Sauvage et indépendant, comme les romantiques l’aimaient ? Pas du tout. Le chat ressemble de plus en plus au chien, et au maître (avec une crise d’angoisse). Les éleveurs sélectionnent les plus sociables, nous les traitons comme des enfants, ils nous répondent par des ronronnements et des miaulements. Et d’ici 50 ans ils seront totalement domestiqués


mà quel prédateur infaillible et impitoyable. Équipé par dame nature de griffes rétractables et de dents acérées, de moustaches hypersensibles et d’une vision binoculaire et nocturne, le chat ne lui ressemble plus. Engagé à imiter les cris des enfants ou dans un état comateux sur le canapé, il est un membre à part entière de la famille, aux vices et vertus bien humains. Et ça pourrait être entièrement domestiqué en cinquante ans. Comment marqué la direction est démontrée par un article de Le Monde au titre assez éloquent : « Le chat est-il un humain comme les autres ? ». (Le chat est-il un être humain comme les autres ?). En fait, le félin semble avoir résisté c’est-à-dire pleinement intégré dans la famille. Et ont même incarné, comme personne, certains valeurs centrales de l’ère post Covid-19 et post-metoo.

Le chat incarne les valeurs clés de la société post-Covid et post-Metoo

Par exemple? « Les chats ont fait siennes les valeurs phares de notre époque : comme le le respect du corps et du territoire, la tendance à passer beaucoup de temps chez soi et même le télétravail », écrit le vétérinaire Claude Beata dans La folie des chats (Odile Jacob, 2022). Livre qui, entre autres, réfute la thèse de l’indépendance absolue du chat : le félin peut souffrir sur le plan psychique, plus qu’on ne peut s’y attendre.

Mathieu Rebeaud, docteur en biochimie à Lausanne, en Suisse, observe au contraire que ces dernières années des découvertes de plus en plus intéressantes ont été faites sur les chats, « comme le fait qu’ils savent reconnaître la voix de leur maître ou que certains miaulements imitent la même fréquence que celui des enfants, c’est pourquoi la plupart des spécialistes s’accordent à dire que le chat «a changé de comportement».

Sauvage pour qui ? C’est de plus en plus domestique

Il y a seulement une dizaine d’années, le biologiste anglais, John Bradshaw (dans le livre sens du chat) a écrit que les chats se comportent avec les êtres humains comme ils se comporteraient dans la nature avec un félin plus gros. Bref, le chat était encore considéré comme relativement sauvage, conduit à reproduire un comportement félin réel dans le milieu domestique. Un avertissement, donc, au propriétaire qui se considérait comme « la mère » de son chat. Mais le chemin vers la domestication est balisé depuis longtemps, même si les chats, contrairement aux chiens, n’ont jamais été élevés pour une fonction spécifique autre que l’apparence agréable.

Il était une fois le chat romantique, insaisissable et irrégulier

Comme le rappelle l’historien Eric Baratay, celui qui aimait le chat, autrefois, aimait l’animal aux antipodes du chien, fidèle partisan de l’ordre. Le chat était l’insaisissable, l’anarchique, l’irrégulier. « Les romantiques ont été les premiers à établir le lien entre félin et marginalité. Leur modèle était le chat errant. Sur lesquels des personnages comme Baudelaire ou Colette projetaient leur propre marginalité». Aujourd’hui, en revanche, l’homme exige du chat qu’il soit un véritable compagnon, qu’il interagisse avec lui, qu’il joue et réponde à ses demandes, au point que « les éleveurs d’aujourd’hui en viennent à sélectionner les tempéraments qui satisfont ces besoins ». « .

Kristyn Vitale, dans une étude publiée par la revue Processus comportementaux en 2021, ont montré que les chats peuvent effectivement être domestiqués. Il est fondamental que la « récompense » de la domestication en vaille la peine : c’est-à-dire non pas de la nourriture mais des récompenses sociales. Travaux? Voilà, pour le meilleur ou pour le pire.

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On transforme le chat en chien, ou en chat-chien

Tel est l’engagement que, selon Baratay, dans cinquante ans le chat aura subi une mutation génétique, comme le chien l’a fait auparavant, et sera complètement « familial ». Bref, comment Baratay racontait déjà en 2018 sur Libération, on transforme le chat en chien du 21ème siècle, en chat-chien. Nous demandons aujourd’hui aux chats ce que nous demandions aux chiens de compagnie il y a un siècle, et plus encore. Alors on les emmène en laisse et on assiste à des phénomènes qui n’étaient que des chiens, comme les crises d’angoisse. Mais pour une raison quelconque, les chats peuvent nous ressembler encore plus, et mieux, que les chiens.

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