Todd Haynes met en scène la transformation d’une actrice en une femme au passé compliqué


PImaginons que tout parte de fascination pour la culture des tabloïds, le vrai crime et les colonnes populaires « ce qui leur est arrivé ». Todd Haynes qui est un réalisateur amoureux du mélodrame (Loin du cielégalement avec Julianne Moore, était un hommage au cinéma de Douglas Sirk), avec mai décembre il ne manque pas une autre occasion de jouer avec des fragments de l’histoire des mœurs hollywoodiennes.

Natalie Portman et Julianne Moore en mai décembre.

Son mai décembrepassé très tard hier soir nous mettant à l’épreuve, le met sur le terrain deux stars, deux actrices consommées et très emblématiques (Julianne Moore et Natalie Portman) à qui il confie la tâche de révéler l’artifice, le moment de transition, la transformation de la réalité en images prêtes à la consommation.

De la vie à l’écran

Moore est Gracie, une femme de 60 ans de Savannah, en Géorgie, dans le Grand Sud, mariée à un homme beaucoup plus jeune. Le couple accueille, lors d’une garden party pour le quartier (mais quelqu’un a laissé une boîte pleine d’excréments sur le paillasson, et apparemment ce n’est pas la première fois), Elisabeth (Portman), l’actrice de télévision qui dans quelques semaines aura pour tâche de porter son histoire à l’écran.

Gracie, un quart de siècle plus tôt, s’était retrouvée en prison, comme délinquante sexuelle, pour avoir eu une histoire d’amour avec un étudiant de 13 ans, Joe, qui est maintenant son mari et père de 3 enfants (il y en a d’autres du mariage précédent, et la relation avec eux est houleuse, surtout avec le garçon, maintenant adulte (« cette histoire a ruiné ma vie ») qui était le camarade de classe de Joe).

La famille que Gracie et Joe ont formée et qui 25 ans plus tard tient toujours la route, a une apparence heureuse, mais les enquêtes d’Elisabeth visant à retour de la « vérité du personnage » (il semble n’y avoir rien de plus important) réveiller des émotions endormies et domestiquées. Ce qui intéresse ici Todd Haynes, c’est avant tout le processus, la métamorphose, « les zones grises » dont Elisabeth parle lors d’un cours sur l’art d’agir donné dans la classe d’une des filles du couple lors de son séjour à la ville.

Julianne Moore et Natalie Portman.

Elisabeth « répète » les scènes à l’usage et à la consommation des spectateurs du film que nous regardons (la scène où les deux femmes se maquillent, où nous nous tenons derrière un miroir imaginaire), avant même ceux pour qui la télévision le film est destiné à entrer en jeu qui va tourner : visiter l’animalerie où le couple a été pris en flagrant délit et mimer la séduction avec un fantôme, il se transforme en Gracie comme les chrysalides que Joe garde sous verre pour admirer leur transformation en papillonsbelles créatures, éphémères et faites pour être admirées.

Jonathan Demme les avait également utilisés – et ils avaient très bien fonctionné – dans le Le silence des agneaux raconter un autre mystère insondable, celui d’un tueur en série.

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