Augmenter les revenus des vaches donne un nouveau sens au mot moolah. La première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a justement proposé une telle taxe sur le méthane rejeté par les ruminants. Comme on pouvait s’y attendre, le plan est impopulaire auprès des éleveurs de bovins et de moutons déjà confrontés à des coûts d’intrants plus élevés. La demande pour ces deux viandes est relativement sensible au prix.
Les climatologues détestent vraiment le méthane, un gaz à effet de serre dont l’effet de réchauffement est environ 80 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone. Plus de la moitié des émissions mondiales de méthane proviennent des combustibles fossiles et des déchets. La nouvelle loi américaine sur la réduction de l’inflation comprend une taxe sur le méthane pour limiter celles de la première. Mais environ 40 % des émissions de méthane proviennent de l’agriculture, principalement des rots des ruminants et de leur fumier.
Les émissions ont augmenté régulièrement, d’un dixième, au cours des 20 dernières années pour atteindre 3,5 milliards de tonnes de CO2e.
Le débat fait rage sur ce qu’il faut faire de ce secteur depuis des années. En effet, les agriculteurs néo-zélandais ont déjà été confrontés à la menace d’une telle taxe, il y a 20 ans. Les protestations des agriculteurs ont alors contribué à sa défaite.
Les émissions de méthane agricole de la Nouvelle-Zélande, environ 27 millions de tonnes en 2019, n’ont pas beaucoup changé depuis lors, selon les données de la Banque mondiale. Bien qu’elle ait plus de cinq fois plus de moutons que d’habitants, la Nouvelle-Zélande est un tiddler parmi les émetteurs de méthane. Les cinq plus grands, dont le Brésil, l’Inde et la Chine, représentent 43 % des émissions de méthane agricole.
En tant que premier pays à introduire une taxe sur le méthane agricole, la Nouvelle-Zélande établira la norme. Cela dépendra de facteurs tels que le nombre d’animaux, la taille de la ferme et les efforts des propriétaires pour atténuer les émissions, par exemple en variant le type d’aliment.
Si la taxe est mise en œuvre, Ardern a promis de recycler les recettes en aidant les producteurs de viande locaux à la traîne à réduire leur méthane. Même ainsi, on pourrait supposer que les agriculteurs essaieraient de répercuter les coûts supplémentaires sur les consommateurs, ce qui frapperait la demande.
Un 2010 États-Unis étude sur la sensibilité aux prix (élasticité) couvrant 70 ans a révélé que l’augmentation des prix du bœuf aurait trois fois plus d’impact sur la demande que sur des produits agricoles beaucoup plus banalisés tels que les œufs. Suite des études récentes confirmer cela.
Les efforts de la Nouvelle-Zélande pour taxer le méthane méritent l’attention. Faire passer les agriculteurs là-bas sera déjà assez difficile. Dans les pays où les émissions agricoles sont importantes, comme l’Inde et le Brésil, les perspectives politiques pour cela puent.