Sarah McCoy / Grande prêtresse


« New Orleans » était la première chanson des débuts de Sarah McCoy parce que c’était sa ville. Le chanteur et pianiste nous a alors chanté les secrets que recèlent ses eaux, au milieu d’une mélodie terrifiante qui permettait des comparaisons avec Amy Winehouse mais aussi avec Fiona Apple. Etta James est l’un des rares récits que l’artiste suit Instagrammais il est significatif que nous voyions également le Pakistanais Arooj Aftab là-bas.

Le deuxième album de Sarah McCoy nous montre une autre personnalité. Basée à Paris et produite par deux producteurs aussi éloignés de la mode et de l’industrie que Chilly Gonzales et Renaud Letang (de Feist à Manu Chao), elle a donné à ‘High Priestess’ une touche plus électronique, cérémonielle et orientale. L’artiste attaché au jazz et au blues qui s’est fait connaître est encore dans certaines des meilleures chansons, comme la ballade ‘Take It All’, ou dans certaines des plus populaires, comme ‘Go Blind’; mais ensuite il nous propose autre chose.

Et que quelque chose d’autre donne lieu à certains des meilleurs enregistrements que le chanteur ait réalisés jusqu’à présent. Ce ‘High Priestess’ s’ouvre sur une chanson aussi sublime que l’industriel ‘Weaponize Me’, un visage sombre qui resurgira dans d’autres points clés de cet album, comme ‘La fenêtre’.

Les textes de cet album nous parlent de dépassement, de sortie de relations toxiques, de liberté. ‘Weaponize Me’ dénonce comment « chaque mensonge était une balle dans ton arme », mais ensuite le texte se dresse : « Je te montrerai mes dents et ensuite je te consumerai, comme qui tu es vraiment ». ‘Go Blind’ parle de plus d' »insultes » et de « manque d’affection ». « Parfois, tu perds » traite « des pires erreurs commises », tandis que ladite chanson en français, au destin macabre, ou plutôt à l’avenir court, prévient : « ce sera la dernière fois que tu me menaceras (…) a déjà été écrit ».

La sublimation du nouveau style de Sarah McCoy a lieu dans la chanson ‘Sorry for You’, jusqu’à présent la plus importante de sa discographie. C’est l’un de ceux qui équilibrent le mieux les racines avec cet arôme trip-hop qu’il a adopté à cette époque, et le texte est tout à fait pertinent dans ses fléchettes sur l’acceptation, la grossophobie et le défi : « On m’a dit toute ma vie de m’excuser / « Je suis désolé » d’être une femme, d’avoir éclaté de rire / « Je suis désolé » de ma taille, de ton mécontentement quand je ne suis pas docile / « Je suis désolé » de ne pas « correspondre » « avec ton profil »… Tout pour conclure au final « qu’il n’est pas faible, qu’il ne cassera pas » et que s’il le sent… c’est à cause de toi. Pour ceux qui ne veulent pas le voir.

Il partage son goût pour l’« Oracle » oriental, des répétitions comme des mantras à l’aube ; et l’intermède plein de voix et de prestation ‘Forget Me Knot’ ainsi que quelques morceaux plus expérimentaux comme ‘Long Way Home’ donnent corps et sens à l’album. Dans sa phrase « C’est pour ma Mamma / Elle a ouvert la voie / Elle a tenu la bougie » la plus classique Sarah McCoy est toujours vivante, seulement maintenant elle nous est présentée dans une autre tenue.

Sarah McCoy se produit le 11 avril à Caprices d’Apollon, Barceloneet le 14 avril à Madrid (Institut Français).





ttn-fr-64