LIliana Segre est une femme dure. Cela n’a rien de condescendant. Pour survivre à Auschwitz, et pour raconter ce qu’on a subi, il faut être très fort, et parfois dur.
Cela ne signifie pas ne pas connaître l’amour. Au contraire, c’est l’amour qui a sauvé Liliana Segre.
Un amour contenu dans deux poignées de main. L’adieu à son père, qui était parmi les noyés à Auschwitz, pas parmi les sauvés. Et celle d’accueillir l’homme de sa vie, son mari.
C’est un bel ouvrage, le podcast que Myrta Merlino dédie à Liliana Segreréalisé par Chora Media avec le Corriere della Sera.
Vous pouvez l’entendre sur toutes les plateformes de podcasts gratuits, ainsi que sur le corriere.it
Je connais bien Myrta. C’est une femme qui sait écouter et comprendre les autres femmes. Elle est une amie de Liliana Segre depuis des années. Pour les 92 ans à vie de la sénatrice, elle a recueilli son histoire.
Dans le premier épisode Liliana est une petite fille, entourée de l’affection de son père et de ses grands-parents, alors qu’en raison des lois raciales, il lui est interdit d’aller à l’école. Dans troisième épisodeLiliana retourne à l’école à l’âge adulteaprès la terrible expérience de la déportation et les longues décennies de silence, de transmettre aux enfants le sens de la suprême injustice subie et le suprême courage avec lequel il a su réagir.
Mais le cœur du podcast est le deuxième épisode. Ici on comprend mieux le titre général, « Hold my hand ». C’est l’histoire de comment Liliana, après avoir dû lâcher la main de son père, retrouve celle d’Alfredo, l’homme de sa vie. Elle a dix-huit ans et a déjà vu le pire qu’une personne puisse voir.
Il la rencontre, la reconnaît, retrouve le chiffre tatoué sur sa peau, la réconforte, lui fait redevenir un être humain, une femme. Il la sauve de toutes les manières dont il peut être sauvé. Et il devient son mari, le père de ses enfants.
Survivre au camp de concentration laisse des blessures indélébiles. Liliana Segre en a parlé avec le témoin le plus célèbre, Primo Levi. Pour Levi, il n’était pas possible de vraiment sortir d’Auschwitz en toute sécurité; en fait, il a choisi la mort. Liliana a plutôt choisi la vie grâce à l’amour.
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