Richemont cède le contrôle de son unité de commerce électronique à Farfetch et à un investisseur du Moyen-Orient


Le groupe de luxe suisse Richemont a conclu un accord promis de longue date pour vendre une participation majoritaire dans son opération de commerce électronique non rentable Yoox Net-a-Porter à son rival en ligne Farfetch et à un investisseur émirati.

La cession obligera Richemont à prendre une dépréciation hors trésorerie de 2,7 milliards d’euros sur la valeur de Yoox Net-a-Porter, qu’elle avait construit en grande partie par le biais d’acquisitions depuis 2010.

L’entreprise était devenue un casse-tête coûteux pour le groupe propriétaire de Cartier ces dernières années, car des rivaux plus agiles, dont Farfetch, attiraient des clients de la mode capricieux avec un marketing avisé et de nouveaux services, tandis que Richemont trébuchait sur les mises à niveau technologiques.

Certains investisseurs avaient poussé Richemont à se décharger d’YNAP, y compris des militants qui ont commencé à cibler l’entreprise l’année dernière, arguant qu’elle devrait se concentrer sur ses plus grandes marques Cartier et Van Cleef & Arpels qui génèrent tous les bénéfices du groupe.

Richemont avait déclaré être en « pourparlers avancés » pour céder le contrôle d’YNAP à Farfetch l’année dernière, mais un effondrement du cours de l’action de ce dernier semble avoir compliqué l’atteinte des conditions définitives. Les actions de Farfetch, cotées à New York, ont chuté de 80 % au cours de la dernière année. Les actions de Richemont ont augmenté de 1,6% en début de séance mercredi.

L’un des militants de Richemont, Bluebell Capital, milite pour des changements au sein du conseil d’administration et a soumis trois résolutions au vote lors d’une prochaine assemblée générale le 7 septembre.

Selon les termes de l’accord, YNAP n’aura pas d’actionnaire majoritaire et Richemont déconsolidera l’entreprise de ses livres tout en conservant une participation de 49,3 %.

Farfetch a accepté d’acquérir 47,5 % d’YNAP et de verser à Richemont entre 53 et 58,5 millions d’actions Farfetch, ainsi que 250 millions de dollars d’actions supplémentaires cinq ans après la conclusion de l’opération. Richemont se retrouvera avec une participation de 12 à 13% dans Farfetch.

Alabbar, un groupe soutenu par l’homme d’affaires émirati Mohamed Alaabar, partenaire de longue date de Richemont au Moyen-Orient, va également acquérir 3,2% d’YNAP.

Richemont et Farfetch ont des options de vente et d’achat qui permettraient à Farfetch d’acquérir le reste d’YNAP dans les cinq prochaines années ou à Richemont de vendre à un autre investisseur ou de coter les actions.

« Cela représente une étape importante dans la réalisation de la vision de Richemont de faire d’YNAP une plate-forme neutre à l’échelle de l’industrie », a déclaré le groupe dans un communiqué. Il ouvre la voie à « l’acquisition potentielle par Farfetch des actions restantes ».

Certaines des marques de Richemont devraient migrer leurs opérations de commerce électronique vers la plateforme technologique de Farfetch.

Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, s’est félicité de ce qu’il a appelé « une longue attente d’une sortie douloureuse du online » pour Richemont.

« Enfin, une excellente nouvelle pour Richemont », a-t-il écrit dans une note. « L’accord met fin à des années de sous-performance et d’investissements lourds dans YNAP ».



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