«Je veux qu’ils passent un mauvais moment cet été
Et ceux qui suivent aussi ».
C’est le message simple que Rauw Alejandro laisse à la fin d’un des extraits de son dernier album ‘PLAYA SATURNO’. C’est le premier vrai titre, baptisé ‘CUANDO BAJE EL SOL’ et il apparaît après un premier titre qui lui sert d’intro, au parfum de sieste déconcertant. Après cette première chanson endormie, alors qu’il semblait que l’album du Portoricain pouvait tourner vers la bossa nova ou quelque chose comme ça, cela devient une explosion de reggaeton. Et c’est une nouveauté, car pour ceux qui sont les plus ignorants, les disques et bon nombre des plus grands succès de Rauw Alejandro se caractérisent par leur diversité, en particulier son goût pour l’électropop, comme on l’a vu dans l’historique ‘TODO DE TI’. Ici, selon ses propres indications, « 95% c’est perreo » et 5%, autre chose.
Et le reggaeton classique et le reggaeton moderne l’intéressent. Ce dernier peut être perçu dans les morceaux avec le réglage « DILUVIO ». Pour le reggaeton classique, il a fait appel à Jowell et Randy pour apparaître sur « PONTE NASTY », et Ñejo et Dálmata sur « NO ME LA MOLESTE ». À ce moment précis de l’album, il est clair que le reggaeton des années 2000 et du début des années 2010 est dans ce cas la grande référence pour Rauw Alejandro, qui a dédié cette œuvre spécifiquement à son « peuple portoricain ». Malgré le fait que les chiffres ne correspondent pas, Ivy Queen est la grande gagnante parmi les featurings, puisque son couplet dans ‘CELEBRATING’ est du feu pur. «Une promenade sur la piste pour la Reine (Haha) / Cela vient du berceau, très facile pour moi (Tu as entendu ?)».
Un autre collaborateur visible de ‘PLAYA SATURNO’ est le Mexicain Junior H, qui malgré sa main avec les corridos couchés, ne laisse pas d’empreinte particulière sur ‘Picardia’, qui semble simplement et clairement une autre de ces chansons-sur -sexe ou sexting par Rauw Alejandro. Dans celui-ci, le reggaeton a dominé contrairement à ce qui se passe à d’autres moments de l’album, surtout au fur et à mesure de sa progression.
Et c’est dans la seconde moitié de l’album que Rauw Alejandro abandonne le concept du projet pour se plonger en Jamaïque (« NO ME SORPRENDE »), en Espagne (Miguel Bosé est l’invité insolite de l’indéchiffrable « SI TE PEGAS » ) ou encore l’Argentine (le nouveau tube de Bizarrap). Sans surprise et réservé pour la fin, ‘BABY HELLO’ est le concombre de l’album, le résultat de la découverte de ce qu’il faut pour mélanger électroclash et reggaeton, comme cela a déjà été montré dans une partie du projet parent, ‘SATURNO’ . Écouter cette chanson, c’est contempler les foules qui sautent partout en criant qu’elles veulent « bellaquear ». La fête macarilla du moment.
Comme lorsque Bad Bunny a sorti ‘LAS QUE NO IBAN GOING OUT’, il s’agit d’un projet de transition, en gestation lors de la tournée de l’album précédent. Rauw Alejandro a pris ce ‘SATURN’ et y a mis une plage. Ce n’est pas la plus jolie crique, mais au moins on peut se baigner. Dans la première moitié, les chansons qui frappent la jugulaire se démarquent (« CUANDO BAJE EL SOL », « AL CALLAO ») ; dans le second, la variété ressort.