‘Softie’: le film gagnant du Filmin’s Atlántida Film Fest 2022


Après le succès de l’édition en présentiel à Majorque, avec un nombre record de spectateurs, un tapis rouge (d’Isabelle Huppert à la Reine Letizia) et des concerts à pleine capacité (Tarta Relena, Rita Payés, Cecilio G, Amaia…), maintenant c’est au tour de l’édition en ligne de Festival du film Atlantis à Filmin (jusqu’au 25 août). Parmi tous les titres de la section officielle, ‘Softie’ se démarque, prix du meilleur film à Majorque (le jury était composé de Leticia Dolera, Eneko Sagardoy et Nacho Vigalondo) et grand favori pour gagner également en ligne grâce aux votes du public (Pour l’instant c’est le mieux noté).

‘Softie’ a été salué par son bon accueil au Festival de Cannes l’an dernier, où il a participé à la section Semaine de la Critique (il partageait une place avec ‘Libertad’ de Clara Roquet) et au récent Festival du film D’A à Barcelone, où était le gagnant Le film est le premier solo de Samuel Theis, qui avait co-réalisé le film primé « A Thousand Nights, A Wedding » (également disponible sur Filmin).

A forte charge autobiographique (l’histoire se déroule dans la ville natale du réalisateur, Forbach, à la frontière avec l’Allemagne), ‘Softie’ (‘Petite nature’ en français d’origine) narre l’éveil sexuel, intellectuel et conscient de classe d’une dizaine -garçon d’un an, pré-adolescent contraint de mûrir et d’assumer des responsabilités avant l’âge en raison de sa situation familiale (il vit dans un appartement de protection officiel avec sa jeune mère divorcée et ses deux frères). En ce sens, le film rejoint le roman récent (et excellent) « L’histoire de Shuggie Bain », où une situation similaire est racontée.

A travers la figure d’un enseignant fraîchement arrivé, un mentor qui stimule son intellect, sa sensibilité et son désir, l’enfant protagoniste (le naturel surprenant du débutant Aliocha Reinert) prend conscience de qui il est et de qui il aimerait être, de ce il est le monde dans lequel vous vivez et à quoi ressemble le monde dans lequel vous aimeriez vivre. Le réalisateur raconte ce processus de croissance personnelle avec une subtilité et une sensibilité énormes, à travers une mise en scène énergique et naturaliste, sans juger les personnages, et sans jamais mettre le discours au premier plan ni tomber dans des traits mélodramatiques, criards ou dénonciateurs sociaux.

Un chemin de vie douloureux, une recherche intuitive de soi, qui aura sa révélation finale : une épiphanie au rythme de « Child in Time » de Deep Purple qui fonctionne comme une brillante métaphore du désir d’émancipation de l’enfant, de sa volonté de fer d’essayer forger son propre destin. ‘Softie’, avec ‘Petite maman’ (2021) et ‘Un petit monde’ (2021), forment la parfaite trilogie sur l’enfance dans le cinéma d’aujourd’hui.



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