Entre les innombrables pylônes électriques de la centrale à haute tension de Diemen, on peut entendre des martelages, des sciages et des cris d’hommes portant des casques blancs et des gilets jaunes. Des techniciens installés sur deux plates-formes aériennes dominent les câbles. Une camionnette émet un bip lorsqu’elle recule. Il s’agit normalement d’une station silencieuse et sans pilote du gestionnaire de réseau Tennet, destinée à convertir la haute tension en basse tension pour les foyers et les entreprises de la région et au-delà. C’est maintenant un chantier de construction très fréquenté.

Depuis près d’un an, soixante-dix personnes travaillent ici selon un horaire serré. La centrale doit être rénovée pour faire face à l’énorme demande croissante d’électricité. Cela s’applique également aux plus de 350 autres stations à haute tension néerlandaises.

Pour atteindre les objectifs climatiques, les Pays-Bas doivent passer à l’électricité verte, produite par exemple par des panneaux solaires et par l’énergie éolienne. Mais il faut ensuite qu’il y ait suffisamment de câbles et d’autres infrastructures de transport pour transporter toute cette électricité de la source à l’utilisateur. Ce n’est pas le cas actuellement. Les 13 264 pylônes à haute tension de Tennet ne peuvent pas faire face à l’électrification des Pays-Bas. Près de dix mille entreprises font la queue pour acheter de l’électricité. Dix mille autres pour la livraison. Le réseau électrique est saturé.

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Dans les années à venir, Tennet installera donc 1 350 kilomètres de nouveaux câbles plus modernes et construira 55 nouvelles stations haute tension. Les stations existantes doivent être équipées des dernières technologies pour pouvoir convertir toute cette énergie supplémentaire de la haute à la basse tension sans être surchargé.

Tennet a désormais commencé par ce dernier, comme ici à Diemen. Les blocs conducteurs assurant la mise à la terre, les interrupteurs et les transformateurs – dont beaucoup datent des années 1970 – sont tous remplacés par des variantes capables de gérer une tension beaucoup plus élevée. Coûts pour cette seule station : environ 20 millions d’euros.

Crépitement

Des câbles sans fin courent en lignes épurées d’un mât à l’autre. Un homme dans une nacelle élévatrice connecte les câbles aux nouvelles pièces au sommet du mât. Les crépitements indiquent que les câbles à quelques mètres à côté de lui sont bien sous tension. Un superviseur avec un casque blanc et un talkie-walkie dans la poche regarde attentivement les plates-formes élévatrices pour s’assurer qu’elles ne s’approchent pas accidentellement trop près d’une partie sous tension. Entrer en collision avec lui est fatal.

L’expansion, c’est comme réparer des pneus et faire du vélo en même temps, disent-ils chez Tennet. Afin de continuer à alimenter la zone en électricité, une partie de l’infrastructure de cette centrale doit rester en service. Normalement, l’énergie est ici transportée sur deux « chemins ». De cette façon, il y a un travail de sauvegarde. Si l’une des deux voies tombe en panne, toute l’électricité peut circuler par une seule voie. Lors du renforcement de cette station, les travaux sur chaque mât et câble sont planifiés de manière à ce qu’un itinéraire reste toujours disponible. Cela s’est mal passé ici lors d’autres travaux en 2015. Même si la perturbation dans cette gare de Diemen n’a duré qu’une heure, les conséquences se sont encore fait sentir quelques jours plus tard. Les métros étaient à l’arrêt, les gens étaient coincés entre des portes qui ne s’ouvraient plus et les feux de circulation ne fonctionnaient plus, les avions qui devaient atterrir à Schiphol ont dû se dérouter.

L’expansion, c’est comme réparer des pneus et faire du vélo en même temps, disent-ils chez Tennet

Le ciel gris s’assombrit. Au premier coup de tonnerre, chacun doit quitter les lieux immédiatement, telle est la règle. Heureusement, il n’y a pas d’orage, sinon la planification serrée aurait été compromise. Ils doivent être prêts ici à 17 heures. Ensuite, les gens rentrent du travail, allument les lumières, la cuisinière électrique et la télévision et mettent la voiture sur le chargeur. Dans de tels moments, il existe un risque supplémentaire de surcharge et Tennet souhaite conserver toute la capacité de transport disponible en guise de sauvegarde. Les gens à la maison ne devraient pas remarquer ce qui se passe ici.

Dans le hangar de chantier à deux étages, une affiche rappelle aux techniciens les risques et les mesures de sécurité. Dans quelques semaines, cette cabane sera démolie et reconstruite dans une autre gare. Jusqu’à ce que l’ensemble des Pays-Bas ait eu son tour.






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