Altman est absent, Altman pourrait être de retour, Altman est à nouveau PDG d’OpenAI. Le feuilleton met en lumière un problème crucial : la concentration du pouvoir entre les mains de quelques décideurs, ici spécifiquement les six membres du conseil d’administration d’OpenAI, qui semblent déterminer ce qui est sûr dans l’intelligence artificielle dans le monde.

Le paysage de l’innovation en IA est dominé par quelques entreprises américaines et asiatiques, comme OpenAI, Meta, Google et Microsoft. L’Europe est plus spectatrice que participante dans ce domaine. Par exemple, regardons la liste des personnes les plus influentes dans le domaine de l’IA. Le magazine Time, nous constatons alors que seulement 10 pour cent sont des Européens et 10 pour cent sont des universitaires.

Propre agenda dans les entreprises

Cette concentration de la puissance de l’IA est inquiétante. Premièrement, ces entreprises comprennent la technologie et peuvent la développer et la commercialiser beaucoup plus facilement que les nouveaux acteurs. Interrogé par un journaliste sur la manière dont ils pourraient développer leur propre ChatGPT en Inde, Sam Altman a répondu : « C’est totalement désespéré. »

Deuxièmement, et c’est plus important, ils contrôlent la technologie. Comment gérer ces préjugés dans l’IA n’est pas un exercice facile, même sur le plan académique, mais ils décident eux-mêmes comment le faire pour l’IA que nous utilisons tous. Les entreprises ont évidemment leur propre agenda et doivent rendre des comptes à leurs actionnaires.

David Martens est professeur de science des données à l’Université d’Anvers et co-fondateur du Centre anversois pour l’IA responsable (ACRAI). OpenAI a contribué à cet article d’opinion.

Il est quelque peu naïf de s’attendre à ce que ces entreprises internationales développent des technologies d’IA en gardant à l’esprit les intérêts européens. Leur priorité est de commercialiser ces technologies, en se concentrant sur leurs propres objectifs commerciaux.

Ces entreprises dominent tout simplement les débats sociaux et les réglementations concernant l’éthique et la sécurité de l’IA. Leur influence est visible lors de réunions privées au Sénat américain et à la Maison Blanche avec les PDG de grandes entreprises technologiques, ainsi que dans les interactions entre les dirigeants mondiaux européens et les magnats de la technologie.

L’Europe regarde

Nous sommes ici, impressionnés par les grands acteurs, convaincus qu’ils comprennent bien la technologie, font ce qu’il faut pour nous tous et qu’à l’avenir, nous trouverons un bon modèle économique en Europe pour compenser notre dépendance technologique et notre emploi. pertes. Apparemment, la stratégie européenne, peu réussie, en matière de médias sociaux et même d’Internet, a déjà été oubliée. Il existe désormais une technologie qui aura encore plus d’impact, et une fois de plus nous restons là et l’observons.

L’Europe doit investir massivement, de manière ciblée et coordonnée dans l’IA, comparable à un CERN (l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, éd.), comme le préconise le professeur Holger Hoos (RWTH Aix-la-Chapelle). Imaginez la création d’un homologue européen d’OpenAI, supervisé par une gouvernance responsable de l’IA composée de diverses parties prenantes et coordonnée par la Commission européenne. Il existe de nombreuses expertises sur ce thème en Europe (et en Flandre d’ailleurs). Une telle initiative pourrait ouvrir la voie à la commercialisation d’une technologie d’IA éthique et compétitive à l’échelle mondiale.

Dans la même optique, la régulation européenne est cruciale. La réglementation étouffe l’innovation, dit-on souvent, mais dans le domaine de l’IA, il est nécessaire de garantir l’équité, la transparence, la non-discrimination et la responsabilité. La prochaine « loi sur l’IA » est un pas dans la bonne direction, mais la législation est vouée à être à la traîne par rapport à la technologie. De plus, le pouvoir reste aux mains d’entreprises non européennes.

Pas besoin de moins d’IA

Nous devons également œuvrer à la sensibilisation, notamment auprès des décideurs politiques. Malgré toutes leurs bonnes intentions, ils manquent souvent d’une compréhension approfondie des risques et de l’impact potentiel des technologies d’IA. Les citoyens doivent également être conscients des points où les choses peuvent mal tourner. Apprenez à travailler avec la technologie.

Il ne s’agit certainement pas d’un appel à moins d’IA : elle peut avoir et aura une énorme influence positive sur nos vies, si nous l’utilisons de manière responsable. L’impact croissant et le retard de l’Europe sont alarmants. Il est donc temps de se concentrer sur les risques importants et de prendre des mesures décisives.



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