Regarder dans une boule de cristal n’est jamais sans risque, mais en matière de migration, de nombreuses recherches ont été menées et les administrateurs locaux et les maires ont désormais plus d’expérience qu’ils ne le souhaiteraient. Sur cette base, on peut déjà prédire que les nouveaux projets d’asile et de migration de ce gouvernement n’auront pas l’effet escompté, mais aggraveront la situation. Il y a de fortes chances que les images de demandeurs d’asile pleuvant et pourrissant sous des tentes près de Ter Apel reviennent. Tout comme ceux des riverains qui se sentent complètement abandonnés par la « politique ».

Sous le gouvernement précédent, une « loi sur la propagation » avait été élaborée avec les plus grandes difficultés. L’idée sous-jacente est claire : en répartissant les demandeurs d’asile dans tout le pays, le nombre limité de lieux d’accueil aux Pays-Bas devient moins surchargé. Ter Apel en particulier, où se trouve le centre national d’enregistrement des demandeurs d’asile, en bénéficierait. Cependant, le nouveau cabinet Schoof s’est engagé à abolir la loi sur la dispersion, malgré les avertissements des municipalités, des organismes de mise en œuvre et des experts de ne pas le faire. La semaine dernière, la Ministre Marjolein Faber (PVV) de l’Asile et de la Migration a fait cette déclaration au Sénat et lors d’une visite vers Ter Apel Il est clair qu’elle ne s’en soucie pas beaucoup. Son raisonnement : l’électeur a parlé. Ils veulent une « ligne plus droite, une ligne plus stricte » et, pour Faber, cela se produira, indépendamment de la question de savoir si la nouvelle politique est réaliste ou efficace.

Au sein de l’UE, un débat fait rage depuis huit ans sur la réinstallation des demandeurs d’asile afin d’éviter que certains pays de l’UE, notamment au sud, soient obligés d’accueillir un nombre disproportionné de personnes. Le résultat de cette démarche a conduit l’année dernière au Pacte européen sur les migrations, qui devrait réglementer une répartition plus équitable des demandeurs d’asile. Certes, le pacte prévoit également une « issue de secours ». La solidarité peut être achetée (20 000 euros par demandeur d’asile non reconnu). Mais au moins le principe selon lequel chacun a une responsabilité en la matière est enfin établi.

Alors que cette logique est adoptée au niveau européen comme la meilleure voie à suivre, le cabinet Schoof souhaite s’en débarrasser au niveau national. Il est difficile de se réconcilier et de comprendre, et la perspective de voir des années de temps et de larmes gaspillées à nouveau pour des politiques qui manifestement ne fonctionnent pas est tout sauf réjouissante.

C’est un malentendu persistant que les demandeurs d’asile viennent alors que la politique d’accueil est trop généreuse. Des recherches, comme celles de Hein de Haas, chercheur de renom sur les migrations, montrent que la demande de main-d’œuvre dans un pays est un facteur d’attraction bien plus important. Les mesures apparemment strictes visant à tenir à distance les demandeurs d’asile semblent avoir moins d’importance dans les tendances migratoires à long terme. Cela ne réduit pas significativement la migration, mais cette politique détruit des vies, ce qui entraîne en fin de compte des coûts supplémentaires pour la société. Ces dernières années, la politique généreuse menée à l’égard des Ukrainiens a fourni une étude de cas fascinante sur la façon dont les choses peuvent être faites différemment si des mesures pragmatiques sont prises et si les convictions ouvertement idéologiques sont mises de côté. Non seulement les Ukrainiens ont été bien accueillis, mais ils ont également eu la possibilité de travailler et d’être autonomes. Cela a très bien fonctionné.

Lire aussi

Contrôle des migrations. Est-ce réellement possible ? Le CNRC énumère tous les faits.

Il existe également un malentendu persistant selon lequel les demandeurs d’asile, personnes fuyant la guerre et la violence, exercent une pression supplémentaire sur la société. Étude après étude, les migrations de main-d’œuvre mal pensées et mal contrôlées jouent un rôle bien plus important dans les problèmes sociaux auxquels les Pays-Bas sont confrontés, tels que la pénurie de logements et le grand nombre de sans-abri – souvent des travailleurs migrants qui n’ont jamais trouvé la terre promise. . Ce gouvernement a promis de mettre en œuvre toutes les recommandations de l’excellent « rapport Roemer » sur les abus bien connus entourant la migration de main-d’œuvre, et il doit être tenu à cette promesse.

Une politique migratoire fondée sur des faits et du bon sens profiterait en fin de compte aux résidents de Ter Apel et aux Néerlandais qui considèrent la migration comme un fardeau bien plus que comme un comportement dur envers les demandeurs d’asile. Heureusement, le ministre Faber ne peut pas simplement abroger la loi sur la distribution. La loi a été adoptée par la Chambre des représentants et le Sénat et est officiellement entrée en vigueur, son retrait devra donc également être à nouveau approuvé par les deux Chambres. Il faut espérer que cela ne se fera pas à la légère et dans le respect des connaissances approfondies des administrateurs, des organisations sociales et des experts.






ttn-fr-33