‘TotalEnergies symbolise l’industrie polluante qui s’installe sur le toit des citoyens’


Plus de 1000 personnes de la campagne « Code rouge » ont bloqué le site de la raffinerie TotalEnergies à Feluy et le dépôt à Liège le week-end dernier pour exiger l’arrêt total des énergies fossiles. Après les manifestations pour le climat, la contestation se durcit.

Joanie De Rijke9 octobre 202220:43

Dimanche après-midi, les militants ont quitté volontairement le site de TotalEnergies. Pour conclure, ils ont participé à une manifestation à Écaussinnes juste après Feluy, en soutien au Code Rood. La marche était organisée par vingt-cinq organisations, syndicats et ONG. Le mouvement citoyen Code Rood revient sur un week-end réussi, semble-t-il. Environ un millier de militants ont bloqué les routes et les voies ferrées vers et depuis le site de TotalEnergies pendant plus de 24 heures.

L’action s’est déroulée sans violence, mais est moins « sage » que les précédentes manifestations climatiques dans notre pays. Pour augmenter la pression sur l’industrie polluante et le gouvernement, les manifestants optent consciemment pour une approche plus dure, avec des actions comme Ende Gelände en Allemagne comme source d’inspiration.

Dans les jours qui précèdent l’action proprement dite, une formation est dispensée sur la manière d’éviter les violences contre la police et de s’enchaîner à certaines infrastructures. Des leçons sont tirées de chaque action. La nouvelle approche attire déjà l’attention, compte tenu du grand intérêt des médias ce week-end. Code Rood parle d’un « acte historique de désobéissance civile ».

Au début de l’action samedi matin, le groupe « Doigt d’or » s’est mis en branle vers 7h30. A l’aube, environ 300 militants pour le climat s’alignent par rangs de six pour un trajet de sept kilomètres à travers les champs jusqu’au site de TotalEnergies à Feluy. Objectif : un blocage complet des infrastructures, c’est-à-dire des routes et des voies ferrées vers et depuis le site.

« Symbole de l’industrie polluante »

Les militants du climat veulent prendre position contre l’industrie des énergies fossiles qu’ils considèrent comme responsable de la «crise climatique et sociale perturbatrice». « Je suis là avant tout pour protester contre les énormes surprofits des énergéticiens, raconte Jules, un trentenaire de la région. Jules est son nom de code, comme la plupart des militants, il ne veut pas révéler son vrai nom afin de rester anonyme vis-à-vis de la police. « Bien sûr, le climat joue aussi un rôle, mais je suis surtout préoccupé par les prix exorbitants de l’énergie avec lesquels ils frappent la population. Alors que des pollueurs comme TotalEnergie s’enrichissent de plus en plus.

Il ne s’agit donc pas d’une simple manifestation « verte » cette fois-ci. Le portefeuille joue également un rôle. « Nous nous concentrons sur TotalEnergies car c’est l’un des plus gros pollueurs », explique Jolien Paeleman, porte-parole de Code Rood. « L’entreprise est un symbole de l’industrie polluante qui se déroule aussi sur le toit des citoyens. TotalEnergies a réalisé des bénéfices records ces derniers mois. En attendant, les gens ne savent pas comment passer l’hiver. »

Tout est lié, selon Liliana, une Britannique qui vit à Gand. « Je suis moi aussi ici pour protester contre les profits excessifs de TotalEngergies. L’entreprise exploite à la fois les gens et le climat. Je défends les deux.

Elle s’attend à ce que beaucoup de citoyens en colère descendent dans la rue cet hiver et qu’on ne puisse plus ignorer la colère du peuple. Mais les militants du Code Rood eux-mêmes rejettent catégoriquement l’usage de la violence. Des accords clairs ont déjà été conclus à ce sujet, déclare Peter du mouvement climatique Extinction Rebellion.

L’action est divisée en petits groupes, les soi-disant «doigts», environ cinq au total, explique-t-il. « Les ‘doigts’ fonctionnent tous de manière autonome, nous ne savons pas ce que font les autres. Chaque groupe bloque sa propre place sur le site. Code Rood a délibérément opté pour une structure horizontale.

Les militants s’unissent sous le nom de Code Rood.Image Tim Dirven

La police a perquisitionné le camping des militants dans la nuit de vendredi à samedi, raconte Peter. « Elle a fouillé notre matériel mais n’a apporté que des balles de paille. Si la police forme une barrière, nous utilisons des balles de paille pour essayer de la briser, précisément parce que nous ne voulons pas utiliser la force. La police le sait aussi, c’est pourquoi ils ont retiré la paille.

kayakistes

Lorsque le « Doigt d’or » arrive sur les lieux après plus d’une heure sous l’œil des policiers, tout le groupe s’engage immédiatement sur la voie pour s’accrocher à la voie ferrée sur quelques centaines de mètres. Cela se fait via des armlocks, des tubes métalliques dans lesquels les militants mettent leurs bras pour s’enchaîner les uns aux autres ou en l’occurrence aux voies ferrées. Les pierres sous les rails sont enlevées en un rien de temps afin que les clés de bras puissent être rivetées sous les rails.

Le pont à l’entrée du site est également occupé afin que les camions ne puissent plus passer. Les kayakistes s’affairent avec des banderoles sur l’eau. A Wandres, près de Liège, une centaine de militants du Code Rood occupent le dépôt de TotalEnergies. Non loin de l’entrée se trouve un groupe de policiers costauds en tenue de combat. Les militants sont autorisés à venir ici, pas plus loin, entend-on.

« S’ils veulent rester sur les rails, nous les laisserons faire. Les premiers trains de marchandises pour TotalEnergies ne circuleront que lundi, nous avons donc tout le temps de les faire descendre. Les agents peuvent espérer que les militants s’ennuieront bientôt à mort et partiront ensuite de leur propre chef. Mais cela n’en est pas arrivé là lorsque les militants ont quitté le site de leur plein gré dimanche après-midi.

TotalEnergies annonce être pleinement engagé dans les transitions énergétiques. Cette année, l’entreprise investit quatre milliards d’euros dans des capacités de production d’énergies renouvelables.



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