Si la N-VA est conséquente, les libéraux n’auront plus à se chier

Joël De Ceulaer (@jdceulaer) est rédacteur senior.

Joel De Ceulaer

Que la nouvelle année vous apporte, cher lecteur, beaucoup de beauté et de bien. Que nos politiciens soient également récompensés, bien qu’en 2023 l’intention demeure que le cynisme et l’hypocrisie soient dénoncés ici. Alors commençons par ça tout de suite.

Le cynisme à propos de l’échec de la commission Congo a également atteint notre chroniqueur Mark Elchardus. Vous avez pu le lire ce week-end. Il pense que des excuses sur le passé colonial, qui ne seront pas faites en raison de la résistance d’Open Vld et du MR, impliqueraient que tous les Belges sont responsables des méfaits. Et il pense que c’est une idée « barbare », qui est particulièrement répandue chez les personnes qui rejettent la pensée communautaire. C’est terriblement cynique, car ce n’est pas la communauté qui doit s’excuser, mais l’institution – ou les institutions : la famille royale et l’Etat belge. Rien à voir avec la communauté.

Le cynisme court aussi dans les couloirs chez les penseurs communautaires de la N-VA – il suffit de lire les (re)tweets du parti et du député Tomas Roggeman et du député flamand Axel Ronse. Congo? Il y a si longtemps, disons ! Toute la faute à Léopold II, d’ailleurs. Non-sens, bien sûr : en 1908, le Congo est devenu une colonie belge. L’Etat belge porte la responsabilité des souffrances qui en découlent. Pour cela, les excuses de l’Etat belge s’imposent aujourd’hui. Cela témoignerait d’un courage politique, comme l’écrivait ici plus tôt son collègue Bart Eeckhout.

Beaucoup d’entre nous sont peut-être encore aux prises avec des maux de tête, mais rafraîchissons-nous la mémoire – pour montrer que la N-VA est non seulement cynique, mais aussi sélective et donc hypocrite. En 2007, le socialiste de l’époque, Patrick Janssens, en sa qualité de bourgmestre d’Anvers, a présenté ses excuses pour la coopération que le conseil municipal avait apportée à l’occupant nazi. Contrairement à Bruxelles, Anvers avait envoyé la police en raid pendant la Seconde Guerre mondiale. Janssens a donc tenu à s’excuser pour cette « page noire » de l’histoire de sa ville. Mieux vaut tard que jamais. C’était un geste gentil et nécessaire.

A l’exception de Bart De Wever, alors président de la N-VA pendant de nombreuses années. Il pensait que c’était gratuit et trop tard. Au grand désarroi de la communauté juive et d’Open Vld, qui gouvernait alors avec Patrick Janssens. Et maintenant, cette mémoire rafraîchie est utile : que s’est-il passé un peu plus tard ? Droit. De Wever s’est excusé d’avoir critiqué les excuses de Janssens. Une « grâce historique » s’imposait. En 2019, il a déclaré dans Le septième jour qu’une telle grâce serait également appropriée pour le Congo – bien qu’à la hauteur du chef de l’État. Alors le roi. Il est donc à mi-chemin : si la N-VA peut encore se résoudre à pousser l’Etat belge à l’action, les libéraux n’ont plus à chier leur pantalon pour l’opposition. Et peuvent-ils être courageux et encore s’excuser.

Un conseil pour la liste des bonnes intentions dans la Wetstraat : soyez un peu cohérent.



ttn-fr-31