Trump triomphe : une procédure pénale pour ingérence électorale est attendue depuis longtemps et pourrait être reportée après le jour du scrutin


La Cour suprême des États-Unis examinera le recours de Donald Trump à l’immunité présidentielle. C’est une victoire pour l’ancien président, qui utilise le retard comme tactique. L’affaire pénale pour ingérence électorale est désormais en jeu.

Thomas Rueb

Le grand mot est sorti. Donald Trump obtient un coup de pouce de la Cour suprême américaine. Mercredi soir, les plus hauts juges du pays se sont déclarés disposés à entendre l’appel de Trump à l’immunité présidentielle. Ils acceptent également sa demande de suspendre entre-temps son affaire pénale en cours pour ingérence électorale.

Cette décision est un triomphe pour l’ancien président. La stratégie de justice pénale de Trump consiste à retarder ses affaires jusqu’après le jour du scrutin, date à laquelle il espère y mettre un terme s’il est élu. La probabilité que cette affaire pénale soit encore entendue avant novembre 2024 est désormais considérablement réduite.

La Cour suprême, où les juges conservateurs constituent la majorité, n’a pas expliqué davantage sa décision. Trump a exprimé sa joie. « Les avocats de tout le pays sont extrêmement reconnaissants envers la Cour suprême », a écrit l’ancien président sur les réseaux sociaux.

Le 22 avril, soit dans sept semaines, la Cour suprême entendra les arguments des deux côtés. Cela peut alors prendre des semaines, voire des mois, avant qu’une décision ne soit prise. La probabilité que les juges en chef accordent effectivement l’immunité à Trump est considérée comme faible. C’est précisément pourquoi le retard est vital pour Trump. Outre une victoire substantielle, l’ancien président espérait surtout une victoire logistique – et il l’a obtenue.

Grand rire

Pour le procureur spécial Jack Smith, qui dirige les poursuites, cette décision est un coup dur. L’affaire pénale était initialement prévue pour la semaine prochaine. Deux tribunaux précédents ont déjà rejeté l’appel de Trump à l’immunité présidentielle. « Quatre ans en tant que commandant en chef ne confère pas le droit divin des rois », a écrit Tanya Chutkan, juge dans l’affaire pénale de Trump.

Au début de ce mois, la Cour d’appel fédérale a également réduit à néant cette demande. Smith avait exhorté la Cour suprême, si elle souhaitait également examiner la question, à permettre que cette dernière décision s’applique entre-temps : l’affaire pénale pourrait alors se poursuivre en attendant le jugement final. « Tout retard menace l’intérêt public d’un procès rapide et équitable », a écrit Smith.

La Cour suprême des États-Unis siège à Washington DCImage PA

La Cour suprême pense clairement différemment. On ne sait pas si les neuf juges en chef soutiennent à l’unanimité cette décision. La seule feuille A4 publiée mercredi ne fait aucune mention d’opinions divergentes.

La Cour suprême ne prend pas exclusivement le parti de Trump. Les juges en chef ont accédé à la demande de Smith pour une audience accélérée. Le procureur espère ainsi contourner quelque peu l’entêtement notoire de cette instance judiciaire. Vraisemblablement, une décision finale sera prise avant le début des vacances d’été, fin juin. Il n’y a aucune garantie.

Situation désastreuse

Si la Cour suprême accorde effectivement l’immunité à Trump, ses poursuites pour ingérence électorale prendront fin d’un seul coup. Les répercussions juridiques seraient énormes. Une telle décision dicterait que les présidents, sous couvert de l’immunité, pourraient commettre des crimes en toute impunité pendant toute la durée de leur mandat.

Si les juges en chef rejettent cette demande, comme prévu, la juge Tanya Chutkan pourrait fixer une nouvelle date de début. Une situation désastreuse se pose toujours. La défense a droit à plusieurs mois de préparation. Dans ce cas, le processus pourrait démarrer au plus tôt à l’automne.

Cela amène des difficultés. D’ici là, Donald Trump devrait avoir été officiellement désigné candidat républicain à la présidentielle. Le juge Chutkan devrait alors l’obliger à passer la dernière phase de sa campagne devant les tribunaux, avec toutes les conséquences politiques que cela implique. Dans ce cas, elle peut, par nécessité, choisir de reporter davantage l’affaire.

C’est exactement ce que Trump espère réaliser. La résolution de ses poursuites ne sera alors plus entre les mains du pouvoir judiciaire, mais entre les mains des électeurs américains présents dans les isoloirs de tout le pays.



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