Soudain, il y a eu cette tête de Benfica. C’est ainsi que le minimalisme a de nouveau gagné

Avec un peu moins d’une heure et demie pour démarrer, il y a deux mondes autour de l’arène ce soir. Tandis que dans les cafés autour du stade l’anticipation monte sur des airs de classiques hollandais (« je vais nager »), une brigade de CRS est tellement coincée en bas des gradins qu’ils se précipitent vers leurs fourgons un par un pour mettre sur un masque à gaz pour se protéger des pétards qui leur sont lancés comme des pains d’épice.

Une fête de foot ? En diagonale sous l’image de Johan Cruijff à l’entrée nord, c’est le chaos. Hooligans contre la police. Sirènes et tintement de verre. Des bombes au nitrate et des fusées éclairantes volant dans le ciel. Certains supporters attaquent les policiers et les femmes à coups de poing.

Vous pouvez les voir penser, les centaines de supporters qui sont maintenant en route vers leurs sièges dans l’Arena à guichets fermés : qu’est-ce qui ne va pas avec l’autre fan ?

A l’intérieur du stade, tout est différent. Pas de sinistre, juste du plaisir. Un spectacle de lumière. La mer classique des drapeaux. Des visages tendus apparaissent sur le terrain pour les joueurs de l’Ajax et du Benfica alors que l’hymne du tournoi de football le plus prestigieux du monde retentit. En jeu : Une place en quart de finale de la Ligue des Champions.

Immédiatement l’Ajax vole dessus. Les Portugais sont mis sous pression dès les premières minutes. L’Ajax joue offensivement. Pas de balles larges mais vers l’avant. Plus il peut marquer rapidement, plus Benfica devra prendre de risques. Wait and see, les Eagles de Lisbonne sont bons à ça. Ils ont de la patience. Plus qu’Ajax.

Auparavant, le match était qualifié de match le plus important de l’Ajax en trois ans. Cela était principalement dû aux deux campagnes précédentes en Ligue des champions. Le cortège triomphal jusqu’aux demi-finales (2019) est en effet gravé dans les mémoires, mais les saisons suivantes l’Ajax échoue en phase de poules. Ajax-indigne, était le ténor dans les médias. Du moins, mesuré par la norme qu’Erik ten Hag semblait avoir établie au cours de cette merveilleuse année. Une nouvelle norme. Le fan de l’Ajax en veut toujours plus.

Cette saison est également mémorable. Après tout, l’Ajax n’a jamais gagné six fois en phase de groupes

Phase de groupes mémorable

Cette saison va aussi être mémorable, c’est certain. Après tout, l’Ajax n’a jamais gagné six fois en phase de groupes. Mais que valent ces matches si Ten Hag arrive au De Toekomst mercredi matin, sachant qu’il ne s’envolera plus vers les plus beaux stades d’Europe ce printemps ? Rien. Gloire vite oubliée.

Cela signifie que les choses doivent s’améliorer contre Benfica de « quelques pour cent », comme l’a dit l’entraîneur avant son cinquantième duel européen au service de l’Ajax. Il a déjà dépassé Frank de Boer et si l’entraîneur ne se laisse pas attirer par un top club venu d’ailleurs l’été prochain, il passera sans doute aussi Louis van Gaal, qui a disputé le plus de matches européens (57) à son actif.

Malgré la prépondérance, Ten Hag n’aurait pas été rassuré juste avant la pause, alors qu’il se tenait dans son compartiment coach les mains dans les poches. Hormis quelques tirs lointains, le jeu de l’Ajax n’a pas donné les occasions souhaitées. Vraiment les frissons n’auront pas eu les trois mille portugais de la branche.

A Lisbonne, c’était devenu 2-2. Auparavant une position soignée. Grâce à ces deux buts, l’Ajax aurait eu la meilleure position de départ, mais comme les buts à l’extérieur ne comptent plus double, les deux équipes ont en fait commencé avec une feuille blanche à Amsterdam.

Cela a-t-il été favorable à l’Ajax ? Il y avait aussi la peur à Amsterdam. Peur des compteurs. Une poussée meurtrière, les Portugais l’ont utilisé plus souvent en huitième de finale. Pensez à celui entre les Pays-Bas et le Portugal lors de la Coupe du monde 2006. Minimalisme sur le terrain de football, non seulement l’anti-image, mais aussi le spectre des Pays-Bas en tant que nation de football.

Cela reste passionnant. Aussi en deuxième mi-temps. Avec douleur et effort, l’Ajax essaie de maintenir la pression. Steven Berghuis et Antony qui veulent avoir le ballon. Ryan Gravenberch tente de se frayer un chemin à travers les lignes étroites de Benfica. Haller qui attend son douzième but en Ligue des champions. Mais cela ne fonctionne pas.

C’est le scénario qui faisait tellement peur à l’Ajax. Maintenant, ils vont se pencher, les Portugais, alors que l’Ajax doit

Vient ensuite la 77e minute. Un coup franc de Benfica. Les Portugais, avec l’ancien joueur de l’Ajax Jan Vertonghen comme leader sur le terrain, sont constamment dangereux dans les airs. Aussi maintenant. Le gardien André Onana commet une erreur. Pas l’Uruguayen Darwin Núñez. Il dirige parfaitement le ballon et met en extase les supporters lisboètes qui l’accompagnent.

C’est le scénario qui faisait tellement peur à l’Ajax. Maintenant, ils vont se pencher, les Portugais, tandis que l’Ajax doit, sachant qu’il n’y a pas de temps à perdre pour l’égalisation avec laquelle il peut traîner une prolongation. Traîner oui, c’est ce que l’on ressent maintenant, car il reste peu de la confiance que l’Ajax a suscitée dans la phase initiale. Daley Blind, Noussair Mazraoui, ils n’arrêtent pas de balancer le ballon devant le but, mais c’est comme si les défenseurs de Benfica faisaient tous une tête de plus que les joueurs de l’Ajax. Étaient-ils meilleurs ? Cela sera discuté pendant longtemps. Le fait est que ce n’est pas l’Ajax mais le Benfica qui est en quart de finale. Le football minimaliste a gagné. Temps.



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