dRéalisé par Béatrice Borromeo Casiraghiarrive enfin Netflix la docu-série en trois épisodes Prince. Un portrait entre ombres et lumières de la vie de Vittorio Emanuele de Savoie et des événements qui, en 1978, l’ont vu au banc des accusés pour le décès (accidentel) de Dirk Hamer.
Prince: sur Netflix le docu-série sur Vittorio Emanuele de Savoie
Structuré en trois épisodes d’environ 40 minutesl’histoire de la série docu démarre le 18 août 1978. Ce jour-là, un groupe de jeunes en vacances en Sardaigne – parmi eux Giovanni Malago et le docteur playboy Nicky Pendéfraîchement divorcé de Stefani Sandrelli – ils décident de faire une balade en bateau vers l’île de Cavallo en Corse. Fréquenté depuis de nombreuses années par Vittorio Emanuele de Savoie, sa femme Marina et le jeune Emanuele Filiberto.
Après un après-midi de jeux aquatiques et de tumulte, la patrouille de garçons est obligée de s’arrêter et de dormir sur leurs bateaux respectifs et, après une soirée passée à se délecter, Pende et ses associés volent un petit bateau appartenant aux Savoie. Déchaîner la colère funeste du prince. Vittorio Emanuele prend donc sa carabine et part avec un autre bateau où les garçons s’étaient amarrés. Une querelle avec Nicky Pende s’ensuit et, après une bagarre audacieuse, deux coups de feu sont tirés du fusil du Prince : l’un au fond tandis que l’autre touche la jambe de Dirk Hamer, un Allemand de 19 ans en vacances avec sa soeur Birgit avec les autres. Vittorio Emanuele est arrêté mais (peut-être) les choses ne se sont pas passées exactement comme ça.
La mort de Dirk Hamer
Beau, athlétique, polyglotte et même pas âgé de 20 ans, le jeune Allemand était en Corse par pur hasard et, du moins d’après les témoignages, dans le but de protéger sa belle soeur Birgit des « agressions » des playboys de la compagnie. Après la fusillade de nuit, le garçon a été transporté à l’hôpital de San Bonifacio en Corse, avec un retard considérable, pour ensuite être transféré à Nice. A partir de ce moment ça va commencer une épreuve pour lui mais aussi pour sa famille puisque sa situation clinique est vraiment grave.
Espérant le sauver, les médecins ont amputé sa jambe blessée et, dans les semaines suivantes, il a subi 19 opérations chirurgicales mais, après plus de cent jours à l’hôpital, Dirk décède en décembre avec son père, sa mère et sa sœur Birgit à son chevet. Qui, lors des funérailles, jettera une bague dans le cercueil comme pour lui promettre devant Dieu qu’il fera tout son possible pour obtenir justice. Et c’est juste que le pivot du documentaire qui met enfin de l’ordre dans une histoire compliquée et absolument paradigmatique de certaines distorsions de la justice.
Une docu-série précise et bien ficelée
Se concentrant principalement sur les affaires judiciaires complexes de Vittorio Emanuele, Beatrice Borromeo dans sa première performance en tant que réalisatrice étonne par sa lucidité et son intelligence narration. En superposant divers plans temporels au récit à l’aide de témoignages directs des protagonistes et avec de bons documents d’archives. Les trois tranches de Prince en fait, ils sont tellement concentrés sur la tragédie qui est arrivée à Dirk Hamer mais, avec un montage ponctuel et jamais intrusif, le réalisateur se concentre aussi sur la vie du roi d’Italie raté. Lui faire dire une enfance malheureuse sans affection, l’exil d’Italie pendant 50 ans et l’amour pour sa femme Marina Doriaancien champion de ski nautique.
L’héritier de la Maison de Savoie a une personnalité complexe qui, même après le tumulte de la mort de Hamer, reviendra plusieurs fois devant les tribunaux pour corruption et jeux d’argent. Mais Béatrice Borromée se concentre également sur Birgit Hamer, co-protagoniste tragique de l’histoire qui pendant des décennies s’est battue au nom de son frère bien-aimé.
En effet, après des années de procès et d’audiences reportés – pour certains en raison du pouvoir exercé par les Savoie – Vittorio Emanuele a été définitivement acquitté des accusations de meurtre en 1991. La preuve de l’innocence ? Le calibre de la balle trouvée dans la jambe du garçon est celui d’un pistolet et non d’un fusil, mettant ainsi fin à un cauchemar de 17 ans pour le prince. Pendant La mort de Dirk restera sans coupables. Mêlant ainsi le genre policier à l’histoire historique, la docu-série, avec une impartialité absolue, il met sur l’assiette une série d’éléments objectifs sans jamais privilégier une thèse. Innocentiste ou coupable.
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