Trois mosquées risquent la suspension en raison de l’ingérence turque : Lommel, Alost et Heusden-Zolder

En 2021, le gouvernement flamand a annoncé qu’il reconnaîtrait à nouveau les communautés religieuses, y compris les mosquées. Le décret dit de reconnaissance a mis fin à l’arrêt total des permis. Il avait été annoncé en 2017, au lendemain des attentats de Zaventem et de Bruxelles, par la ministre de l’Intérieur de l’époque, Liesbeth Homans (N-VA).

L’actuel ministre Bart Somers (Open Vld) a imposé des conditions strictes. Par exemple, l’ingérence ou le financement étranger est strictement interdit et tous les dons financiers doivent être enregistrés dans les comptes. Les regards sont principalement braqués sur l’ingérence du régime turc à travers les 12 mosquées reconnues de Diyanet, une association belge à but non lucratif liée au ministère turc des Affaires religieuses.

Un premier contrôle par le nouveau service de contrôle flamand fournit déjà une image critique. Aucune mosquée Diyanet ne respecte actuellement l’interdiction d’influence étrangère. Dans trois mosquées, l’influence politique est si grande que Somers entame une procédure de suspension. Il s’agit des mosquées Selimiye à Lommel, Kesver à Alost et Selimiye à Heusden-Zolder. Somers l’a fait savoir au Parlement flamand.

Délai serré

Ces trois-là auront désormais un mois pour répondre, après quoi Somers prendra enfin la décision quant à leur reconnaissance. Un tel retrait aurait des conséquences majeures. Par exemple, les mosquées verraient leur soutien financier du gouvernement partir en fumée, y compris leur exonération de taxe foncière sur leurs bâtiments. De plus, les imams pourraient perdre leurs permis de travail et de séjour dans notre pays.

Les neuf autres mosquées Diyanet reconnues ne respectent pas non plus l’interdiction d’ingérence étrangère. On leur donne un délai serré : s’ils n’ont pas coupé tous les liens avec le régime turc d’ici le 15 novembre, ils perdront leur reconnaissance. Il concerne quatre mosquées de Genk : Fatih, Mevlana, Yildirim Beyazit et Yunus Emre. Les autres sont Beraat à Diest, Yesil Camii à Houthalen-Helchteren, Mehmet Akif à Anvers, Hicret à Sint-Niklaas et Yavuz Sultan Selim à Gand.

Selon Somers, la Flandre opte délibérément pour un système gradué de sanctions, de sorte qu’un processus d’amélioration est encore possible. Sinon, la distance entre le gouvernement et les mosquées ne fera qu’augmenter. « Nous donnons aux communautés religieuses locales la possibilité de se libérer du financement étranger », dit-il.

Chance de succès limitée

Cependant, selon la députée flamande Nadia Sminate (N-VA), les chances de réussite sont limitées : « L’interdépendance entre Diyanet et la Turquie est si grande qu’on ne peut pas couper ce lien en quelques mois. Par exemple, les bâtiments des mosquées appartiennent à Diyanet. Il dit aussi littéralement dans leurs statuts qu’ils sont subordonnés à Diyanet.

L’examen critique n’a pas de conséquences directes pour les 21 autres mosquées Diyanet qui sont en cours de procédure de reconnaissance. Mais selon Somers, le message est clair : seuls ceux qui respectent les règles ont une chance d’être reconnus.

Erkan Konak, président de Diyanet en Belgique, n’a pas pu être joint pour commenter.



ttn-fr-31