Vil dit tout de suite : Monsieur le Diablediffusé ce soir le 9 juin sur Raï 3 à 22 ans, est un film d’horreur avec tous les attributs, donc, en le voyant, il pourrait arriver de sursauter, de fermer les yeux ou d’avoir l’instinct de serrer la main de vos proches (sinon, un oreiller convient aussi). Ça pourrait arriver. Mais, cela devrait également être spécifié immédiatement, cela en vaut vraiment la peine. pouquoi Monsieur le Diable est l’un de ces films qui « enseigne », récompensé par le Nastro d’Argento 2020 comme meilleur sujet. Il est signé Pupi Avati, un réalisateur qui a mis tout de lui-même et le meilleur de lui-même. Dire un chef-d’œuvre c’est trop, mais un pilier d’un genre et d’une certaine façon de faire du cinéma ça l’est assurément.

Monsieur le Diable part d’un défaut : avoir des « dents de porc »

Tout se passe dans un petit village de peu d’âmes dans la lagune vénitienne au début des années 1950. L’histoire est sanglante : Charles (Filippo Franchini), un adolescent craintif et catholique de quatorze ans, tue un pair de son âge, Émilio (Lorenzo Salvatori), « coupable » d’avoir la dentition supérieure qui ressemble à celle d’un cochon. Ce défaut le rend déformé, donc moche à en faire peur. Et la peurdans ce contexte paysan d’après-guerre, arriéré et superstitieux, fait penser au diable. « Dans la culture paysanne, les différences, le difforme est associé au diable» dit le père dans le film Amédée (Alessandro Haber), un prêtre soupçonné d’avoir soumis le petit Emilio à un exorcisme, avant sa mort, pour le libérer du « mal ».

Andréa Roncato. (01 Répartition)

Entre fanatisme religieux et superstition populaire

Carlo admet avoir tué Emilio parce qu’il pensait qu’il était possédé par le diable. Et Carlo en vient à penser cela parce qu’une série d’événements choquants se produisent qu’il « lit » avec la mentalité de l’époque, pleine d’extrémisme religieux et de croyance populaire. En effet la mort de son meilleur ami Pauline (Riccardo Claut) causé indirectement par Emilio, et la mort de son père (Cesare Cremonini) s’est produit en essayant de tuer un vrai cochon pour expier le mal, devenu, du point de vue de Carlo, d’autres preuves de la « culpabilité » d’Emilio.

Il ne pouvait en être autrement étant donné que le sacristain Don Gino (Gianni Cavina, l’un des acteurs préférés d’Avati, décédé à l’âge de 82 ans en mars dernier), au catéchisme, il apprend à Charles, plutôt que de croire en Dieu, à craindre le diable. Le craindre et le respecter au point de l’appeler « Monsieur le Diable » (d’où le titre du film). Les mêmes suggestions lui sont également venues de Don Zanini (Lino Capolicchioun autre acteur du cercle d’Avati, décédé début mai à l’âge de 78 ans). Ne manquez pas une baguette au DC de l’époque: en effet, un fonctionnaire du Ministère de la Justice est envoyé pour enquêter sur l’affaire, Furio (Gabriele Lo Giudice), avec pour tâche de « tout faire taire » étant donné qu’un tel cas peut créer des problèmes à proximité des élections.

Ambiances et lieux effrayants, Avati maître de « l’horreur-gothique »

Monsieur le Diable il a tout les éléments de l’horreur classique à Dario Argento (ce n’est pas un hasard si les effets spéciaux sont de Sergio Stivaletti, cher Dario Argento).

Les protagonistes aux visages blêmes, creux et aux cernes pendants, les sons qui font frissonner, le noir qui domine et s’assombrit, la négligence des bas cassés de la mère d’Emilio, Claire (Chiara Caselli), qui dénote l’écrasement de la douleur, les ambiances angoissantes, les rituels macabres, presque sataniquessur lesquels nous nous concentrons (par exemple l’extraction de dents, qui dans le film renvoient comme d’éventuelles dents de porc livrées à Furio. Le même Fury qui a peur du noir et souffre de claustrophobie), servent à colorer de peur ce film savamment conçu.

Puis l’intrigue de l’histoire, qui se développe entre croyances ancestrales et peurs paysannesqui ont peu de religieux mais utilisent l’Église comme arme de défense, rappelant l’ambiance médiévale de la chasse aux sorcières. Et ils intègrent parfaitement le film dans le style « horreur-gothique »qu’Avati lui-même a lancé avec La maison aux fenêtres riantes de ’76. Les deux films sont tournés dans la basse vallée du Pô, entre Comacchio et Ro Ferrarese, lieux raréfiés et alanguis, chers au réalisateur bolonais dans lesquels le temps semble immobile depuis des millénaires. «Le territoire des vallées de Comacchio resté aux hommes de l’âge de pierre, c’est un lieu hors du tempsAvati a déclaré lors de la présentation du film en 2019.

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