UN "fille de couverture" vraiment très spécial. Le magazine des guides de mode a voulu lancer un message à l’heure où l’antisémitisme renaît en raison du conflit israélo-palestinien actuel.


Lsa famille fut exterminée à Auschwitz, mais elle, enfermée à Therensienstadt, elle s’en est sortie vivante et a survécu à l’Holocausteou. Et maintenant, à 102 ans, Margot Friedländerrevenu à Berlin il y a tout juste vingt ans après une vie passée aux États-Unis, il a fait la couverture de Vogue Allemagne avec ses cheveux blanc argenté et son doux sourire.

Liliana Segre : « Ensemble contre les propos haineux et la barbarisation des débats »

Margot Friedländer, à 102 ans en couverture de Vogue

Le magazine leader du monde de la mode a voulu lancer un message à l’heure où une véritable vague d’antisémitisme renaît en raison du conflit israélo-palestinien actuel. Vogue Deutsche en la choisissant, il entend envoyer un signal et inviter les lecteurs à garder vivante la mémoire des faits de l’histoirepour combattre ceux qui tentent de les mystifier ou pire encore de les nier.

Un témoin privilégié de la Shoah, pour ne pas oublier

Avec ses 102 ans, il faut dire que Friedländer n’est pas là modèle de couverture plus vieux: le plus vieux, 106 ans, il y avait Whang-Od l’année dernière Vogue Philippines. Avant elle, il n’y avait eu que July Dench, une jeune fille en comparaison, qui, à « seulement » 85 ans, figurait dans l’édition anglaise.

Mais cela n’enlève évidemment rien à l’importance du message. Ce qui dans ce cas, n’est pas contre l’âgisme, mais pour souligner l’importance de la mémoire..

Margot Friedländer a 102 ans et est une survivante de l’Holocauste. Son message en couverture de Vogue (@vogue)

L’entretien avec Vogue

Mme Friedländer, âgée mais très intelligente elle avait déjà été interviewée par le magazine en janvier, à l’occasion du jour du Souvenir; c’est de là qu’est née l’idée de la séance photo et de la couverture. Tout s’est passé dans jardin botanique de la Freie Universität de Berlin où Friedländer a également reçu le titre de Dr Honoris causa du Département d’histoire de l’Université de Berlin. Une récompense qui s’ajoute à celles reçues pour son rôle fondamental de témoin de la Shoah.

«Il n’y a qu’un seul sang : le sang humain»

Dans l’entretien avec la journaliste Miriam Amro, Friedländer parle d’une manière qui n’est pas si différente de la sénatrice à vie Liliana Segre à propos des développements actuels : « Je suis née en 1921, j’avais douze ans quand Hitler est arrivé au pouvoir. J’ai perdu toute ma famille. Je sais exactement comment ça a commencé à ce moment-là. Je suis horrifié de devoir vivre cette expérience aujourd’hui. Je dis à ces gens qui détestent, ce que j’ai toujours dit : nous sommes égaux. Il n’y a pas de sang chrétien, musulman ou juif. Il n’y a que du sang humain. »

Quel courage, Margo Friedländer

Il n’y a cependant aucune amertume dans ses propos : «c’est une femme à qui le pire est arrivé celle qui parle sans être amère dit l’auteur de l’article : « Non, je ne suis pas amer. Parce que je sais à quoi ressemble la vie. Tout ne peut pas aller bien. Mais l’amertume ne m’aiderait pas. J’essaie de prendre la vie telle qu’elle est. »

Friedländer puise aussi sa force dans ses souvenirs d’enfance, comme les bons moments passés avec ma grand-mère bien-aimée Adèle. Et comme les années où elle a vécu aux États-Unis avec son mari Adolf Friedländer, qu’elle a rencontré dans un camp de concentration et qu’elle n’a jamais quitté.

Une fondation qui réalise son œuvre

Cependant, à la mort d’Adolf en 1997, Margot aimerait vraiment rentrer chez elle en Allemagne. C’est ainsi qu’à 88 ans, elle commence une nouvelle vie à Berlin : « Je suis allemande. Je suis né ici et malgré les horreurs, l’Allemagne reste ma maison. »

Aujourd’hui, la dame âgée vit dans une maison de retraite, un endroit où elle a décidé de raconter Vogue toute sa vie, y compris celle de témoin de la mémoire, est ressentie comme une véritable mission. Et, en fait, il a déjà réfléchi à la manière de la poursuivre même lorsqu’elle n’existera plus : en établissant le Fondation Margot Friedländerune fondation portant son nom sensibiliser les jeunes à lutter contre l’antisémitisme et transmettre les récits des survivants de la Shoah.

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