S’amuser avec le “contrat de presse” conduit au licenciement de la plus grande entreprise postale Bpost

En raison du développement typique des rubans en Flandre et des maisons individuelles souvent isolées dans les collines wallonnes, livrer des journaux et des magazines en Belgique n’est pas une sinécure. Chaque année, des millions de personnes s’efforcent de faire parvenir les journaux du matin de, disons, Sint-Job-in-‘t-Goor à Torgny près de la frontière française dans la boîte aux lettres avant sept heures et demie. Et que dire des revues, des revues syndicales à l’hebdomadaire catholique Église et vie – circulation de près de 300 000 pièces.

Cependant, le gouvernement belge considère qu’il est si important que sa population reste bien informée qu’il paie en grande partie lui-même cette livraison, à raison de 170 millions d’euros par an. Après une procédure d’appel d’offres depuis 2015, cette subvention finit toujours par l’entreprise postale belge Bpost, dont 51 % est une entreprise publique. Maintenant, tout semble avoir mal tourné pendant la procédure d’appel d’offres pour le soi-disant “contrat de presse”. Après un audit interne chez Bpost, le PDG Dirk Tirez a été licencié vendredi dernier. Il était déjà le deuxième directeur en un an et demi à être discrédité chez Bpost et a dû démissionner. L’action de Bpost a chuté de près de 10 % lundi dernier.

Messages supprimés

L’enquête interne aurait révélé que des accords de prix illégaux avaient été conclus entre un autre distributeur, les principaux éditeurs de journaux en Belgique et le dirigeant de Bpost, dans le but de maintenir le montant de la subvention le plus élevé possible dans la perspective du nouvel appel d’offres rond, et éventuellement tenir à l’écart de la concurrence. Les éditeurs belges profitent du contrat du journal depuis des années ; indirectement, il leur reste des dizaines de millions d’euros d’aides d’État.

C’est l’une des raisons pour lesquelles les deux plus grands, DPG Media et Mediahuis (l’éditeur de CNRC) ont pu reprendre presque tous les journaux néerlandais. Fin 2016, cette situation a conduit à des pourparlers entre le Premier ministre Mark Rutte (VVD) et son homologue belge Alexander De Croo (Open-VLD), mais jamais à des mesures.

Déjà en août, Bpost, une société cotée pour les 49% restants, a lancé un audit sur d’éventuelles fautes professionnelles dans ses propres rangs. La PDG Audrey Hanard et l’ancien PDG Tirez affirment avoir ouvert l’enquête après avoir “signalé” que quelque chose n’allait pas au sein de l’entreprise.

Les premiers résultats de l’audit, fin octobre, ont montré que l’attribution du contrat du journal pour la période 2023 à 2027 aurait impliqué des “pratiques non autorisées”. Selon Hanard, l’enquête a été élargie avec “de nouvelles méthodes médico-légales qui ont permis d’examiner également les boîtes aux lettres en interne”, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse. Les messages supprimés peuvent également être récupérés. Dirk Tirez n’a alors été suspendu dans un premier temps qu'”en bonne concertation”.

L’enquête a depuis été étendue à la justice belge et à l’organisme de surveillance de la concurrence BMA. Fin octobre, ces derniers ont notamment perquisitionné DPG Media en Belgique. Sur la base de nouvelles informations, Tirez a été licencié “sans indemnité” le vendredi 9 décembre, apparemment non pas parce qu’il est lui-même impliqué dans d’éventuelles violations de la loi, mais parce que des e-mails supprimés auraient montré qu’il était au courant de la fixation illégale des prix, mais n’a pas agi brusquement. “La charge de la preuve à son encontre est suffisamment décisive pour que le conseil d’administration en arrive à cette décision”, a déclaré la porte-parole de Bpost, Veerle Van Mierlo.

Dans une réponse à LinkedIn, Tirez écrit qu’il n’a jamais perdu son intégrité tout au long de sa carrière et a donc demandé l’enquête interne. “C’est pourquoi j’ai toujours refusé de signer un nouveau contrat de presse avec l’Etat belge.” Malgré sa démission, Tirez a accepté de coopérer pleinement aux enquêtes en cours.

Des milliers d’emplois

Outre le PDG Dirk Tirez, le directeur des opérations nationales Nicolas Meire et Tom Vermeirsch, directeur commercial de la filiale AMP, ont également été licenciés. Meire dirait rapports Le standard ont pris l’initiative de conclure un accord avec les éditeurs et un autre distributeur, afin que Bpost puisse remporter sans problème le nouveau contrat du journal jusqu’en 2027. Le rôle de Vermeirsch n’est toujours pas clair.

Le contrat du journal divise la politique belge depuis des années. Les partis libéral et socialiste notamment sont diamétralement opposés dans le dossier. C’est Michael Freilich, député au nom du nationaliste flamand N-VA, qui a été prévenu à ce sujet par un “lanceur d’alerte anonyme” de Bpost en octobre. Il est coincé dans l’entreprise depuis. Il aimerait voir disparaître complètement le contrat du journal. L’Open-VLD libéral et le MR francophone veulent aussi s’en débarrasser.

Le PS social-démocrate, qui a nommé le président de Bpost Hanard et fourni le contrat de ministre chargé du journal avec Pierre-Yves Dermagne, craint des milliers d’emplois sans la subvention de millions, notamment en Wallonie. Ils attendent les résultats de l’enquête du cabinet Dermagne avant de répondre sur le fond. Selon Petra De Sutter (Groen), ministre des Entreprises publiques en charge de Bpost, ces résultats ne seraient pas disponibles avant janvier.

Les négociations budgétaires du début de l’année ont abouti à un compromis sur le contrat des journaux : à partir de 2024, Bpost recevra une subvention de 50 millions d’euros en moins pour la livraison des journaux et magazines. La question est de savoir si la subvention est toujours politiquement viable dans un avenir proche, s’il devient plus tard possible qu’elle ait été trompée pendant des années.



ttn-fr-33