Signé, mafia marseillaise ? « Je retiens mon souffle pour ce qui reste à venir »


La fusillade mortelle à Anderlecht prouve que de graves violences liées à la drogue peuvent aussi nous arriver. Est-ce la mafia marseillaise qui prend pied à Bruxelles ? « Ils déplacent de gros blocs de coke d’un appartement à un autre. »

Yannick Verberckmoes

Lorsque les policiers sont arrivés sur place jeudi soir dans la Wayezstraat à Anderlecht, ils ont trouvé un homme criblé de dix-sept balles provenant d’une arme de guerre dans sa Golf GTI. Il y avait au total dix-neuf douilles de balles au sol. La voiture de la victime s’est retrouvée bloquée la nuit après une course-poursuite, à la suite de laquelle un auteur inconnu a ouvert le feu. La voiture de l’agresseur – ou des agresseurs – a ensuite été retrouvée incendiée à Molenbeek.

La victime semble être un homme de 31 ans, d’origine marocaine. L’attaque aurait eu pour but de régler des comptes dans le milieu de la drogue. Le parquet ne veut pas communiquer à ce sujet, mais selon certaines sources policières il y aurait un lien avec la pègre marseillaise. « Nous pensons qu’elle a financé l’attaque pour étendre son territoire aux dépens d’une famille d’Anderlecht d’origine nord-africaine », a indiqué le site d’information. Sudinfo.

La mafia marseillaise s’est manifestée depuis longtemps dans le quartier Peterbos d’Anderlecht, à environ deux kilomètres de la Wayezstraat. Lors d’une descente de police dans le quartier il y a quelques années, des liens entre des criminels marseillais et des dealers locaux sont apparus.

Brian Stuckens, avocat pénaliste bruxellois, voit leur présence augmenter. «La mafia marseillaise s’est désormais étendue à plusieurs endroits à Bruxelles. Elle a commencé avec le cannabis et est progressivement passée à la cocaïne. Et pas en petites quantités. Nous voyons des pâtés de maisons entiers être déplacés d’un appartement à un autre.

Mode opératoire

Même si l’on ignore encore qui est à l’origine de cet attentat, le mode opératoire semble avoir une empreinte marseillaise. Dans la ville portuaire française, les attaques suivent souvent un schéma similaire. Les auteurs tirent sur leur cible depuis une voiture avec une arme de guerre, puis brûlent leur voiture pour brouiller les traces.

Dans la ville portuaire française, la violence entre gangs rivaux est devenue de plus en plus intense. Cette année a déjà établi un terrible record de décès. 43 décès ont déjà été dénombrés, le précédent record était de 39 en 2021. La dernière victime décédée cette année était une femme de 24 ans, qui n’avait rien à voir avec le trafic de drogue.

La Wayezstraat à Anderlecht, où a eu lieu la fusillade.Image BELGA

La femme a été tuée cette semaine lorsque son appartement a été la cible d’incendies. Les agresseurs ont ciblé l’endroit situé sous sa maison, où un gang rival vendait de la drogue. La femme a été tuée par une balle perdue qui a traversé le mur de l’appartement.

La ville du sud de la France a traditionnellement une réputation de criminalité grave. Importer de la drogue ? Longe facilement le port. Il existe de nombreuses villes autour du confortable Vieux Port, le vieux centre de Marseille. Le trafic de drogue se situe principalement dans les quartiers pauvres du nord, où vivent de nombreux habitants issus de l’immigration. Ils sont tentés par la possibilité de gagner de l’argent rapidement.

Dans les districts du nord se trouvent les marque l’affaire, où de nombreux types de médicaments sont en vente. Les prix actuels sont ouvertement peints sur les bâtiments. Selon la police française, le chiffre d’affaires quotidien d’un point de deal moyen pourrait dépasser les 80 000 euros. Parce qu’il y a tellement d’argent en jeu dans le circuit de la drogue, les intérêts sont élevés et de graves violences ne sont pas évitées.

Selon les criminologues, une autre cause de ces graves violences réside dans le fait que les auteurs sont très jeunes. Ils commettent des crimes plus graves pour faire leurs preuves au sein de la hiérarchie. Les gangs recrutent souvent des adolescents qui rencontrent des difficultés à la maison ou à l’école. Dans le jargon local, ils deviennent chouffe mentionnés, ils sont chargés de surveiller quatre pattesdes « fours », comme on appelle les points de vente.

Unité spéciale

Les attentats sanglants de Marseille tournent autour du contrôle de ces médias. La police française a reçu le mois dernier des renforts dans la ville pour une semaine de la part des CRS8, une unité d’élite chargée de mener des raids contre les clans de la drogue. Mais malgré des effectifs supplémentaires et des opérations ciblées, la justice française continue de traiter l’affaire avec le robinet ouvert.

Image de la caméra juste après la prise de vue.  Image TikTok

Image de la caméra juste après la prise de vue.Image TikTok

Les syndicats de police dénoncent également la lutte inégale à Bruxelles, où la police et le parquet sont confrontés à un manque de personnel. Carlo Medo, du syndicat de police NSPV, demande déjà plus de ressources et cela ne concerne pas seulement le personnel. « Si nous travaillons avec des ordinateurs obsolètes et des logiciels inadaptés, ce sera difficile », a déclaré le syndicaliste sur Radio 1. Selon lui, il faut donner à la police les moyens adéquats pour cartographier les flux financiers et procéder aux saisies.

L’avocat Stuckens estime qu’il est important d’éliminer l’arriéré judiciaire. «Le tribunal laisse déjà passer de petits dossiers», dit-il. « Il serait bon que les jeunes auteurs de crimes soient alertés en cas de tels crimes. Quand je vois ce qui se passe maintenant, je garde mon cœur ouvert pour ce qui est encore à venir. Avant, nous pensions que de telles colonies ne pouvaient se produire que dans les films, mais maintenant nous les voyons aussi dans la vraie vie. »



ttn-fr-31