La coalition à Saint-Trond monte en puissance après la démission vendredi de la maire Veerle Heeren (CD&V) après que le scandale eut été de trop. Depuis des décennies, la ville respire une politique de clientélisme et d’applaudissements.
« Au début, je me sentais belge, mais ce n’était plus possible, puis juste un Limbourgeois jusqu’à ce que ce ne soit plus possible et maintenant je me suis appelé Truienaar, mais ils m’enlèvent même ça. » Depuis la terrasse d’un café, Truienaar Paul Derwael pointe un doigt accusateur sur la mairie. « Ils feraient mieux de soumettre les politiciens à un examen psychiatrique avant de se présenter aux élections. »
Juste pour dire que la confiance dans la politique à Saint-Trond est au plus bas. Sous les nuages menaçants au-dessus de la Grote Markt, avec l’hôtel de ville au milieu, les terrasses de café ne parlent que de rien. Veerle Heeren (CD&V) a quitté ses fonctions de maire vendredi, tout juste de retour après sa suspension.
Heeren a été suspendue pendant six mois après qu’il s’est avéré qu’elle s’était donnée, ainsi qu’aux membres de sa famille et à ses connaissances, la priorité pour un vaccin corona, alors que seules les personnes de plus de 85 ans avaient droit à une injection.
Cette nouvelle est ensuite sortie via Trudocs, un site Web local. Cet été, Trudocs a reçu des images de policiers filmant une personne trans auto-satisfaisante. Il y avait un rapport du Comité P sur le corps de Truiense, mais la semaine dernière, le maire Heeren a déclaré au conseil de police de Truiense qu’elle n’était pas autorisée à partager ce rapport. Cela s’est avéré faux. Et puis le plus gros scandale était encore à venir.
L’ancien maire et collègue du parti Jef Cleeren avait reçu un « prêt » de 65 000 euros dans les dernières années de sa vie. Cleeren avait de mauvais papiers financiers en 2017 après la mort de son fils, qui a laissé derrière lui des dettes de jeu. Les créanciers voulaient saisir la maison de Cleeren.
Ce soi-disant prêt n’a jamais été discuté au conseil municipal. Il ne s’agissait pas à proprement parler d’un prêt mais d’une avance sur sa pension. Au moment du décès de Jef Cleerens dans la nuit de Noël 2021, une dette de 39 000 euros restait impayée, que la ville souhaitait recouvrer auprès du notaire. Et la veuve n’aimait pas ça, qui racontait son histoire à qui voulait l’entendre.
Le conseil municipal prétend ne pas être au courant de cette construction. Le directeur financier a le pouvoir de conclure lui-même une telle opération, avec l’approbation du directeur général. Mais pour Heeren c’est trop le scandale.
De plus, Truienaars se demande si tout le monde recevrait si facilement une telle avance pour un tel montant. Et il est difficile d’imaginer que le sommet du CD&V local n’était pas au courant. Selon des sources du Belang van Limburg, Cleeren était un fauteur de troubles au conseil municipal dans la période précédant l’accord.
Jef était Saint-Trond
La coalition de Heeren n’avait plus qu’un seul siège et Cleeren menaçait régulièrement de voter avec l’opposition. Cela a soudainement changé après l’accord, selon l’intérêt. La portée de ceci n’est claire que pour ceux qui comprennent l’importance de Jef Cleeren dans cette ville. Cela va au-delà des 18 années où il a été maire.
Demandez à n’importe quel habitant, Jef était Saint-Trond. Il dominait la ville et dominait le sport. Autrefois entraîneur adjoint de Raymond Goethals au STVV, Jef Cleeren est resté omniprésent à Staaien toute sa vie, brillant sur la photo d’équipe annuelle.
En termes de votes préférentiels, Cleeren n’avait qu’à tolérer Stevaert dans la province du Limbourg. Jef ne partait pas en vacances, il était toujours dans sa ville, dans des cafés et des glaciers avec des noms comme Vicca, Venise et Verdi.
« Si t’étais verbalisé parce que t’étais garé en triple quelque part, il fallait aller chez Jef », raconte Jo Fabré, 60 ans, sur la terrasse du Verdi. « Il l’a arrangé. »
Les femmes à côté de lui sur la terrasse sont d’accord. « Quand je me suis marié, ils m’ont dit que pour un boulot à la ville je devais passer par Jef », s’amuse l’un d’eux. Saint-Trond parle depuis des décennies de proches de Jef Cleeren qui étaient employés par les services de la ville. Son fils Trudo, du nom du saint patron de la ville, dirigeait le département des sports.
Jef Cleeren était l’empereur du service. Il en est résulté une politique proche du citoyen, mais aussi une atmosphère de poignée de main.
« Saint-Trond a longtemps été un anachronisme dans ce domaine, avec une politisation de l’administration et un clientélisme », explique le politologue à la retraite Johan Ackaert (UHasselt). Les scandales autour de Veerle Heeren sont ainsi liés à l’héritage réel de Jef Cleeren, mais aussi à son héritage politique.
Mais bien qu’amis et ennemis attribuent l’embellissement du centre-ville à Veerle Heeren, le même enthousiasme ne peut être noté à son sujet qu’à propos de Cleeren. Pendant les élections, Cleeren a traditionnellement traversé la ville dans sa voiture avec des haut-parleurs montés et dans sa valise de l’alcool et des pommes à traiter. Même alors, le cliché selon lequel tous les politiciens sont des pickpockets était toujours d’actualité, mais Jef a alors sorti son bulletin de paie.
« C’était une figure populaire », raconte Jo Fabré en sirotant son verre de cava.
Ce week-end, la coalition Open VLD, CD&V et N-VA s’est réunie pour désigner un successeur. Pendant la suspension de Heeren, Ingrid Kempeneers l’a remplacée, mais elle était échevin des finances lorsque l’accord avec Cleeren a été conclu. Par ailleurs, les partenaires de la coalition estiment qu’il n’appartient pas au CD&V de regagner la confiance du public avant les élections de 2024.
La N-VA n’est pas non plus entre de bonnes mains, maintenant que le dirigeant Jelle Engelbosch lui-même fait l’objet d’un audit pour un terrain qu’il a acheté avec ou sans connaissance préalable en tant qu’échevin de l’aménagement du territoire. Vooruit, le parti d’opposition de l’ancien maire Ludwig Vandenhove, est à la croisée des chemins.