Rien à signaler des terrasses de Moscou, même si les voisins sont bombardés depuis quatre mois


Hormis quelques panneaux d’affichage honorant les soldats russes et des T-shirts avec la lettre Z dessus, il y a peu de signes de la guerre en Ukraine à Moscou. Après quatre mois de combats, la capitale russe s’accroche presque convulsivement à une certaine insouciance.

Geert Groot Koerkamp3 juillet 202219:18

Vous pouvez marcher sur les têtes sur l’Arbat, comme n’importe quel samedi ordinaire. Il y a un bourdonnement de milliers de gorges, des jeunes se pressent autour d’un musicien, des gens posent patiemment pour un portrait par l’un des artistes de rue, ça s’affaire sur les terrasses. Le centre de Moscou fait une impression quotidienne insouciante.

Il n’y a pratiquement rien ici qui rappelle « l’opération militaire spéciale » de la Russie, qui coûte des vies quotidiennes en Ukraine. La seule exception concerne les T-shirts colorés avec un grand Z ou V accrochés aux vitrines de certaines boutiques de souvenirs, parmi les chemises avec des symboles soviétiques ou des images de héros de la musique populaire ou du cinéma. Les lettres sont utilisées par les troupes russes en Ukraine pour les identifier sur les véhicules militaires et sont devenues un symbole de la campagne contre le pays voisin.

L’effet des sanctions occidentales n’est pas encore visible dans les rues, voire pas du tout. Cela changera sans aucun doute à mesure qu’ils mordront, ce qui, selon les experts, augmentera progressivement au cours des prochains mois. Ce qui est perceptible, c’est le départ de nombreuses chaînes étrangères des grands centres commerciaux de la capitale, où l’on observe des volets de plus en plus fermés. Le départ de McDonald’s des centres commerciaux a un effet mesurable sur la fréquentation, tout comme l’effondrement de l’offre de films western dans les cinémas.

Comme d’habitude

Du centre de Moscou à la frontière ukrainienne, il y a environ 450 kilomètres, à peu près la distance d’Amsterdam à Paris, mais la capitale russe reste sous le charme d’une activité presque convulsive, comme d’habitude, même après près de quatre mois. Les manifestations occasionnelles de protestation sont scrupuleusement étouffées dans l’œuf et n’atteignent guère un public plus large. Mais les références directes aux actions russes en Ukraine sont également rares et souvent étonnamment difficiles à trouver.

Cela peut être lié à l’insistance avec laquelle les autorités russes répètent constamment que l' »opération » (le mot « guerre » est scrupuleusement évité, son utilisation pourrait entraîner des poursuites) en Ukraine se déroule entièrement « selon le plan », et que tous les objectifs seront atteints.

Dans les centres commerciaux, comme le GUM sur la Place Rouge, de nombreuses enseignes occidentales ont fermé leurs boutiques, même si cela reste très fréquenté.Image ANP/EPA

panneaux d’affichage

Les plus remarquables sont l’énorme Z appliqué sur la façade du théâtre Tabakov et, plus petits, les panneaux d’affichage que l’on peut voir sporadiquement le long des routes principales. Avec le slogan « Hommage aux héros de la Russie ! » sont ceux destinés à honorer les militaires russes qui se sont distingués d’une manière ou d’une autre sur le champ de bataille en Ukraine.

Comme le lieutenant Aleksandr Lebedev, qui surveille les excès de vitesse le long de la rue Sushchevsky Val. Selon les informations officielles, il vient d’un village de la province de Kostroma et a abattu à lui seul « plus de 20 nationalistes et six véhicules militaires ».

Le portrait du colonel Roman Demurchiev peut être vu sur la perspective Kutuzov, sur un tableau électronique, où il apparaît quelques secondes à la fois entre les annonces d’appartements et de vodka. Demurchiev, qui vient du Daghestan, a mené plusieurs campagnes réussies contre les « nationalistes » ukrainiens, selon le ministère russe de la Défense et, entre autres, les aurait empêchés d’échapper à un encerclement.

lettre Z

Un peu plus loin, près du bâtiment du gouvernement, des ouvriers de la voirie s’affairent à rénover le sentier, derrière des clôtures bordées de grandes banderoles. On y lit « Place de la République populaire de Donetsk », à côté de photographies représentant le drapeau de la soi-disant République populaire d’Ukraine orientale et de nombreuses images plus grandes et plus petites des lettres de guerre Z et V. De l’autre côté de la route se trouve le complexe de bâtiments de l’ambassade des États-Unis.

Le conseil municipal de Moscou a récemment décidé, après un vote rapide sur Internet, de promouvoir l’intersection sans nom à l’angle du complexe de l’ambassade en une véritable place, du nom de la « république » presque exclusivement reconnue par la Russie. C’est la raison pour laquelle le parti nationaliste LDPR a inauguré prématurément la « place », projetant des images lumineuses sur les bâtiments de l’ambassade, faisant référence aux guerres en Irak et en Afghanistan et appelant à la fin du soutien militaire à l’Ukraine.

Les gens se baignent dans la fontaine de la place Manezhnaya, près du Kremlin.  Image Photo Nouvelles

Les gens se baignent dans la fontaine de la place Manezhnaya, près du Kremlin.Image Photo Nouvelles

Même ainsi, la plupart de ces références restent relativement discrètes. De nombreux passants le remarqueront à peine dans leur hâte. En ces longues journées d’été, les seuls signaux que presque personne ne peut manquer apparaissent tard dans la nuit : quand il fait noir, les lumières de certains grands bâtiments s’allument de manière sélective sous la forme d’une sinistre et gigantesque lettre Z.

C’est ce qui se passe depuis le début de « l’opération » russe sur la façade de l’ancien hôtel de ville de 105 mètres de haut, au début du Nouvel Arbat. L’exemple a été suivi dans de nombreuses capitales régionales et à Moscou également par la compagnie gazière d’État Gazprom et les chemins de fer russes. Par coïncidence ou non, l’un des bureaux des chemins de fer se trouve juste en face du palais de justice où de nombreux Moscovites ont été condamnés ces derniers mois à de lourdes amendes pour avoir « discrédité » l’armée russe.



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