Trouver une occasion de s’émerveiller chaque jour est un rituel qui nous apaise et change nos vies : le professeur Dacher Keltner l’écrit dans son livre "Admiration". Compliqué? Non : commencez simplement à lever la tête du téléphone…


Barbara Stefanelli (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

La scène est un classique de toutes les enfances. L’enfant grimpant à l’échelle du tobogganil s’installe en position assise, les jambes déjà dirigées vers le bas et ses petites mains toujours jointes sur les côtés.

À ce moment-là, assez serein, appelez. « Papa/maman (généralement l’un des deux) : je suis prêt, je descends ».

Ils nous ont appris – des rudiments de pédagogie – qu’il ne fallait pas dire bien ou bien, juste regarder. Ils ne veulent pas être jugés, mais vus.

Le point, dans la réédition mise à jour de cette scène archétypale sur le petit parc, c’est que le papa en question (est-ce que maman ferait la même chose ?) ne penche pas la tête.

Que nous manque-t-il

Continuez à faire défiler et à taper sur votre téléphone. En attendant, il dit aussi la mauvaise phrase : « Mais très bien, comme tu es fort, quelle fusée mon petit, l’amour de papa… ».

Le fils, bien sûr, ne bougea pas. Il attend le regard. Vous savez probablement, par expérience déjà acquise, qu’au bout d’un moment les parents s’arrêtent. Et ils se reconnectent à la réalité, celle hors des écrans.

Des dauphins nagent à quelques mètres du bateau au large de Portofino, au grand émerveillement des passagers

Tout cela est faux, on le sait très bien, cela fait souffrir dans tous les sens. Pourtant on recommence. Nous avons besoin d’une rééducation. Professeur (de psychologie, à Berkeley) Dacher Keltner a écrit un livre à ce sujet : Merveille. La nouvelle science de l’émerveillement quotidien et comment elle peut changer votre vie.

« Awe : La nouvelle science de l’émerveillement quotidien et comment elle peut transformer votre vie » par Dacher Keltner

Il explique à quel point « l’émerveillement » est cette émotion complexe qui surgit lorsque nous rencontrons quelque chose de si « vaste » que « le sens de soi » recule. Cela peut être lié à des émotions négatives, mais quand « l’émerveillement » est positif, il se révèle libérateur et revigorant. C’est bon pour la santé, calme le système nerveux, réduit l’inflammation, enflamme un sentiment d’appartenance.

Retour à la nature

Le professeur dit avoir expérimenté ses effets bénéfiques de première main: la fille, jeune fille, souffrait d’états anxieux. Jusqu’à ce que vous craigniez votre propre fin. Les deux, ensemble, se sont alors mis à marcher tous les soirs jusqu’à toucher un vieux cèdre du quartier et ont alors réfléchi « sur le cycle de la vie ». Un rite apaisant de partage.

La suggestion, tirée du New York Times dans une newsletter dédiée à la marche, est de fixez-vous une séquence d’exercices. A rouvrir. À la nature, aux gens. Commencer par peu, vingt minutes chaque jour.

Nous réentraînons l’esprit

Par exemple, tirer parti d’une partie pour le tout. Si vous êtes en ville : fixez le seuil d’une porte puis montez sur le toit en vous arrêtant sur chaque détail. Si vous êtes parmi les gens : choisissez un visage et étendez-vous à la multitude. Si nous sommes dans un jardin : prenez un pétale, concentrez-vous sur le toucher.

Ou, si vous avez la chance de traverser la Valsesia, tournez vers Oasi Zegna et plongez dans le bassin des rhododendrons. Là au milieu l’émerveillement est garanti.

Fleurs rouge-violet, roses, parfums. Un spectacle inattendu, qui – heureusement – dépasse toute description et suscite l’émerveillement dont nous avons besoin. Le nom dérive du grec rhododendron, composé de rose (rhodon) et d’arbre (déndron). Mais, réensemencée dans l’âme, elle peut tailler ce qui nous ronge à l’intérieur.

Souhaitez-vous nous parler de vos expériences d’« émerveillement » au quotidien ? Écrivez-nous à [email protected]

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