Elle risque de devenir un parti mineur, la présidence belge de l’UE. Tout comme notre pays pourra briller à la présidence du Conseil européen à partir de janvier, il est critiqué par la Commission européenne. L’analyse des projets de budget pour 2024 montre que notre pays possède le deuxième pire budget de toute la zone euro. Nous nous dirigeons vers un déficit de 4,9 pour cent du PIB. Seule la Slovaquie fait pire.
Dans son rapport, la Commission rappelle à notre pays que les règles européennes s’appliquent. Le déficit budgétaire ne devrait normalement pas dépasser 3 pour cent du PIB et le taux d’endettement ne devrait pas dépasser 60 pour cent. Nous arrivons respectivement à 4,9 pour cent et 106,4 pour cent. Ces dernières années, l’Europe a fermé les yeux en raison de la pandémie du coronavirus et de la crise énergétique, mais cet état de grâce est progressivement révolu. Le banc des pénalités vous appelle.
Le problème est que l’État belge voit ses dépenses augmenter trop rapidement en raison du vieillissement de la population, notamment en matière de soins de santé et de retraites. De plus, notre pays semble être engagé dans une spirale descendante. Alors que la plupart des autres pays européens réduisent leurs déficits budgétaires, la Belgique stagne. Sans ajustement, notre déficit pourrait même atteindre 5 % en 2025.
Des mesures douloureuses
« La Belgique n’a réalisé que des progrès limités depuis nos précédentes recommandations », note la Commission. Une analyse qui ne surprend pas du tout l’économiste Paul De Grauwe (KU Leuven/London School of Economics). Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque nationale, entre autres, ont tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises au cours de l’année écoulée. De Grauwe : « Tout le monde a déjà vu et dit qu’il fallait faire des efforts supplémentaires. »
La grande question est : est-ce que cela se produira ? L’Europe demande à la Belgique d’ajuster le budget le plus rapidement possible. Mais à l’approche des élections de 2024, aucun parti gouvernemental n’osera probablement imposer des mesures douloureuses. La secrétaire d’État fédérale au Budget, Alexia Bertrand (Open Vld), estime que le gouvernement actuel a « fait les premiers pas dans la bonne direction », mais qu’il passe la patate chaude aux prochains cabinets. Elle désigne à la fois les gouvernements fédéral et régionaux. «Ils devront se réformer et passer à la vitesse supérieure.»
Sander Loones, député du parti d’opposition N-VA, appelle le gouvernement fédéral à agir immédiatement. « L’Europe fait une analyse accablante. On s’attendrait maintenant à ce que la secrétaire d’État rappelle ses collègues, n’est-ce pas ? Que le Premier ministre réalise enfin à quel point nous sommes dans la misère ? Que vont-ils faire au cours des sept prochains mois ? (jusqu’aux élections, BAD) faire autre chose ?