L’avocat Kai Ambos s’entretient avec Markus Lanz sur le thème de la liberté d’expression.
Source : Markus Hertrich
Depuis 1949, la dignité humaine et la liberté d’expression sont inscrites comme valeurs précieuses dans la Loi fondamentale de la République fédérale.23 mai 2024 | 1:44 minutes
Loi fondamentale : droits fondamentaux et démocratie défensive
La Loi fondamentale régit, d’une part, les droits fondamentaux des citoyens et, d’autre part, l’organisation de l’État. De nombreux articles sont une réaction consciente à la dictature nationale-socialiste – cela vaut également pour l’article 5, qui réglemente la liberté d’expression.
Mais l’État et le pouvoir judiciaire sont toujours confrontés à la question suivante : jusqu’où écoutez-vous – et quand intervenez-vous ? Qu’est-ce qui est couvert par la liberté d’expression et qui déclenche le discours de haine ? L’une des leçons de l’ère nazie était d’être sur la défensive face aux ennemis de la démocratie. Un exercice d’équilibre impossible ?
La Cour constitutionnelle fédérale n’est pas encore particulièrement protégée des influences politiques. Ampel et Union veulent changer cela et ancrer plus fermement le tribunal dans la Loi fondamentale.24 juillet 2024 | 2:27 minutes
Zeh : « Danger d’être réglé »
Selon l’« Indice de liberté 2022 » de l’Institut Allensbach, pas même un Allemand sur deux estime pouvoir exprimer librement son opinion. En vue d’une enquête, l’avocat Juli Zeh s’est plaint mercredi soir auprès de « Markus Lanz » :
Son impression est que l’on se retrouve dans une situation « où l’on trouve non seulement insupportable quand quelqu’un dépasse vraiment les limites, devient insultant ou quelque chose comme ça, mais aussi quand son opinion diverge trop ».
Zeh, qui est également écrivain et juge honoraire à la Cour constitutionnelle de Brandebourg, a exprimé son inquiétude pour le processus démocratique dans ce contexte, « car le système tout entier est un, qui repose sur la négociation d’opinions différentes ».
Question clé : que devons-nous endurer ?
Jusqu’où peut aller la liberté d’expression ? L’attitude de Kai Ambos, avocat pénaliste à l’université de Göttingen, à ce sujet :
Dans ce contexte, l’avocat pénaliste a évoqué la « décision Wunsiedel » de la Cour constitutionnelle fédérale de 2009. Selon l’avocat, il faut également tolérer « les opinions qui visent à changer fondamentalement l’ordre politique ».
Conclusion pour Ambos : « Il s’agit d’un discours libre ». L’homme de 59 ans a cependant identifié une « position autoritaire prohibitive » au niveau exécutif – et a explicitement nommé le ministère fédéral de l’Intérieur.
Le pays fait l’éloge de la Loi fondamentale, mais se débat avec l’état de la société. L’incertitude est déplorée et la solidité de la Loi fondamentale est louée.23 mai 2024 | 3:04 minutes
Toe : « Ne supportez rien de passif »
Zeh a ensuite mis en garde contre une compréhension de ce « durable » comme quelque chose de simplement durable ou passif. Elle répondit sur les propos d’Ambo, elle voit dans la jurisprudence « un appel pragmatique pour que nous répondions à un tel contenu de pensée par un contre-discours. » Pour Zeh, cela signifiait aussi :
Interdiction du « Compact » : « construction problématique »
Le ministère fédéral de l’Intérieur a interdit le magazine d’extrême droite du journaliste Elsässer. L’Office pour la protection de la Constitution surveille depuis des années les publications du magazine.16 juillet 2024 | 3:06 minutes
L’avocate Nora Markard a souligné :
Elle y voit une atteinte à la liberté de la presse et qualifie l’interdiction des associations de « solution de contournement ». Car, comme l’explique le professeur de droit de Münster : « Le droit de la presse ne permet pas une interdiction générale des organes de presse – au mieux, la distribution de certaines éditions peut être stoppée.
L’interdiction du magazine « Compact » soulève des questions juridiques. Sarah Tacke sur la décision du ministre fédéral de l’Intérieur et ses conséquences.
16 juillet 2024 | 2:32 minutes
Ambos trouve également l’interdiction juridiquement sensible : il ne croit pas qu’une interdiction des associations serait efficace, « car ce n’est même pas une association, c’est une GmbH, c’est une association économique ».
Les tribunaux devront probablement en décider. Mais « Compact » n’est pas le premier cas dans lequel un organe de presse a été interdit par le biais d’une interdiction de club. Les trois interdictions précédentes sont juridiquement valables, certaines d’entre elles étant confirmées par le Tribunal administratif fédéral.
Source : ZDF