Trump et l’inflation sont les atouts des républicains lors des élections de mi-mandat

« Ils ont des arguments assez solides pour affirmer que l’administration Biden fait un gâchis économique », a déclaré le professeur de politique internationale. La question est cependant de savoir si la lutte des démocrates pour le droit à l’avortement peut encore surprendre.

Le 8 novembre, les Américains se rendent aux urnes. Les 435 sièges de la Chambre des représentants sont en jeu, ainsi que 35 des 100 sièges du Sénat. On s’attend à ce que la Chambre des représentants passe certainement entre les mains des républicains. Outre le fait qu’un président en exercice perd généralement des sièges à la Chambre lors des élections de mi-mandat, une inflation élevée joue également un rôle majeur dans ces élections.

« Les Républicains ont mis en avant plusieurs éléments dans leur campagne : la hausse du taux de criminalité, le nombre croissant de migrants, la question des transgenres et du sport, ce qu’il faudrait enseigner dans les écoles… Mais l’élément principal qu’ils citent constamment c’est l’inflation, qui est tangible pour une grande partie de la population », déclare Kerremans.

De plus, les salaires augmentent, mais pas assez vite pour réduire l’inflation de plus de 8 %. Et cela alors que les républicains ont prévenu l’administration Biden que les gros paquets que les démocrates ont approuvés sont en partie à l’origine des hausses de prix.

« Qu’ils aient raison ou non, le fait est que pour un grand nombre d’électeurs américains, l’inflation est vraiment le problème le plus important et leur confiance dans les démocrates à ce sujet est moindre que dans les républicains. C’est donc vraiment un facteur qui joue sérieusement contre les démocrates », a déclaré Kerremans. « Et la hausse des prix de l’énergie et du prix à la pompe, qui est un thème très important aux États-Unis, en fait partie. »

Alors que Biden a certainement tenu ses promesses de campagne, comme avec son plan d’infrastructure de 1 billion de dollars, le président peut également être tenu responsable d’autres questions politiques. Par exemple, il n’a pas tenu ses promesses sur la réforme de la police, le droit de vote fédéral et le salaire minimum fédéral, sa politique migratoire est moins à gauche qu’espéré et il a dirigé le très chaotique retrait américain d’Afghanistan. Biden lui-même a déclaré à plusieurs reprises que l’élection n’est pas un référendum, mais un choix entre deux directions dans lesquelles le pays peut aller.

Les démocrates ont également fortement défendu le droit à l’avortement pendant la campagne, après que la Cour suprême a annulé « Roe v. Wade ». Cette décision historique garantissait en pratique un droit fédéral à l’avortement, mais cela a été annulé par le tribunal conservateur.

«Après la décision de la Cour suprême, les démocrates espéraient que cela aurait un fort effet mobilisateur sur les électeurs. Nous l’avons d’abord vu dans le nombre d’inscriptions électorales, mais cet effet semble maintenant beaucoup plus faible et ne jouera probablement pas vraiment un rôle décisif dans ces élections », déclare Kerremans. Pourtant, la question de l’avortement peut aussi apporter des surprises : les différences dans les sondages de certaines courses décisives au Sénat sont si faibles que même une petite différence de participation due à la question de l’avortement pourrait profiter aux démocrates.

Même si Donald Trump n’est plus président depuis deux ans, il reste très présent durant la campagne en cours. De nombreux candidats républicains ont obtenu le soutien de l’ex-président et ont accepté son affirmation non fondée selon laquelle les élections de 2020 lui avaient été volées, tandis que les démocrates utilisent Trump et la prise d’assaut du Capitole pour faire entrer les électeurs dans leur camp.

Les républicains qui soutiennent ouvertement les affirmations non prouvées de Trump sur la fraude électorale ont remporté des succès majeurs, en particulier lors des primaires. Une grande majorité de candidats républicains soutenus par Trump ont également remporté l’investiture pour leur parti, a déclaré Kerremans. «Nous constatons également que les chances de succès de ces négationnistes aux élections proprement dites sont assez élevées, mais surtout dans les circonscriptions républicaines très sûres. Nous nous attendons donc à ce que le succès de ces « négationnistes électoraux » du groupe républicain augmente sérieusement et que le poids de ce groupe devienne beaucoup plus important.

Kerrremans se demande jusqu’où va la conviction des républicains en ce qui concerne les élections de 2020. « Il y a aussi un peu d’opportunisme, mais cela n’enlève rien au fait que Trump pèse lourdement sur le parti, car il a un large groupe d’électeurs qui le soutiennent contre vents et marées », dit-il.

De plus, de nombreux républicains ignorent le thème des élections précédentes pendant la campagne et se concentrent principalement sur les thèmes économiques susmentionnés, la migration et la criminalité. « Ils espèrent que le soutien de Trump leur permettra de mobiliser les électeurs sans effrayer les autres électeurs soucieux du pouvoir d’achat. C’est l’acte d’équilibre que les républicains essaient de faire », a déclaré Kerremans.

Les démocrates tentent d’utiliser les élections de 2020 et la prise du Capitole à leur avantage. Ils insistent sur le droit à des élections équitables et soulignent qu’ils sont différents de Trump et des républicains. L’ancien président Barack Obama a déclaré lors d’un meeting de campagne la semaine dernière que la démocratie était en jeu dans ces élections de mi-mandat et a appelé à élire des personnes qualifiées plutôt que « des personnes qui ont tenté de saper notre démocratie ». Et après l’attaque contre le mari de Nancy Pelosi la semaine dernière, Joe Biden a adopté une ligne dure envers les républicains, qui, selon lui, créent un climat de violence aux États-Unis avec leurs mensonges.