La presse internationale est impitoyable envers le président européen Charles Michel. Dès le premier jour, le libéral a été un peu trop désireux de se mettre sous les projecteurs. Avec une facture aérienne explosée comme dernière réalisation.

Anne De Boeck

De New York à Pékin, de Phnom Penh à Johannesburg, de Doha à Tokyo. Pas une semaine ne se passe sans que Charles Michel descende d’un avion quelque part dans le monde pour serrer la main d’un chef d’Etat. Cela fait partie du travail, souligne son entourage. Mais le comportement de voyage du président européen suscite de plus en plus d’agacements dans les milieux européens.

« L’année prochaine, ses frais de déplacement s’élèveront à 2 millions d’euros, alors que ses prédécesseurs Herman Van Rompuy et Donald Tusk ne dépassaient pas les 500.000 euros », note le journal français. Le monde ce week-end dans un article critique sur les « frais de voyage explosés » de Michel. Le libéral utiliserait un peu trop avidement les jets privés, même pour de courtes distances. Pour un trajet Bruxelles-Paris, il préfère une voiture avec chauffeur privé au Thalys. « Assez paradoxal, puisque l’Europe sera CO d’ici 20502vouloir être neutre.

Il y a trois semaines, la présidence de Michel a également été rasée par le principal site d’information Politique. Depuis le sommet confus de l’UE début février, auquel le président ukrainien Zelensky était l’invité, Michel aurait complètement perdu les rênes. La Première ministre danoise Mette Frederiksen, entre autres, a exprimé son mécontentement face à la manière dont Michel a laissé les débats s’éterniser. Aussi le président français Emmanuel Macron – un compagnon de route de Michel – ne cacherait pas son agacement.

Le coeur de la critique ? Ce Michel de 47 ans préfère parcourir le monde plutôt que de s’occuper du travail pour lequel il a été nommé : mettre les 27 chefs de gouvernement européens sur la même longueur d’onde. Son deuxième et dernier mandat de président du conseil expire fin 2024. La teneur de la bulle européenne de Bruxelles est que Michel essaie de se présenter pour un nouveau poste de haut niveau. En tant que futur représentant de la politique étrangère européenne, entre autres, ou en tant que « Spitzenkandidat » pour le groupe libéral.

Ambiance risible

A première vue pourtant, Michel ne semble pas trop mal s’en tirer. Depuis la guerre en Ukraine, l’UE a déjà approuvé dix paquets de sanctions contre la Russie. Les tentatives de Poutine de jouer les partenaires européens à part ont toujours échoué. « Je pense que la négativité à propos de Michel est exagérée », déclare le politologue Hendrik Vos (UGent). « Si vous le regardez objectivement, il y a actuellement plus de consensus que vous ne le pensez. Et c’est finalement sa tâche la plus importante.

Pourtant, l’agacement de ses petits côtés humains prend le dessus. « En tant que président du Conseil, vous devez être capable de vous effacer, comme un haut diplomate », déclare la députée européenne Kathleen Van Brempt (Vooruit). « Mais s’ignorer n’a jamais été la grande qualité de Michel, pas même lorsqu’il était encore Premier ministre de Belgique. Il était trop heureux d’être sous les projecteurs pour ça. Dans les couloirs du Parlement européen règne une ambiance dérisoire autour du président du Conseil quelque peu convulsif et insistant.

Cette critique n’est pas nouvelle. Dès le premier jour, Michel a été décrit dans la presse spécialisée européenne comme quelqu’un qui et trébucher roulé d’un emploi supérieur à l’autre. Quelqu’un qui ne pouvait pas se contenter d’un rôle dans les coulisses, contrairement à Van Rompuy, par exemple. Sa rivalité obstinée avec la présidente de la Commission Ursula von der Leyen fait régulièrement rire alors qu’ils rivalisent à nouveau pour être le premier à rencontrer la figure de proue de l’UE Zelensky ou le président américain Joe Biden.

‘Sofagate’ s’accrochera à sa présidence pour toujours. Lors de la visite du président turc Erdogan en 2021, Michel s’est assis dans le seul siège disponible en face d’Erdogan, tandis que von der Leyen a été relégué aux figurants de deuxième classe. Juste au moment où l’UE voulait faire une déclaration sur les droits des femmes en Turquie.

Sur la grille

Mais rire est peu à peu hors de question, car la critique est très sérieuse. Les dépenses de Michel feront même bientôt l’objet de discussions au Parlement européen. Les parlementaires belges n’épargneront pas leur compatriote. « C’est logique qu’on se pose des questions », explique Sara Matthieu (Groen). « De nombreux citoyens ont actuellement du mal à joindre les deux bouts. Ensuite, c’est aux dirigeants européens de donner le bon exemple.

Selon les Verts, les nombreux vols privés de Michel sont également en contradiction avec le Green Deal visant à rendre l’Union européenne climatiquement neutre d’ici 2050. Matthieu : « D’autant plus que l’Union européenne dispose d’un réseau ferroviaire bien développé. » Le groupe socialiste S&D remet également en question la méthode de travail de Michel, dit Van Brempt, et envisage son approche dans le débat à venir cette semaine.

Et Michel lui-même ? Selon son entourage, cela est injustement ciblé. Par exemple, l’augmentation de son budget voyage pour 2024 aurait été estimée trop élevée par l’administration européenne. « Peut-être que ce montant ne sera pas atteint dans la pratique. » Selon un porte-parole, la critique de son attitude présidentielle n’a également que peu de sens. Oui, Michel remplit son rôle avec passion. Et oui, ça tape sur les nerfs de certains. Mais peut-il lui en être reproché ?



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