Suburbia montre comment des feux d’artifice phénoménaux peuvent soulever une pièce médiocre


Presque tous les bâtiments ont des issues de secours, des systèmes d’alarme et une protection contre les incendies. Mais les relations n’ont pas de voies d’évacuation visibles, de couvertures anti-feu ou de systèmes de gicleurs. En cas de calamités, cela revient souvent à marcher vers le foyer du feu, aveuglé et étouffé.

Daniel (Ali-Ben Horsting) conçoit des voies d’évacuation dans les parkings, mais ne voit aucune issue à son mariage usé avec Sybille (Hanne Arendzen). Dans leurs dialogues minés tendus, où ils se mesurent constamment entre des silences épaissis, chaque phrase est un danger potentiel. Lorsque Daniels ex Franziska (Alejandra Theus) est également à la porte, la fonte de la banquise sur laquelle les deux se tiennent reçoit un coup supplémentaire.

Ex est d’une part un drame de salon assez prévisible et démodé qui se concentre sur des relations hommes-femmes plutôt problématiques : deux femmes se disputent un homme, alors que cet homme est principalement préoccupé par son propre bonheur et son succès. Heureusement, les contours d’un engagement sous-jacent plus intéressant se dessinent peu à peu. L’auteur de théâtre Marius von Mayenburg veut parler de la façon dont l’inégalité sociale est inextricablement liée à nos interactions interpersonnelles et ses conséquences profondes : du ton de bain que nous utilisons avec désinvolture aux personnes que nous classons comme une classe inférieure, aux choix que nous faisons quand il s’agit concerne les relations. La vérité qui dérange est qu’un architecte peut s’amuser longtemps avec un commerçant, mais il y a de fortes chances qu’il finisse par choisir un médecin (moins gentil).

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Feux d’artifice écrasants

Sans aucun doute, le plus grand pivot dans cette direction d’Albert Lubbers est le superbe feu d’artifice par intérim. En tant que Franziska, Theus prend la dure vérité pour elle avec un jeu ouvert et empathique, vulnérable et combatif, elle est constamment à la recherche d’un nouveau terrain solide sous ses pieds. Et Arendzen joue vraiment au mieux de ses capacités : Sybille est méchante et impitoyable, mais derrière elle se cache une vie de désillusions, de solitude et de tristesse accumulée. Son personnage est autant une bête impitoyable qu’un jeu éméché. Les confrontations entre elle et Franziska vous coupent le souffle.

Theatergroep Suburbia, par exemple, montre comment un jeu phénoménal peut encore relever une pièce médiocre. Horsting a le plus de mal à cet égard, dans le sens où Daniel est indéniablement un personnage antipathique, qui se soucie plus de sa carrière que de ses enfants, aime se vautrer dans la victimisation auto-imposée et perd ainsi de vue toute empathie. Horsting l’interprète avec beaucoup de goût, d’humanité et de compassion, même s’il est tout simplement impossible d’échapper complètement au texte inadéquat de Von Mayenburg.



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