LEla première Meurtre (sur l’Orient-Express) s’est très bien passé. Le second (sur le Nil), sorti à la toute fin de la pandémie, beaucoup moins. Ce Meurtre à Venisedernier effort de Kenneth Branagh pilleur d’Agatha Christie, il a au contraire toutes les apparences d’un retour au box-office de 2017. Il y a toujours le plus grand écrivain policier de tous les temps, il y a le même scénariste (Michael Green), mais il y a surtout l’apport de la ville des ombres et de l’eaucelui à côté du ticket d’entrée pour trop de touristes, où l’intrigue de Poirot et le massacre des innocents – un roman publié en 1969 – est déplacé de la campagne anglaise vers l’immédiat après-guerre.
Ensuite il y a Le virage d’Hercule Poirot vers l’horreurle seul genre qui, avec le biopic (mais quand il s’agit de Barbie Et Oppenheimer) c’est bien et ça attire aussi les jeunes. Une sécurité, étant donné que le « casting de stars » habituel est un peu moins stellaire que les fois précédentes. Les seuls vrais grands noms sont Michelle YeohOscars 2023, e Jamie Dornan. Et évidemment, Riccardo Scamarciole quota officiel pour la production internationale avec des décors sur le Grand Canal (place occupée pendant de nombreuses années uniquement par Giancarlo Giannini).
Mais justement, à quoi ça sert d’emmener Michelle Pfeiffer et Johnny Depp si vous avez la plus belle ville du monde dans le titre. Sauf que tout, dans Meurtre à Venise, se déroule dans un palais maudit, la nuit. Et c’est une chose d’avoir des trains et des bateaux qui voyagent sur des itinéraires indiqués dans des brochures, mais c’en est une autre d’enfermer le groupe dans un bâtiment, même vénitien. Comment le bon Kenneth résout-il l’impasse ? Avec un grand vol final d’oiseau en spirale au-dessus de la ville, quand tout est résolu et que l’air frais est nécessaire aux survivants. Un survol qui sera aussi un hommage à la commission cinématographique vénitienne, la copie de mille plans aériens typiques des équipages qui suivent le Giro d’Italia, pourtant combien nous aimerions que cela ne finisse jamais.
Meurtre à Venisela parcelle
Donc dans cet ancien bâtiment d’orphelinat semble rempli des fantômes d’anciens enfants torturés, Poirot (Branagh) juge bon d’y aller à l’invitation de son ami Ariane Olivier (Tina Fey) : Auteur mystère à succès, sauf les deux derniers. Le défi, pour l’inspecteur infaillible mais désormais retiré dans la vie privée et en exil volontaire d’Angleterre, est de démystifier une séance organisée le soir d’Halloween par la grande voyante Mme Reynolds (Ouais). Appelé de Rowena Drake (Kelly Reilly), la propriétaire, pour tenter de contacter Alicia, sa fille qui s’est suicidée après des années d’une maladie inconnue.
Invité au sabbat Il y a aussi Le médecin d’Alicia, Leslie Ferrier (Dornan) et son fils de 10 ans, Léopold (Jude Hill), l’aide-soignante d’Alicia, Olga Seminoff (Camille Cottin) et le garde du corps d’Hercule, Portefeuille vital (Scamarcio). Mais pas seulement. Reynolds et Poirot partagent leur expérience de la Grande Guerre, mais bien sûr… celui qui pourrait être un membre fondateur du Cicapet elle est l’invitée de Rosemary Altea au Maurizio Costanzo Show – ils ne se comprennent pas. La séance cache quelques astuces, tandis que Poirot voit et entend des enfants là où il ne devrait rien y avoir.
Hercule Poirot, fantômes et enfants chanteurs
Des choses – apparemment seulement enfumées – ils se compliquent encore avec la mort du médium, pour lequel Hercule lui-même a risqué sa vie – dans une dangereuse erreur d’identité. Qui est ensuite suivi par une autre victime. Une fois la maison verrouillée, l’enquêteur, peu enclin à se remettre sur les rails, finit par interroger tout le monde. C’est la scène classique sans sortie de Christie, unité de lieu et de mort, modifiée par Kenneth et Green en un spectacle de bruits sinistres, de caves et de regards de l’au-delà. Des robinets fermés gouttent, de l’eau de pluie s’écoule des murs secs après un contrôle. Des cris, des portes ouvertes et qui avait la clé. Et beaucoup de plans inclinés.
La société primée de renaissance d’Agatha Cela donne un système de verrouillage assez intéressant, il n’y a pas une seule main criminelle. Cette fois donc, le CGI, l’infographie qui avait sauvé la navigation sur le vrai Nil et la vraie neige bloquant un vrai convoi, n’est même pas si envahissant, tellement faux. Non, pour te faire souffrir en regardant Meurtre à Veniseet plutôt le vernis d’un puzzle généraliste sans style, d’un manuel pratique de la frayeur.
Parce que si le risque de réadapter le texte de Christie’s dans le lagon n’est pas une mauvaise idée, cependant, la succession du grand écrivain est encore nécessaire pour offrir un contrepoint adéquat. D’autant plus si l’axe de l’histoire s’efface, même légèrement, vers le surnaturel. Et les solutions sont trop éhontées dans leurs références, avec des similitudes avec des titres très célèbres connus même du spectateur le plus naïf. Un mélange de cinéma spectaculaire et de littérature qui se fait au détriment des deux.
Il y a quelque chose d’attrayant, n’est-ce pas, dans ce Poirot à la rationalité fragile, avec sa moustache amincie pour qu’on puisse voir sa bouche après le premier film dans lequel elle était recouverte d’un châle de cheveux de carnaval. Mais peut-être que le vide glacial que vous ressentez est précisément là. Dans la conviction que le contour suffit à la place de l’ambiance, que le maquillage équivaut au jeu d’acteur., de l’ennui, de la viscosité, de l’irritation que Poirot a toujours suscité. Et sa moustache soignée mais dégoûtante. Ce que tous ceux qu’il a interrogés lui auraient pour le moins arraché.
Dans Meurtre à Venise ces alignements sont juxtaposésaucun personnage ne reste imprimé, et une fois de plus on revient à réfléchir à l’émerveillement de Bette Davis et Ingrid Bergman dans des adaptations des années 70. Enfin, sur les images de Venise vue d’en haut, voici le vrai frisson : maintenant que l’enquêteur s’est remis au travail, d’autres films vont bientôt arriver.
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