tun fois on les appelait des parfums unisexes, tout simplement. Puis ils sont devenus « no gender », « gender free » et certains sont allés plus loin, osant même le terme « transgenre ». Mais que cache cette évolution sémantique appliquée aux parfums ?

Les parfums unisexes et genderless, un vrai phénomène

Un grand changement. « Le phénomène né de la prise de conscience que son identité de genre perçue plus profondément ne correspond pas toujours à ce qui apparaît sur la pièce d’identité, ce n’est pas nouveau.

Maintenant, cependant, par rapport au passé, il a des tons moins brillants et politiques, mais plus doux et plus liés à la sphère intime de l’individuLa fluidité qui en résulte passe aussi par les parfums » souligne la sociologue Luisa Aschiero.

En arrière-plan, l’actrice transgenre et icône de la beauté Hunter Shafer (@huntershafer Instagram)

Depuis le lancement de Musk d’Alyssa Ashley en 1969, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts : cet unisexe est né sur la vague des mouvements étudiants et Peace & Love et le besoin d’un bouquet que garçons et filles pourraient partager à partir d’une note, musc, adaptée à tous.

Les parfums unisexes, désormais appelés « no gender »

Il est vrai que l’art de la parfumerie est né absolument sans genre : « Je pense à tout le thème de l’Eau de Cologne, l’une des premières formes olfactives de l’histoire.

Les parfums ont toujours été le miroir de la société et évoluent avec elle. Maintenant que les codes ont beaucoup changé et sont plus libres, on se parfume de ce qui nous fait du bien sans conditionnement» souligne Francis Kurkdjian, maître parfumeur et directeur artistique de la maison homonyme, qui ajoute : « La définition du masculin et du féminin est devenue décidément moins rigide, chacun prend progressivement conscience que la création doit s’affranchir de toutes contraintes ».

Ce n’est certainement pas un hasard si une marque comme Gucci a lancé la sienne en 2019 Mémoire d’une Odeur, le premier parfum hybride de la maison florentine signé Alberto Morillas qui, dans les intentions de son directeur créatif Alessandro Michele, était de rappeler une odeur difficilement identifiable et indéfinie.

Mais quelles sont les notes qui ont migré d’un genre à l’autre ?

Il nous faut une prémisse : « Les matières premières sont au nez ce que les tissus sont au tailleur. La soie est pour tout le monde et c’est avant tout la forme qu’elle prendra qui décidera si elle est masculine ou féminine, selon qu’elle se transforme en cravate ou en longue robe de soirée.

Une question de conventions. Il en va de même pour les parfums », souligne Kurkdjian. Il n’y a donc pas d’ingrédients masculins ou féminins a priori, cela dépend de la façon dont ils seront traités au sein de la composition.

« Notre projet Douceur Fluidité est un exemple. Ce sont deux eaux de parfum unisexes avec une personnalité résolument différente, mais créées avec les mêmes 49 ingrédients» poursuit Kurkdjian. Mais il n’en a pas toujours été ainsi, bien au contraire.

«La Rose a longtemps été associée au féminin uniquement pour être utilisée dans des jus pour homme cachés dans des accents plus puissants, épicés ou boisés. Dans notre l’Homme à la Rose nous avons réussi à donner aux hommes le pouvoir de « porter » fièrement la rose dans un sillage perçu comme résolument masculinKurkdjian ferme.

Il faut donc que ce soit le point de vue qui change. Tu portes ce qui excite et c’est toutsurmonter ou éradiquer toute barrière de genre.

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