Sjinkie Knegt devrait renoncer à son pain, dit le biohacker qui emprunte de l’argent à la science


J’ai appris à mes dépens qu’on entre dans un champ de mines dès que l’on fait des allégations nutritionnelles en combinaison avec des allégations de santé (non) scientifiques. Je citerai quelques carrefours : les produits laitiers acidifient le corps, les œufs sont les règles d’une poule et « si vous mangez moyen, vous vous sentez aussi moyen ». Ce ne sont pas mes idées, mais des hypothèses que les diététistes en ligne partagent avec leurs centaines de milliers d’abonnés.

J’ai donc commencé le premier épisode lundi Le projet Biohack. L’ancien rameur olympique et « biohacker » Govert Viergever enseignera à cinq célébrités comment « maîtriser leur corps et leur esprit ». Ils se laissent enterrer vivants, marchent sur une passerelle de 100 mètres de haut qui dépasse d’un gratte-ciel et cassent des briques en deux à mains nues. S’ils résistent à une exposition à un « stress extrême », ils ressentent moins de stress et plus de concentration par la suite. Avec les « outils et techniques » de Viergever, ils « apprendront à tirer le meilleur parti de leur corps ».

L’idée du corps comme une machine que l’on peut optimiser en tournant les bons boutons est tout sauf nouvelle. Je ne vais jamais plus loin qu’un bon sommeil, une alimentation saine et suffisamment d’exercice, mais c’est vraiment trop simpliste. Le biohacker emprunte à la science et applique ses connaissances même si rien n’a été démontré ou prouvé (encore). Le journaliste scientifique Adriaan ter Braack, connu pour son pseudonyme en ligne Sjamadriaan sur X et Instagram, KRO-NCRV est déjà accusé de donner une tribune à la « pseudo-science ». Le biohacking, écrit-il, est une « nouvelle image branchée de la médecine alternative ».

Langage doux

Monic Hendrickx, actrice, espère qu’après The Biohack Project, elle « se sentira bien dans sa peau » et « profitera davantage du moment présent ». Défano Holwijn, créateur de médias, participe à la « croissance personnelle » et à devenir « une meilleure version » de lui-même. Les langages doux ne manquent pas. Il s’agit de se « préoccuper consciemment de soi-même », de garder « son attention sur son propre processus » et son cerveau « dans l’ici et maintenant ».

Mais il existe aussi des chiffres « durs », car pour un biohacker, mesurer, c’est savoir. Les selles, l’urine et le sang des candidats sont examinés et l’ADN est vérifié pour « des valeurs très spécifiques et pertinentes ». Il s’avère que le patineur sur courte piste Sjinkie Knegt devrait renoncer aux quatre sandwichs qu’il mange toujours au déjeuner. Le pain, dit Govert Viergever, a un impact négatif sur son système. Dommage pour Sjinkie, car il « vit de pain ». L’ADN de Lize Korpershoek, également créatrice de médias, montre que son corps ne décompose pas bien la caféine. Il est conseillé à Défano Holwijn de prendre du magnésium pour atténuer les stimuli de son cerveau et Monic Hendrickx pourrait réduire sa production d’adrénaline en prenant une douche froide.

J’ai également entendu quelques avertissements. Viergever affirme que toute personne ayant des problèmes médicaux devrait consulter un médecin et il réitère avec insistance que le biohacking n’est pas une science exacte et qu’il n’existe pas encore de consensus scientifique sur les méthodes utilisées. Ce n’est pas l’impression que j’ai eue en fouinant le site Internet de son entreprise Mise à niveau humaine. Là, je peux également faire faire des recherches sur mon microbiome, mon épigénétique et mes neurotransmetteurs. Lorsque je télécharge un exemple d’une étude ADN aussi approfondie, je découvre le gène ADM1, qui indique une activité enzymatique réduite, le stress oxydatif et la nutrition qui peut être adaptée à mes gènes. Hé, et il est simplement dit : « Le biohacking est une science ». Voyons qui d’autre travaille dans l’entreprise en plus de l’ancien rameur. Ancien joueur de hockey de haut niveau, neurophysiologiste, naturopathe. Pas de médecins. J’entends une bombe exploser au loin.

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