En 1991, un jeune réalisateur afro-américain qui venait de percer à Cannes et aux Oscars dans le rôle de miura dans Estafeta, apparaît dans une publicité de Lévis : il s’agit de Spike Lee qui dirige les Sanfermines. La vision du cinéaste dans ce contexte inattendu et « notre » a provoqué une sorte de court-circuit cognitif en Espagne. Quelque chose comme regarder les marches de la Semaine Sainte brûler comme un échec dans « Mission Impossible 2 ».
Quelque chose de similaire se produit lorsque Travis Scott apparaît dans la vidéo « Sirens ». Voir un rappeur texan habillé en tour humaine de Vilafranca ou peindre des graffitis autour de Ciutat Meridiana pendant qu’un papa torse nu arrose les plantes de sa terrasse est un impact visuel qu’il faut assimiler petit à petit.
Récupéré de l’imprimé, « Sirens », un fragment réalisé par le Canada tiré du long métrage musical « Circus Maximus », fonctionne très bien comme illustration exotique d’une chanson appartenant à un album au titre aussi significatif que « Utopia ». La démonstration de camaraderie et de fraternité que représente l’élévation d’une tour humaine cadre très bien avec la résonance sémantique du mot « utopie » que le rappeur écrit dans une scène du clip.
La mise en scène de la vidéo met l’accent sur ce concept. De nombreux plans de gens courant, en groupe, se soutenant, presque comme des fourmis travaillant ensemble pour atteindre un objectif, une « utopie » : sortir du trou, échapper à l’obscurité dans laquelle ils se trouvent.