Alors que la 39ème édition du Festival de Hyères s’est clôturée par Dolev Elron remportant le Grand Prix du Jury Première Vision, FashionUnited est parti à la rencontre des alumni, c’est-à-dire des précédents lauréats, et de découvrir ce qu’ils sont devenus. Nous avons discuté avec Laura Sonney, Christophe Lhote, Christoph Rumpf, Emma Bruschi, Normann Mabire Larguier et Igor Dieryck, qui étaient présents.
L’idée du reportage est née d’une exposition inédite, « Les Formeurs par Première Classe », exposition partenaire du Festival de Hyères à la Villa Romaine pendant quatre jours du jeudi 10 octobre au dimanche 13 octobre 2024. Treize anciens participants du festival a présenté son travail.
Laura Sonney, finaliste mode 2022
« Après le festival, c’était très difficile de revenir. Vous avez des rêves plein la tête et si vous ne gagnez pas, c’est dur. Ce n’est pas tant l’investissement financier, mais le fait que vous ayez l’impression que le prix va changer votre vie et lancer votre carrière. C’est un mythe qui n’existe pas. C’est une histoire de rencontres et de bon timing. Vous ne pouvez pas simplement vous arrêter au festival ; il faut croire en ses rêves et se dire qu’ils prennent du temps.
J’ai rencontré Mauro Grimaldi (AZ Factory) lors du festival en octobre 2022. Un mois plus tard, il m’a proposé de créer dix looks pour AZ Factory et il lui a fallu six mois avant de me répondre. De telles offres garantissent de bonnes relations publiques, mais d’un point de vue financier, vous ne pouvez pas gagner suffisamment pour en vivre.
Heureusement, entre-temps, j’avais obtenu un CDI chez Schaeffer, une entreprise d’ennoblissement textile. J’ai obtenu ce poste grâce à la tenue que j’avais créée pour le Prix Chanel, qui avait été modifiée pendant le festival, et j’ai travaillé sur les collections Chanel.
Après ces premières expériences, j’ai intégré l’incubateur IFM (rémunéré) pour bénéficier d’un coaching et lancer ma propre marque. J’ai eu la chance de remporter le Prix de l’Entrepreneur AMI x IFM en mai 2024, d’une valeur de 20 000 euros. L’idée était que les étudiants en commerce m’aident dans le développement de mon entreprise (comment fixer les prix par exemple).
Aujourd’hui, mon objectif est de sortir ma collection sous le nom de Lora Sonney. Je dois trouver des business angels pour financer la production. Je suis venue au festival pour l’exposition « Les Formers de Première Classe », à laquelle je n’étais jamais allée. J’aurais aimé rencontrer des acheteurs à cette occasion pour me familiariser avec le marché. Quelle est la meilleure option quand on a un produit assez luxueux ?
Christophe Lhote, finaliste accessoires 2017
J’ai participé à la première édition des Fashion Accessories Awards. Grâce au festival vous gagnez en crédibilité. Même maintenant, il suffit de dire que vous êtes finaliste pour être là. Pendant le festival, des marques m’ont approché et m’ont proposé de travailler à temps plein, mais ce n’était pas mon objectif.
La même année (2017) j’ai reçu le Grand Prix de la Création de la ville de Paris. Cela m’a permis de créer ma marque tout en créant pour diverses maisons de couture. J’ai toujours reçu du soutien et j’ai pu bénéficier de diverses expositions dans le cadre du Salon Première Classe, grâce auxquelles j’ai trouvé une place dans de belles boutiques : Tomorrowland, Via Bus Stop (Tokyo, Japon), Rue Pigalle (Toronto, Canada), Blu Boutique (Capri, Italie), Oups (Toulouse, France), Duchatel (Biarritz, France) et autres.
Ma dernière nouvelle est que ma marque est désormais gérée par un licencié (fabrication et distribution) appelé Bellon & Fils, qui fabrique des bijoux depuis plus de cent ans. Je suis toujours impliqué, mais c’est un soulagement pour moi. Nous élargissons la distribution au réseau HBJO (Horloger-Bijoutier-Joaillier), alors qu’avant je n’étais référencé que par multimarques.
Christoph Rumpf, vainqueur du « Grand Prix Mode » 2019
Le festival a tout changé pour moi. J’étais étudiant à l’Université des Sciences Appliquées de Vienne et je voulais travailler pour une maison de couture. Cette victoire m’a donné l’opportunité de créer mon propre label après avoir terminé mes études. En 2020, comme tous les finalistes, j’ai présenté ma collection au festival puis j’ai été accepté au showroom Sphère pour six saisons grâce à Serge Carreira.
Ma collection n’était pas vraiment commercialisable car elle était basée sur l’upcycling et donc très difficile à produire. Ce que je faisais à l’époque est très différent de ce que je fais aujourd’hui. Il faut penser aux consommateurs et aux produits. C’est difficile : je travaille seule, je ne viens pas d’un milieu aisé et le marché de la mode ne se porte pas particulièrement bien.
Je suis soutenu par l’Association autrichienne de la mode, mais cela ne représente pas une grande aide financière. J’ai fait quelques collaborations (Petit Bateau, après le festival, et les lunettes Robert La Roche). A Paris je suis représenté par le showroom Untitled.
Emma Bruschi, lauréate du Prix M19 Chanel Métiers d’Art 2020
Mon prix n’était pas une somme d’argent, mais il m’a permis de créer trois pièces pour Lemarié, Paloma et Goossens que je pouvais commercialiser dans un certain budget.
Après le festival, j’ai lancé ma propre entreprise et me suis financé. Je travaille beaucoup avec des métiers anciens que les gens ont très envie d’apprendre. C’est pourquoi j’organise des ateliers, par exemple à la Villa Noailles ou au 19M. Comme je travaille beaucoup les matériaux en paille, je conçois également des décors de scène pour des événements ou de grandes pièces (Charlotte Chesnais, Hermès). C’est pourquoi je ne vis pas seulement de la vente de mes créations.
Normann Mabire Larguier, finaliste mode 2023
Le Festival de Hyères est enrichissant ; cela vous rassemble avec des gens de l’industrie de la mode. En un an, je suis passé de finaliste à designer et entrepreneur. Ma collaboration avec La Redoute était antérieure à ma participation au festival, mais elle est devenue plus significative car sortie un mois plus tard. Les contraintes ne sont pas les mêmes, mais il est certes possible de monter des pièces qui conservent mon ADN et qui ne coûtent pas trop cher (moins d’une centaine d’euros).
J’ai récemment sorti ma première campagne couture avec l’artiste trans Raya Martigny comme muse. Il s’agit d’un positionnement de niche qui est également polyvalent. Je viens de rejoindre Les Ateliers de Paris, un incubateur de jeunes créateurs qui me met à disposition mon premier studio/showroom. Mi-novembre, je participerai à la Fashion Week de Hong Kong avec un showroom. Mon objectif est de m’étendre en Asie, c’est donc l’opportunité de découvrir mon marché.
Igor Dieryck, vainqueur du « Grand Prix Mode » 2023
Le Festival de Hyères est avant tout un grand projet vitrine. Ce qui se passe ensuite dépend des finalistes respectifs. J’ai essayé de répondre le plus rapidement possible. J’ai bénéficié de collaborations avec Chanel et Les Galeries Lafayette (cinq pièces disponibles en boutiques aujourd’hui). J’ai été payé pour ce travail. C’est comme avoir un travail en dehors de son métier (Igor Dieryck est designer junior, prêt-à-porter mode homme chez Hermès, ndlr).
Ma collection a été exposée au salon Première Classe. Au même moment, j’ai contacté Dover Street Market, qui a accepté de vendre les chaussures de ma collection. J’ai également collaboré avec la marque belge Komono pour concevoir des lunettes.
J’avais négocié un contrat avec mon employeur qui me permettait d’aborder ces différents projets. Il expire mi-octobre 2024, je n’ai donc plus le droit de travailler sur ma propre collection. Ensuite, je travaillerai à nouveau à temps plein chez Hermès.
Florence Julienne a été invitée par WSN Développement à participer au Festival de Hyères.
Cet article a été initialement publié sur FashionUnited.fr., a été traduit à l’aide d’un outil linguistique d’IA et édité par Simone Preuss.