Soudain, nous traversons le territoire du Hezbollah et tout devient silencieux dans la voiture

Les terribles événements survenus en Israël et à Gaza rappellent à José un voyage en voiture à travers le Liban.

Décembre 2017. Avec mon aîné, je rends visite à mon plus jeune, qui vit et travaille au Liban depuis un an. Après deux jours d’errance à travers Beyrouth, nous avons envie de voir davantage le pays. Je loue une voiture et, avec un véritable mépris de la mort, nous nous plongeons dans une circulation folle dans laquelle les gens traversent des tunnels sombres sans éclairage ou s’arrêtent simplement sur l’autoroute. Je suis assis au volant avec les mains moites, le plus jeune à côté de moi montre le chemin, l’aîné sur la banquette arrière me regarde avec anxiété. Une fois sortis de la ville et circulant sur des routes plus calmes, nous pouvons nous détendre. Nous logeons dans des hôtels de charme, mangeons des plats incroyablement délicieux dans des tentes simples, marchons à travers des montagnes enneigées avec des vues à couper le souffle. Sur la route vers le sud, nous approchons d’un barrage routier. Les soldats de service, munis d’impressionnantes mitrailleuses, regardent avec étonnement les trois Occidentales qui se trouvaient dans cette voiture et, après avoir regardé nos passeports, nous laissent passer. Nous passons un autre barrage routier, puis un autre. Et soudain, nous traversons la zone du Hezbollah, le parti musulman militant qui soutient les Palestiniens et a été impliqué à plusieurs reprises dans un conflit sanglant avec Israël. À gauche et à droite de la route, des dizaines de drapeaux flottent avec des photos d’hommes barbus héroïques, martyrs tombés au combat.

Cela devient silencieux dans la voiture. L’aîné couine depuis la banquette arrière : « Je ne fais vraiment pas ça pour m’amuser, je préfère m’allonger sur une plage. »

Nous nous arrêtons au Musée de la Résistance du Hezbollah. La frontière avec Israël est à moins de cinquante kilomètres. A l’entrée on nous assigne un guide, un homme en coupe-vent beige et chapeau noir. Nous sommes les seuls visiteurs.

« Ne posez pas de questions critiques », me siffle le plus jeune. Elle connaît un peu sa mère.

Nous traversons un front mis en scène avec des rouleaux de fil de fer barbelé, des bunkers, des tunnels et des rochers avec des marionnettes soldats derrière eux pointant leurs armes sur les visiteurs. Le guide nous emmène dans une immense fosse remplie de matériel de guerre : des canons, des chars, des jeeps, un hélicoptère, des centaines de casques. Capturé par l’ennemi, dit-il fièrement. Dans un bureau, il explique la situation géopolitique sur une carte. Il me semble qu’Israël n’est pas mentionné par son nom, ni dans le guide ni sur la carte, mais qu’il est désigné comme le pays anciennement connu sous le nom Palestine.

Israël n’existe pas pour le Hezbollah, je me rends compte. Et parce qu’elle estime avoir le droit d’exister, elle doit être anéantie.

J’avale mes questions.

Je pense encore cette semaine à cet homme au chapeau noir lorsque je lis dans les journaux et entends aux informations parler de massacres et d’otages, de morts et de blessés des deux côtés de la frontière. Ik huiver als ik denk aan wat de 1,8 miljoen bewoners van Gaza te wachten staat, nu er geen toevoer meer is van water en stroom, en 360.000 soldaten zich verzamelen om die smalle strook land, twee keer zo groot als Texel, binnen te tirer.

Je pense à cette fosse pleine de matériel de guerre. Je pense à tous ceux qui, au Moyen-Orient, se battront durement dans les semaines à venir pour défendre leur droit à l’existence : œil pour œil, dent pour dent.

J’ai mille questions et pourtant je reste sans voix.

Le créateur de magazine et journaliste José Rozenbroek est un accro de l’information. Chaque semaine, elle écrit une chronique dans Libelle sur ce qui la frappe et ce qui la passionne.



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