Quelle est la loi européenne pro-nature et pourquoi l’Italie s’y oppose


Le processus législatif du règlement de l’UE sur la restauration des écosystèmes avance sans le soutien de l’Italie et de 6 autres pays. Le Conseil Environnement de l’UE réuni à Luxembourg mardi a approuvé à une faible majorité sa position sur la disposition qui est devenue ces derniers mois un catalyseur d’insatisfaction contre certaines recettes du Green Deal européen.

Le travail de la présidence suédoise

Le projet de règlement présenté par la Commission européenne proposait essentiellement de passer de la protection à récupération des milieux naturels à travers des plans nationaux et des objectifs quantitatifs généraux et pour des écosystèmes spécifiques (des mers aux terres agricoles et aux villes). Le texte présenté par la présidence suédoise a considérablement réduit les ambitions de la Commission mais cela n’a pas suffi à surmonter les réticences d’un grand nombre de pays.

Pour l’Italie, le nœud de financement

“Nous avons besoin d’une disposition cruciale” qui soit “durable par toutes les catégories concernées, comme pour les secteurs de l’agriculture et de la pêche”, a souligné le ministre de l’Environnement, Gilberto Pichetto Fratin, soulignant que “le texte tel quel ne fournit pas les garanties d’efficacité et d’applicabilité ». Pour Rome, “la plus forte perplexité” concerne le financement. « Les ressources nécessaires à la mise en œuvre du règlement doivent être clarifiées et disponibles avant son entrée en vigueur », a articulé le ministre, exprimant l’opposition de l’Italie au texte.

La balle revient au Parlement européen

Pour différentes raisons, la Pologne, la Finlande et – une première absolue pour un texte du Green Deal – les Pays-Bas se sont également prononcés contre le compromis. Autre fait plus unique que rare, la Suède n’a pas soutenu le texte rédigé par sa présidence. Enfin, l’Autriche et la Belgique se sont abstenues en raison de problèmes d’attribution de compétence aux différents niveaux d’administration. Désormais, la balle revient au Parlement européen qui, le 27 juin, tentera à nouveau de trouver une majorité pour voter sur sa position de négociation au sein de la commission environnement.

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Les nombres

La première tentative, la semaine dernière, a entraîné le chaos et la paralysie des travaux. Il y a une parfaite égalité numérique entre ceux d’un côté qui voudraient le rejet total de la proposition, comme le PPE, l’ECR, l’ID, et les libéraux allemands et néerlandais. Et qui préférerait l’approuver et passer à autre chose – les Verts, les S&D, la gauche et le reste des libéraux, principalement français. L’idée du chef de file de ce dernier, le président de la commission environnement Pascal Canfin, est de forcer le blocus en pressant les Popolari justement avec le résultat arrivé du Conseil. “Quatre ministres PPE sur sept et six gouvernements sur neuf dont fait partie le PPE ont soutenu le texte”, attaque l’eurodéputé, qui définit aujourd’hui comme “une grande victoire pour le Green Deal et une cuisante défaite” pour le leader du Populaire Manfred. Weber. “Aujourd’hui, le gouvernement italien a bien fait de s’exprimer contre le texte”, a répondu à distance Massimiliano Salini (Fi, Ppe), qui attribue la paralysie de la mesure au vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans et à l'”insensé obstination avec laquelle la Commission européenne présente des propositions basées sur des hypothèses idéologiques».



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