Antonella Baccaro (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

« SJe fais quelque chose de nouveau : parler de mon entreprise sur les réseaux sociaux. » L’incipit de ce post capte mon attention tandis que, dans l’obscurité de la pièce, je parcours distraitement les profils des autres, attendant que le sommeil m’emporte.

Qu’arrive-t-il à mon ami sur le forum ? Je ne peux pas résister. L’écriture s’avère être le long réquisitoire d’un amoureux déçu. De l’histoire ils émergent les éléments classiques de l’amitié transformés en relation clandestine: le ressenti, les messages, les déclarations, les moments magiques. Bref, beaucoup de complicité qui, entre nous, est la matière première dont sont faites les histoires matures.

«Je ne suis pas un briseur de ménage – c’est le principe – : Je savais que son mariage était déjà en crise depuis quelques temps. » Et en effet, à un moment donné, mon ami a appris indirectement qu’il avait quitté sa femme. Mais les choses ne se passent pas comme prévu : il devient vague, dit qu’il a besoin d’être seul un momentsans couper complètement le fil.

Elle perd la tête et commet la plus classique des erreurs : elle ne lui pose pas de questions directes.ne lui demande pas s’il a réellement quitté sa femme, ni s’il compte entamer une relation officielle. « Je ne voulais pas descendre à ce niveau-là, avoue-t-il.

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Alors elle reste silencieuse et attend, tandis qu’il disparaît lentement. Appelé à des éclaircissements, il nie avoir quitté sa femme, accuse son amant d’avoir tiré des déductions erronées et propose de poursuivre le ménage parallèle. Et jusqu’à présent, cela aurait été une histoire comme tant d’autres.

Sauf en dessous des premières lignes du post Je vois quelques photos sur lesquelles il est facile de reconnaître le couple clandestin: dans l’un ils s’embrassent, dans l’autre ils se tiennent la main, ailleurs ils plaisantent. Deux sexagénaires amoureux. « Ne faites pas de commentaires, ne nous jugez pas » invoque-t-elle, tout en portant un formidable coup à la réputation de son amant et à la vie de sa femme.

« Parfois, pour éviter de blesser une personne, on en détruit trois », ironise-t-il, faisant référence non pas à ce qu’il vient de faire mais à l’amant qu’il n’a pas voulu choisir. Sous les photos, parmi les commentaires, il y en a qui écrivent : « J’aurais aimé avoir ton courage. »

Mais je me demande si ce « revenge porn » de sentiments est vraiment nécessaire pour régler les comptes d’une vie.

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