Récit tiré du procès de Benedetta Carlini, abbesse du monastère de Pescia accusée d’homosexualité et d’hérésie au début du XVIIe siècle


POURannoncé comme « le film qui a secoué festival du film de Cannes”, Béni – au cinéma depuis hier – est en fait un énième projet qui atteste la passion de la provocation du réalisateur et scénariste Paul Verhoeven. Connu à Hollywood avec des films à succès comme RoboCop, Acte de force, Showgirls, Elle – Nominations aux Golden Globes et aux Oscars pour Isabelle Huppert – et les années 90 cultes instinct primairequi a confondu le monde entier avec le célèbre croisement de jambes de Sharon Stone, Verhoeven s’est cette fois concentré sur une histoire qui montre un visage insolite de la vie monastique. Brisant tout schéma éthique mais sur certaines bases historiques.

Le matériel source est en fait un livre de Judith C.BrownActes impurs – La vie d’une religieuse lesbienne dans l’Italie de la Renaissance – écrivain et historien parmi les premiers à enquêter études sur l’histoire de la sexualité. Une passion qui l’a amenée à sonder le procès d’un Benedetta Carliniabbesse du monastère de Pescia, accusé au début des années 1600 d’homosexualité et d’hérésie.

Une histoire que Paul tisse avec l’imaginaire qui suspend tout dans une ambiance brute et ambiguësale et candide, qui renverse sans cesse la certitude du miracle : c’est-à-dire si nous sommes face à une femme en contact avec le mystère divin ou un pervers accro aux pratiques interdites et au contrôle psychologique. Au milieu : la condamnation de l’Église-système.

Une scène du film « Benedict ». (Films inspirés)

Béni: l’intrigue du film

Benedetta, joué par Virginie Efiraest un jeune toscan qui, à la fin du XVIIe siècle, alors que l’Italie est ravagée par la peste, elle entre dans un couvent de religieuses bénédictines, malgré la résistance de l’abbesseauquel le lauréat donne un visage et une voix Charlotte Ramling. Prédestiné à la sainteté comme enfant, déjà comme novice, commence à manifester des visions étranges, mystiques et érotiques.

Pour choquer sa relation personnelle avec Jésus est extravagante l’arrivée de sœur Bartolomea (Daphné Patakia) avec qui il se retrouve dans la même cellule pour partager des restes de réconfort issus de visions qu’ils craignent d’origine démoniaque. Mais, en réalité, un désir insolite brûle entre les deux sœurs, une attirance physique et spirituelle qui perturbe la vie monastique jusqu’à générer un scandale qui traverse les murs du couvent.

Les jugements des critiques

L’histoire de Benedetta Carlini, empreinte d’irrévérence et de saphisme, il se mêle parfaitement au cinéma charnel, effronté et provocateur de Paul Verhoeven qui, déjà lors de la présentation en avant-première au Festival de Cannes 2021, a fait beaucoup parler.

D’innombrables polémiques ont suscité parmi les catholiques qui, dans divers pays, ont organisé des manifestations contre le film qualifié de blasphématoire. En Russie, même le groupe religieux de l’Église orthodoxe a envoyé tant de rapports au ministère de la Culture pour empêcher sa diffusion.

Des querelles qui n’ébranlent pas le réalisateur qui, à presque 85 ans, continue de se faire plaisir en mettant en scène, cette fois, les aspects les plus contradictoires de l’institution religieuse.

Montrant ses lumières et ses ombres, en toute liberté, avec une ironie qui ne tombe jamais dans le ridicule, il obtient la promotion des critiques attirés par la combinaison hypnotique du péché et de la rédemption, mystère et mysticisme, salut et enfer, qui déstabilise les plus conservateurs.

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