Total accusé d’être complice de crimes de guerre russes en Ukraine


TotalEnergies est la cible d’une plainte pénale accusant la compagnie pétrolière française de complicité de crimes de guerre pour avoir prétendument aidé l’armée russe dans son invasion de l’Ukraine.

Dans une plainte déposée jeudi, l’ONG bordelaise Darwin Climax Coalitions et l’ukrainien Razom We Stand ont allégué qu’un champ gazier sibérien appartenant en partie à Total fournissait de la matière première pour du carburéacteur soupçonné d’avoir été utilisé par l’armée russe contre des civils ukrainiens. Le parquet de Paris doit maintenant décider d’ouvrir ou non une enquête.

La plainte est une tentative de tester la responsabilité juridique des entreprises occidentales ayant des investissements en Russie concernant la guerre de Moscou contre Kyiv, qui a impliqué des crimes de guerre présumés tels que des attaques contre des civils. Total a nié tout acte répréhensible.

La plainte fait suite à une décision rendue en mai par la cour d’appel de Paris confirmant les charges retenues contre Lafarge pour complicité de crimes contre l’humanité. Le groupe cimentier français est accusé d’avoir effectué des versements, via une filiale, à des groupes armés dont Daech pendant la guerre de Syrie en 2013 et 2014. Lafarge a nié tout acte répréhensible.

La plainte contre Total s’articule autour des allégations de Global Witness publiées par Le Monde en août. Le groupe de campagnes a allégué que le gaz d’un champ exploité par Terneftegaz, une société contrôlée conjointement par Total, a été traité par une usine appartenant à Novatek – dans laquelle Total détient une participation minoritaire – puis vendu à une usine appartenant à Gazprom liée au Russe militaire.

Le directeur général de Novatek, Leonid Mikhelson, a été sur le Liste des sanctions britanniques depuis avril en raison de ses liens avec le gouvernement russe. Novatek et Terneftegaz n’ont pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.

Total, dans un courriel, a qualifié les accusations de complicité de crimes de guerre de “scandaleuses et diffamatoires”. Il a contesté l’affirmation selon laquelle le gaz traité aurait pu être utilisé par l’armée russe comme carburant pour ses avions.

Total a déclaré qu’il n’avait aucun contrôle opérationnel sur Novatek et que les activités de Novatek n’étaient pas liées à l’armée russe. La compagnie énergétique française a depuis vendu sa participation de 49% dans Terneftegaz, a-t-il déclaré.

“Il n’y a plus d’investissements dans de nouveaux projets” en Russie, a déclaré ce mois-ci le directeur général de Total, Patrick Pouyanné. Il a ajouté que la société continuerait à expédier du gaz liquéfié depuis la Russie “tant qu’il n’y aura pas de sanction de l’Europe sur le gaz car nous contribuons à la sécurité d’approvisionnement de l’Europe”.

“Des niveaux sans précédent de surveillance médiatique” sur les crimes de guerre en Ukraine ont privé les entreprises actives en Russie de la possibilité de plaider l’ignorance, a déclaré William Bourdon, l’un des avocats des droits de l’homme représentant l’ONG.

Bourdon a fait valoir qu’une entreprise peut être financièrement complice d’un crime de guerre en vertu de l’article 25 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale tant qu’elle avait connaissance de l’acte, même si elle n’avait pas l’intention qu’il soit commis.



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