Timide en Serie A, guerrière en Ligue des champions : tous les secrets de la belle Inter la nuit

En championnat, les nerazzurri ont perdu 34% des matches disputés (10 sur 29), dans les autres compétitions seulement 15% (2 sur 13). L’équipe donne le meilleur quand le tour suivant se joue, ça sent l’odeur d’un trophée ou le dos au mur

C’est une version Doctor Jekyll et Mister Hyde de l’Inter qui joue en championnat et dans d’autres compétitions cette saison. En Serie A, surtout à partir de février, les nerazzurri sont timides, peureux et quand ils descendent, ils sont incapables de revenir. Lors des quatre dernières journées, ils n’ont gagné qu’un seul point et, au classement, ils sont en chute libre. En Champions League, Coppa Italia et Supercoppa Italiana, en revanche, ils ont le culot, les idées claires et surtout… ils obtiennent des résultats importants. En Europe notamment, ils ont remporté deux de leurs trois derniers matches à élimination directe et n’ont encaissé aucun but lors de ces récupérations de plus de 270′. C’est un Inter… beau la nuit, une définition qu’Avvocato Agnelli avait forgée pour Boniek (à l’époque le championnat jouait toujours le dimanche à 14h30 ou 15h ; le soir seulement les coupes d’Europe), mais qui convient aussi à Inzaghi entraînement. Au-delà de l’heure de début du match, cependant, la compétition semble être avant tout décisive : c’est l’intérieur ou l’extérieur qui exalte Brozovic et ses compagnons. La routine du championnat, d’autant plus que Naples s’est révélée imprenable, déprime l’Inter qui a sombré à la cinquième place, même en dehors de la surface de la Ligue des champions. En Europe en revanche, lors des trois matches de la phase à élimination directe, les Nerazzurri n’ont pas encore vu Onana récupérer le ballon au fond des filets ; idem lors de la finale de la Supercoupe d’Italie remportée contre Milan en Arabie. Ils ressemblent à deux équipes différentes et les chiffres le prouvent aussi.

POURCENTAGE DE DÉFAITES

Sur les vingt-neuf journées de Serie A, l’Inter a encaissé 16 victoires, 3 nuls et 10 défaites : le pourcentage de KO est de 34 % soit un pour 3 matches joués. Dans les autres compétitions il n’y a que 2 faux pas en 13 matches entre la Ligue des Champions (9), la Coppa Italia (3) et la Supercoppa Italiana (1) soit 15%. Les chiffres ne sont certainement pas le fruit du hasard. C’est comme si cette équipe, alors qu’elle sait qu’elle a tout pour jouer, se branche d’un coup et l’attention est à son maximum. Les armoiries de l’adversaire ont-elles quelque chose à voir avec cela ? Les petites et moyennes entreprises italiennes ne motivent-elles pas comme Barcelone, Porto et Benfica en Europe, comme la Juventus et l’Atalanta en Coupe d’Italie ou comme Milan en finale de la Super Coupe ? Peut-être… Le sentiment est que cet Inter est à l’opposé de la formation de Conte ou d’un championnat diesel qui tremblait en Ligue des champions : les hommes d’Inzaghi sont plus adaptés aux compétitions de courte durée et peinent à trouver les bonnes motivations quand c’est « seulement » qualification pour la prochaine Ligue des champions, vitale pour les comptes du club. C’est comme s’il fallait les coincer pour ne pas se tromper. Et puisque dans certaines compétitions, c’est-à-dire dans les coupes nationales et dans le top trophée continental, il est interdit de se tromper et on n’a pas le temps d’y remédier…

SIMON DE COUPE

Peut-être que l’ADN de l’équipe est aussi le résultat de l’ADN de son entraîneur. Inzaghi compte 6 trophées sur sa vitrine entre les Coupes d’Italie (2) et la Supercoupe d’Italie (4). Pas un mauvais tableau d’affichage pour un entraîneur de 47 ans qui a entraîné la Lazio et l’Inter. Pourrait-il avoir quelques titres de plus? Il a perdu le Scudetto la saison dernière face à un Milan inférieur sur le papier et regrette toujours l’épidémie de Covid car la Lazio 2019-20, avant l’arrêt dû à la pandémie, semblait pouvoir mettre la Juventus derrière lui. Jusqu’à présent, en bref, Simone a fait mieux en coupe qu’en Serie A. Le tableau est encore plus clair si l’on considère la Ligue des champions : lors des trois dernières éditions, il a toujours dépassé la phase de groupes et maintenant il est en quart de finale pour la première fois. En effet, avec un pied en demi-finale après le 2-0 de Da Luz. Si les critiques lui reprochent son incapacité à toujours faire performer le groupe au mieux sur le long terme, impossible de ne pas reconnaître la capacité à faire jouer son équipe au mieux dans les grands matches hors Serie A. Grâce à la résultats négatifs en championnat, Inzaghi s’est envolé pour Lisbonne… avec le banc même fragile pour le moment, pas seulement pour la saison prochaine. Il a répondu en conquérant un stade où la Juventus avait perdu et le PSG avait fait match nul. Samedi, nous revenons jouer en championnat, à San Siro contre Monza, et si nous étions lui, nous serions inquiets. Au moins pour quelques heures encore, cependant, l’entraîneur de Plaisance profitera également de l’exploit avec Benfica et ne verra plus les fantômes des remplaçants planer au-dessus de sa tête. Le banc de l’Inter est toujours le sien et ceux qui le connaissent assurent qu’il n’a pas l’intention de se le faire enlever facilement.



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