : une huître qu’elle avait trouvée en forme de cœur. Cela m’a touché. J’ai fondu. L’huître était si belle, si petite aussi, seulement 4 ou 5 centimètres. Et puis cette forme de cœur : le fait que mon proche me l’ait offert m’a ému. C’était le début de notre romance. J’ai épousé cette femme.

Partager des sentiments

Guinot gardait et chérissait son huître d’amour. Au fil du temps, il s’est dit : pourquoi ne ferais-je pas des huîtres comme celle-ci pour d’autres couples amoureux ? « Je pensais que c’était un très beau geste de la part de mon proche : je voulais partager ça », dit-il. « J’espérais que les gens ressentiraient ce que j’ai ressenti quand je l’aurais reçu. » Le Français est issu d’une famille d’ostréiculteurs. « Déjà trois générations ! », dit-il fièrement. « Mes parents étaient sur la côte atlantique. Je vis et travaille ici à Leucate, dans le sud de la France. La ville portuaire est située au bord de la mer Méditerranée.

Le Français Christophe Guinot montre ses huîtres en forme de cœur. © ANP / AFP/Raymond Roig

Des années d’essais sans succès

Guinot élève environ 2 millions d’huîtres par an. Les clients viennent dans sa – comme il l’appelle – « cabane à huîtres » : une cabane en bois colorée au bord de l’eau pour déguster et acheter des huîtres. « J’ai donc essayé de faire des huîtres en forme de cœur, mais ça n’a pas marché », explique-t-il. « Huit ou neuf ans se sont écoulés sans résultat. Puis, petit à petit, les choses ont commencé à s’arranger. Au début, 1 pour cent des huîtres avaient la forme d’un cœur, puis 10 pour cent et j’en suis maintenant à 90 pour cent.»

Top secret

Comment façonner la coquille dure comme la pierre de l’huître ? La recette est secrète. « Top secret », précise Guinot. Il aimerait lever un peu le voile. «Je le fais manuellement. Une fois par mois, je vais chez les huîtres et je les soigne une à une. Il s’agit de l’entretenir, de le brosser, de le rincer et de le poser. Je les chouchoute vraiment. Et j’ajoute des matériaux qui aident à créer cette forme.

Ils sont désormais très demandés, mais Guinot ne veut pas s’enrichir grâce à eux. « J’ai reçu cette première huître en gage d’amour de ma femme. Vous ne devriez pas gagner d’argent avec ça. Mon huître d’amour en est une histoire d’amour. Je n’ai pas besoin de gagner de l’argent avec ça, il faut que ce soit quelque chose de beau. » Il fabrique donc « seulement » un millier d’huîtres en forme de cœur chaque année. Et il les vend généralement principalement à un seul client : un célèbre chef d’un restaurant étoilé. « Cela met aussi vraiment en valeur l’huître, comme un délice extraordinaire, beau et affectueux dans l’assiette. Je facture simplement le même prix que pour mes huîtres habituelles. D’ailleurs, je ne vends ces mille huîtres que le jour de la Saint-Valentin : ni avant ni après.


Ils doivent rester rares : non pas pour leur valeur financière, mais pour le sentiment qu’ils sont vraiment très spéciaux lorsqu’on les reçoit.

Christophe Guinot

Malgré sa petite taille, l’huître est désormais remarquée dans le monde entier. La chaîne américaine CNN a diffusé un reportage sur Guinot et sa recette secrète, à Singapour elle a parlé de « la France, pays de l’amour, où il existe désormais un nouveau produit alléchant pour les amoureux ».

« Les clients viennent ici du monde entier et me supplient de leur vendre les huîtres en forme de cœur », raconte Guinot. «Mais je continue de dire non. Ce n’est pas pour les grosses ventes. Ils doivent rester rares : non pas pour leur valeur financière, mais pour le sentiment qu’ils sont vraiment très spéciaux lorsqu’on les reçoit. J’ai même des ostréiculteurs des États-Unis et d’Australie qui m’appellent. Ils veulent aussi faire des huîtres comme ça. Je leur dis : essayez-le. Bonne chance. Mais je ne révélerai pas mon secret.

Image à titre d’illustration.  Un ostréiculteur au travail dans le Bassin d’Arcachon.
Image à titre d’illustration. Un ostréiculteur au travail dans le Bassin d’Arcachon. ©AFP



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