Si le gouvernement veut toujours faire appel à l’électorat avec une grande réforme, ce sera un dossier clé

Cher lecteur,

Le fait que les décisions économiques et politiques les plus importantes sont de plus en plus prises au niveau européen a été souligné ces derniers jours. Tout d’abord, il y a eu un énième épisode Hongrie vs. l’UE. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a utilisé son veto pour bloquer 18 milliards d’euros de prêts bon marché à l’Ukraine. Avec cela, il voulait se venger de la Commission européenne, qui avait indiqué vouloir geler 7,5 milliards d’euros de subventions pour le pays d’Europe de l’Est en guise de sanction pour corruption et fraude avec l’argent de l’UE. À quelle hauteur le jeu sera-t-il joué ? Nous le saurons dans les semaines suivantes.

Deuxièmement, il y a eu la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a vivement réagi aux 369 milliards de dollars d’investissements climatiques que le président américain Joe Biden a approuvés dans la loi sur la réduction de l’inflation. Alors que l’un des principes centraux de la politique économique de l’UE est l’interdiction des aides d’État, von der Leyen appelle désormais à un assouplissement et une simplification en profondeur de ces règles et à de nouveaux fonds européens. Une guerre commerciale avec les États-Unis doit être évitée, mais l’UE ne doit pas laisser les Américains manger le fromage du pain, déclare von der Leyen.

Troisièmement, vendredi dernier, il y a eu la décision de l’UE et du G7 d’introduire un plafond de prix du pétrole russe à 60 USD le baril. Le plafonnement des prix devrait faire en sorte que la Russie gagne moins sur la vente de pétrole, ce qui rend plus difficile le financement de la guerre en Ukraine. Mais Moscou a déjà indiqué qu’il n’accepterait pas le plafonnement des prix et qu’il fermerait le robinet pour les pays qui s’engagent à respecter le plafond. Nous n’avons pas vu la fin non plus.

Néanmoins, il y avait aussi quelque chose à vivre dans notre pays. Il y a eu beaucoup d’enthousiasme autour des déclarations du président du CD&V, Sammy Mahdi, qui a indiqué que, pour lui, les chômeurs devraient perdre leurs allocations au bout de trois ans afin de permettre à plus de personnes de travailler. La question clé est de savoir si une telle mesure a un effet. L’économiste du travail Stijn Baert (UGent) réagit avec scepticisme. « L’inactivité, bien plus que le chômage, est le problème central de notre marché du travail. Dans le classement européen, nous occupons la 24e place sur 27. Soit 1,3 million de personnes âgées de 25 à 64 ans qui ne travaillent ni ne cherchent d’emploi. En limitant les allocations de chômage dans le temps, vous risquez d’agrandir encore ce groupe.

Dans les prochaines semaines, nous attendrons également avec impatience la réforme financière que le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) veut mettre sur la table du gouvernement. L’objectif est de réduire les impôts sur le travail au détriment des impôts sur le patrimoine et la consommation. En tout cas, cela pourrait être un soutien important pour les 43,4% de Belges qui indiquent avoir du mal à joindre les deux bouts. Le fiscaliste Michel Maus voit ces négociations avec un certain pessimisme. « Van Peteghem veut le faire en augmentant l’abattement à 13 000 euros par an, mais aussi en intervenant en haut : dans son plan on n’atteint la tranche des 50 % qu’à partir de 84 000 euros par an, maintenant c’est à partir de 42 000 euros. C’est risqué.

Si le gouvernement veut toujours faire appel à l’électorat avec une réforme majeure, ce sera déjà un dossier clé. Il sera revu ici souvent dans les mois à venir, nous pouvons déjà vous l’assurer.

Jusqu’à la semaine prochaine,

Dimitri Thijskens
Journaliste économique

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